une maisonnette. Elle est peinte de couleurs tellement tendres qu’on aurait
envie d’en croquer des parties.
chapeau, semble en pleine conversation. Avec personne.
— Ah non, mais c’est abominable !…. épouvantable !…
très bien le personnage hors du commun qu’elle est : Pimprenelle. Ce qui
yeux. Ils sont cuivrés ! Sous un chapeau à large rebord et orné d’un
volontaire. On dirait qu’elle n’a pas d’âge. Est-elle jeune, vieille ?
Impossible de deviner. Dans sa longue robe qu’on croirait sortie tout droit
d’une autre époque, son corps est secoué de nervosité. Elle plie, déplie et
relit une lettre écrite par Ribilus Calculus.
.....
***
Et maintenant un extrait (tiré du même manuscrit) impliquant un autre de mes personnages :Monsieur Belhumeur
s’impatiente
Après avoir roulé pendant au moins deux
heures, ils arrivent finalement à destination.
Dans ce paysage magnifique de couleurs et de verdure, ils font tous leur
entrée. Et pour monsieur Belhumeur, c’est même plus spectaculaire que les autres.
De toute évidence, il ne possède aucun goût vestimentaire. La preuve : il porte
une chemise jaune moutarde, une cravate rose anémone et des pantalons vert
mousse. À croire qu’il tente de faire fuir tous les animaux de la forêt.
Pimprenelle explique que son passage secret se trouve au sommet
d’une montagne à 69° 44' -1" ouest de longitude et 47° 36' -1" nord
de latitude. Le problème, selon les calculs de Sherloque, c’est que dans la
région immédiate correspondant à ces coordonnées, s’élèvent trois montagnes
rapprochées. Le petit groupe devra donc les escalader l’une après l’autre.
Rendus au sommet de la première, Sherloque déclare :
— Fausse piste numéro un, dit-il en traçant un X sur sa carte
topographique. Il nous reste seulement deux montagnes à explorer. C’est pas si
mal.
— Ah ! vous trouvez ça pas si mal, vous ? Moi, je trouve
ça agaçant, contrariant, assommant et surtout casse-pieds, réplique monsieur Belhumeur.
Depuis déjà plusieurs minutes, ils assistent à l’implacable érosion
de sa bonne humeur. Ils s’en rendent compte au moment où ils arrivent au sommet
de la deuxième montagne. Encore plus lors de la descente. Rendus
à la troisième, l’humeur de monsieur Belhumeur est tout simplement
massacrante...
— C’est pas une forêt québécoise, ça, c’est une jungle tropicale, bougonne-t-il.
Diable de fougères ! Est-ce que quelqu’un peut me dire à quoi ça sert des
fougères ?
— Au printemps, les jeunes pousses sont excellentes, répond Pimprenelle.
Ça goûte le maïs. Et ça s’appelle des têtes de violon.
Têtes de violon ou fougères, pour monsieur Belhumeur ça signifie un
embêtement monumental qui l’empêche d’avancer. Il faut dire que le téléviseur,
un objet plutôt encombrant, ne lui facilite aucunement la tâche.
— Alors, au printemps prochain, vous saurez à quel endroit vous
pourrez vous en procurer à profusion, de vos têtes de violon, dit-il en
maugréant.
— Il faut s’efforcer de voir le bon côté des choses, dit
Pimprenelle, même si elles ne semblent pas toujours apparentes de prime abord.
Monsieur Belhumeur se contente de grommeler quelque chose de tout à
fait inaudible et poursuit son chemin.
Il est vrai que le sentier qu’ils ont emprunté pour escalader la
troisième et dernière montagne est totalement envahi par une multitude de
fougères. Elles sont tellement denses et hautes que tout ce qu’on voit de la
personne de Pimprenelle est sa tête qui semble avancer toute seule au-dessus
d’un tas de feuillage. Sherloque et Fainéant s’en tirent à bon compte, l’un étant
très grand et l’autre faisant le voyage dans le sac à dos du policier. Quant à
Jahan, il talonne monsieur Belhumeur pas à pas ; vu que ce dernier a déjà
tout piétiné ce qui peut entraver ses pas.
Plus ils avancent, plus les fougères semblent s’intensifier. Ils sont
concentrés à se frayer un chemin lorsque la voix de monsieur Belhumeur les fait
sursauter.
— HALTE ! J’en ai assez de faire le cornichon et j’en ai plein
le nez des fougères ! Sherloque, je veux que vous révisiez vos calculs sur
la longitude et la latitude de l’endroit. Et vous, Pimprenelle, êtes-vous
certaine qu’il est au sommet d’une montagne votre passage secret ?
— Positivement certaine ! répond Pimprenelle.
— Et je ne me suis pas trompé dans mes calculs, renchérit Sherloque.
C’est seulement qu’avec la même longitude et la même latitude, nous avons trois
montagnes très près l’une de l’autre. Il fallait bien suivre toutes les pistes.
Sachez que, lors d’une enquête, un policier se fait toujours un devoir
d’éliminer les non coupables en premier pour ne garder que les suspects ! dit-il
avec un doigt pointé droit dans les airs.
Le visage de monsieur Belhumeur se rembrunit soudain. Il se met à
souffler, haleter, s’étouffer pour finalement s’époumoner :
— Vous voulez dire que, sous
vos ordres de policier à la noix, nous avons escaladé deux montagnes pour
absolument rien ! ! !
Grrrr...
— Je vous demande bien pardon, mais nous nous sommes assurés que les
deux premières montagnes n’étaient vraiment pas les bonnes !
— GRRRR...
Monsieur Belhumeur prend soudainement les devants. Les fougères, si
hautes soient-elles, n’ont qu’à se tasser...
En l’espace de quelques minutes, il est déjà loin. Jahan le suit.
— Attendez-moi, monsieur B !
Puis, ils perçoivent quelques mots provenant de Roger Belhumeur :
fougère... policier... noix... montagne… cervelle de sauterelle... Et ils entendent
aussi la petite voix essoufflée de Jahan : attention… pas si vite…
Monsieur B, la branche !...
Finalement, l’épicier et le jeune Merlinois disparaissent
complètement de vu
Le journal de Sherloque
Cher complice,
Nous sommes aujourd’hui le 21 juin. Il est présentement 13 h 23 et je n’ai pas beaucoup de temps pour écrire aujourd’hui. Nous sommes en pause, en pleine forêt. Mais s’il y a une chose que je regrette, c’est bien celle d’avoir oublié d’apporter un insecticide- genre Off Régions sauvages – ça aurait été drôlement utile.
Tout à l’heure, j’ai senti une odeur très particulière lorsque nous avons escaladé la troisième montagne. Au début, j’ai cru que ça provenait des dessous de bras de monsieur Belhumeur (à cause de son état extrême d’énervement), mais j’ai vite réalisé que c’était tout autre chose. Heureusement que Pimprenelle nous a dit de ne pas bouger… Même monsieur Belhumeur l’a écouté à l'instant où nous avons vu cette belle petite bête à fourrure noire avec deux bandes blanches qui partent
du bout du museau et qui se rendent jusqu’au bout de la queue…
Ah oui ! J’oubliais, devine ce que j’ai exploré aujourd’hui, cher complice :
trois montagnes