Le lagon aux perles
Thalie de MOLENES
Publié en 1959 chez Hachette
Collection Idéale-Bibliothèque
N° jaquette : 168
Illustrations : Paul DURAND
Avis de lecteur
Par Oldpuck
L’archipel de Tahiti, l’île de Manuïa dans les Tuamotu, l’eau turquoise,les cocotiers et les pêcheurs de perle. Un décor idyllique dans lequel François vient passer ses vacances avec son amie Tiaré
Mais de sinistres trafiquants vont venir troubler l’ambiance. Les deux enfants vont vivre une aventure dangereuse et ils ont beaucoup de chance de s’en sortir indemnes.
Le récit commence avec la mort dramatique d’un jeune pêcheur. On ne comprend pas très bien pourquoi l’auteur le fait périr car il n’en sera plus jamais question de lui ensuite. Et le récit se finit avec trois autres morts.
Les polynésiens sont de grands enfants, gais, nonchalants qui jouent de la guitare, mais qui peuvent vite devenir résignés, abattus victimes de leurs superstitions. Crédules, ils se laissent berner et dépouiller par les trafiquants avec quelques bouteilles de mauvais alcool.
Heureusement François est là. François a 14 ans,il est blond aux yeux bleus ,Il se conduit comme un petit chef (d’ailleurs son père est chef – administrateur de Bora Bora)
Il prend les choses en main, dirige son monde, tranche, décide, houspille, fait justice et devient en quelques sorte le sauveur de l’îlot..
Il traverse quand même un grand moment de solitude et de découragement ce qui aide à le rendre sympathique
L’environnement polynésien, les coutumes, le mode de vie sont très bien rendus.
Il y a de l’action, C’est bien construit et assez haletant.
Malheureusement on ne peut pas faire abstraction de l’idéologie sous jacente.
Cette histoire a été écrite il y a 50 ans Mais même en essayant de la remettre dans le contexte de l’époque, la représentation qui est véhiculé ne passe pas .La supériorité du providentiel jeune blanc (bec), les autochtones « simples » et manipulables, tout cela a des relents colonialistes vraiment trop marqués. Peut-on s’en apercevoir quand on lit ce livre à 10 ans?
L’illustrateur Paul Durand est vraiment un artiste très complet qui peint aussi bien le lagon, dans lequel on plongerait tout de suite que la beauté des tahitiennes. Il est vraiment excellent dans les scènes d’action pour croquer la gestuelle, l’expression des visages.
Et j’aime la façon dont il a bien tiré son épingle du jeu particulièrement page 177 :
La scène qu’il doit représenter décrit François qui, dans un accès de colère, s’emporte et se pose en juge face aux pêcheurs de l’île, leur parlant de façon dure et autoritaire, leur faisant la morale comme un maitre à ses élèves.
Mais Paul Durand a dessiné, face à François, le bras levé dans une attitude belliqueuse, non pas des hommes mais des enfants de son âge. Ce qui pourrait ressembler à une erreur d’interprétation a été à mon avis SA façon à lui de contourner le problème.