La visionneuse View-Master et les décors 3D

J'avais évoqué l'autre jour le "Viewmaster". Je vais donc en profiter ce soir pour mêler dans un même message ce remarquable jouet et l'une de mes oeuvres littéraires favorites, qui se trouve également être un "livre pour les enfants" (... en apparence tout au moins) : je veux bien évidemment parler de "Alice au pays des merveilles" !

Le "modèle E" fait partie des plus connus (il a existé dans divers coloris) :


C'est grâce à ma soeur aînée que j'ai pu avoir accès à ce jouet (elle en avait reçu un, sans doute à l'occasion d'un noël, qu'elle a d'ailleurs toujours). Je me souviens ainsi de films ou séries qui avaient fait l'objet d'une publication sous ce format (ou même de personnages célèbres, comme la poupée Barbie).

... Mais revenons-en à l'oeuvre qui nous intéresse ici : "Alice au pays des merveilles" !

Il existe à ma connaissance deux versions de la pochette : une "pleine page", et une qui semble spécifique à l'Angleterre, avec fond de couleur "framboise", et une photo plus petite.




Il s'agit ici de la référence "FT20" du catalogue de la marque "GAF" (la principale productrice de pochettes pour cet appareil), datant - je crois - des années 50.

On retrouve par ailleurs deux autres références de pochettes : "B360" pour "Alice au pays des merveilles", et "B361" pour "Ce qu'elle trouva par-delà le miroir". Mais il semble que les dioramas présentés ne soient pas les mêmes que sur la "FT20", que je trouve pour ma part beaucoup plus "fidèle" à la représentation qu'on se fait en général des personnages.





Et voici enfin la version "Disney" (réf. "3057"), dont le blister ci-dessous doit probablement dater des années 80 :


Et, pour terminer, je vous propose une série de vues extraites de la pochette "FT20", ce qui vous permettra d'apprécier la minutie de la reconstitution des scènes (... mais sans l'effet "3D", bien entendu) :








Un dernier petit mot pour conclure : sachez que l'on parvient encore occasionnellement à trouver (par exemple sur Ebay) certains modèles de visionneuse ou certaines des pochettes ci-dessus - dans des états et à des prix assez variés. Il convient de se montrer très prudent en ce qui concerne l'état des disques, car la pellicule utilisée pour ces diapositives vieillit évidemment, et s'endommage s'ils n'ont pas été conservés avec beaucoup de soin.

Que de souvenirs au vue de ces photos!!!!
J'adorai ce jouet.

J'ai eu la chance de le récupérer chez mes parents il y a quelques mois, je vais regarder ce que j'ai comme pochette.

Je suis sure d'avoir Le livre de la jungle et Disneyworld, mais je ne me souviens plus des autres.

Superbe! merci

Merci Snarkhunter !

Très chouette. Ci-dessous, une séance photo par le maquettiste Joe Liptak :


Une autre maquette étonnante, “The Little Mermaid” par Florence Thomas :

... Ouaahh ! Ces deux dernières photos sont vraiment ce que j'appelle du "document" : merci beaucoup, Pat ! On en voit rarement de semblables, et elles permettent de bien se rendre compte de l'échelle de ces figurines et décors, ainsi que du travail monumental que nécessite la fabrication de ces vues.

C'est grâce au DVD que j'ai aussi eu l'occasion de découvrir, il y a quelques années, les coulisses de l'animation image par image, à travers les bonus présents sur les DVD de films comme - par exemple - ceux de Nick Park (studios "Aardman" : "Wallace & Gromit", "Chicken Run"), Adam Elliot (le fabuleux et bouleversant "Mary & Max") ou Chris Lavis et Maciek Szczerbowski ("Madame Tutli-Putli", à aller voir absolument sur YouTube).

On mesure également l'ampleur de réalisations telles que celles, à l'époque, du génial Ray Harryhausen ou, à partir des années 60, de Gerry & Sylvia Anderson ("Stingray", "Thunderbirds", "Captain Scarlet and the Mysterons").

C'est un travail exceptionnel, à la fois dans la création des décors, personnages et accessoires, mais aussi en ce qui concerne l'animation et la scénarisation.

Si cela vous intéresse, je pourrai éventuellement essayer de mettre en ligne et poster d'autres photos de pochettes pour "Viewmaster". J'aime particulièrement celles qui présentent des figurines et dioramas tels que ceux présents sur les photos ci-dessus.

Bonjour,



J'ai encore....mais je ne sais pas si on doit vraiment l'appeler "jouet"! Je m'explique: j'en ai 2 comme ceux présentés ,avec des vues en longueur, mais j'en ai aussi un, rapporté par mon grand père de la guerre de 14, avec pour sujet la guerre de 14 sur des plaques de verre : même procédé utilisé donc c'est en 3D!!!!! Ils étaient très en avance sur leur temps ou plutôt nous ne faisons que reprendre une technique vieille d'au moins 100 ans.

Citation :

Si cela vous intéresse, je pourrai éventuellement essayer de mettre en ligne et poster d'autres photos de pochettes pour "Viewmaster".

Ca m'intéresse ! En matière de stop motion aux décors sublimes, il y a aussi Coraline de Henry Selick (et son making of)


http://fr.wikipedia.org/wiki/Coraline

... J'ai moi aussi été "fan" du travail d'Henry Selick dès "The Nightmare Before Christmas", bien entendu ! J'ai d'ailleurs revu "Coraline" très récemment. J'aime aussi beaucoup l'ambiance de "James and The Giant Peach" (... encore une adaptation cinématographique de Roald Dahl !).

Par contre, j'ai beaucoup moins "accroché" aux "Noces funêbres", et je ne sais trop pourquoi.

C'est vrai que le documentaire du DVD sur "Coraline" est une bonne raison de s'émerveiller de l'inventivité de ces artistes La quantité de pièces utilisées pour donner vie aux personnages (notamment ces innombrables masques partiels pour animer les visages) est stupéfiante.

Le travail est très différent sur les films de Nick Park ou sur "Mary & Max", où la matière de base est la pâte à modeler, ce qui suppose une modification permanente des figurines elles-mêmes (plutôt que le simple déplacement de pièces mobiles) pour créer l'illusion du mouvement d'image en image.

On pourrait en dire bien davantage sur ce qui entre dans la catégorie des "jouets optiques", dont l'histoire remonte à plusieurs siècles : kaléidoscope, phénakitiscope, thaumatrope, zootrope, etc. Ainsi que les diverses formes d'anamorphoses et autres lanternes magiques ! Ce, jusqu'aux stéréogrammes, plus récents - et rendus possibles par le calcul numérique.

... Par ailleurs, je suis navré d'avoir quelque peu "piraté" la thématique initiale de ce fil ! Mais ce sujet semble "parler" assez aux membres du forum, alors je n'ai pas trop mauvaise conscience non plus !

Citation :

Par ailleurs, je suis navré d'avoir quelque peu "piraté" la thématique initiale de ce fil!

J'ai scindé le sujet, comme ça tu peux y aller à fond ici sur View-master et les décors 3D

Je me rappelle nettement des images de la pochette FT20 d'Alice in Wonderland.
Merci beaucoup Snarkhunter !

Voilà la pochette de Blanche-neige que j'avais :

Ah... zut ! Je viens de perdre le long message consacré aux anaglyphes et au cinéma en relief que j'avais rédigé, avec des liens vers des photos et un site spécialisé, etc...

... Tout est donc à refaire. Mais je n'en ai plus le temps pour le moment.



Elle est superbe, cette pochette pour "Blanche-Neige" ! Je ne l'ai pas retrouvée en vente, mais j'ai pu en acquérir une version "sous blister", plus récente : j'ai donc au moins les disques et les vues correspondant à la version "Disney" de ce célèbre conte...

... Je vais déjà vous proposer ce lien (cliquer) vers un très intéressant site (mais en anglais seulement) consacré à l'image 3-D en général, et en particulier à ce qu'on nomme "anaglyphes".

Vous savez déjà ce dont il s'agit, puisque c'est en effet le procédé le plus courant pour recréer des images tridimensionnelles, c'est-à-dire ce qu'on appelle aussi la vision stéréoscopique.

Sans entrer dans les détails techniques (... ce dont je serais d'ailleurs bien incapable !), notre perception du relief découle de notre anatomie, et en particulier d'un écartement approprié (distance moyenne) entre nos deux yeux. Il suffirait ainsi de quelques petits cm en plus ou en moins pour modifier assez considérablement la façon dont nous percevons le monde qui nous entoure...

Le principe sous-jacent à notre perception tridimensionnelle, c'est le fait que cette petite distance entre nos deux yeux a pour effet que chacun d'entre eux reçoit des objets que nous regardons une image légèrement différente, puisque vue d'un angle distinct. C'est lorsque notre cerveau fait la synthèse de ces deux images qu'il en reconstitue la synthèse tridimensionnelle, c'est-à-dire notre vision en relief.

... Et c'est ce même principe qui est appliqué aux images du Viewmaster ou aux films en relief projetés au cinéma : on dispose de deux vues presque identiques d'un objet, d'une scène, chacune prise d'un angle variant très légèrement, et qui correspond à la distance moyenne séparant nos deux yeux. Il suffit ensuite de dissimuler à chaque oeil l'image qui est destinée à l'autre, et notre cerveau reconstituera alors de lui-même une représentation tridimensionnelle.

Pour obtenir ce résultat, on utilise des filtres monochromes (un rouge pour l'oeil gauche, et un vert ou un bleu pour le droit). Deux versions de l'image sont aussi présentées, chacune dans l'une des deux couleurs, qui est donc invisible au second filtre. Ainsi, chaque oeil ne perçoit qu'une seule image unidimensionnelle distincte, et le cerveau reconstitue une image tridimensionnelle en synthétisant les deux séries d'informations reçues. Magique !

Les lunettes, le plus souvent en carton, ressemblent assez souvent au modèle ci-dessous :



Le "filtre vert" est assez souvent bleu. Je ne saurais expliquer pourquoi, mais il doit exister une bonne raison, d'un point de vue optique.

... Et voici une image utilisant ce procédé :



... Les plus âgés d'entre vous se souviendront peut-être d'une expérience qui avait été tentée à la télévision, en 1982 (... il y a donc trente ans !) : c'était sur la chaîne "FR3", dans le cadre de l'émission "La dernière séance" (présentée par Eddy Mitchell).

Un film fantastique classique, "L'étrange créature du lac noir" (1954, Jack Arnold) avait été diffusé dans une copie utilisant ce procédé. Bien évidemment, seuls les téléviseurs en couleur pouvaient en bénéficier. Et, pour voir le film, il était nécessaire de posséder les lunettes appropriées. Un petit fascicule avait été mis en vente chez les marchands de journaux à cette occasion. Sous la forme d'une "double-page" comportant à l'intérieur une illustration anaglyphique inspirée du film, il contenait une paire de lunettes en carton avec des filtres en celluloïd. J'en avais acheté deux exemplaires, qui se trouvent toujours chez moi en principe !

De même, dans les années 50, plusieurs numéros d'un "comics" consacré à Super Souris ("Mighty Mouse" en VO) avaient été publiés aux USA. Chaque numéro comportait les lunettes en carton, ainsi que des planches à fond sépia, et avec des illustrations "rouge/vert" en surimpression pour donner l'effet de relief souhaité.

Avec les disques du "Viewmaster", c'est exactement le même procédé qui est utilisé : si on en observe un attentivement, on se rend compte que les 14 images qui le composent sont réparties en sept "paires" d'images presque identiques, et diamétralement opposées sur le disque. Le mécanisme de la visionneuse permet de masquer à chaque oeil la demi-image qui est destinée à l'autre : on reconstitue donc ici de façon "mécanique" le principe utilisé avec les filtres des lunettes en carton.

Le film évoqué ci-dessus n'a pas été la seule mise en oeuvre de ce procédé. Par exemple, je me rappelle en avoir vu un en salles, au tout début des années 80. C'était un petit film fantastique-horrifique, intitulé (je crois) "Parasite".

Ces dernières années, le DVD lui-même (puis le Blu-Ray désormais) a repris le procédé : c'est ainsi que j'ai chez moi des éditions "3-D" de films tels que "Le Pôle Express" ou "Spy Kids 3-D", chacun fourni avec quelques paires de lunettes en carton dans le boîtier.



(à suivre...)

Citation :

Le "filtre vert" est assez souvent bleu.

En fait, il s'agit souvent de bleu-vert, c'est à dire la couleur cyan qui est complémentaire du rouge en synthèse additive (*) des couleurs. En additif, une lumière rouge plus une lumière cyan donne du blanc dans l'oeil, ce qui est sans doute le résultat recherché pour un meilleur rendu des anaglyphes en couleur.

(*) à ne pas confondre avec la synthèse soustractive des peintres, pour lesquels un rouge superposé à un cyan donne un noir