Bon, alors voilà une traduction quelque peu résumée de l'émission (mais sans les extraits qui ont été lus pendant l'émission). Anthony Buckeridge y raconte les souvenirs de son enfance. Cette émission a été diffusée pour la première fois en 1997. Ne vous laissez pas décourager par les brusques changements de thèmes...E.G. Buckeridge, le père d'Anthony, était un poète qui travaillait dans une banque londonienne. Il a été tué pendant la première guerre mondiale, lorsqu'Anthony n'avait que 4 ans. Anthony se rappelle que la carte postale officielle qu'ils ont recue du Département de la Guerre (War Office Department) disait simplement: "missing believed killed" (= manquant, sans doute tué) et Anthony nous dit qu'en fait, cela signifiait "demolished without trace" (càd "détruit sans traces") dans la nuit du 3 mai 1917. Pour son père, la guerre n'avait duré qu'une heure et demie, près des tranchées allemandes...
On a expliqué à Anthony que son père ne reviendrait plus, mais à 4 ans, il est difficile de toujours tout comprendre... Et c'est seulement lorsqu'il avait 6 ans qu'il a pour la première fois demandé à voir son père. Il a alors été surpris et choqué de voir sa mère pleurer. A chaque fois qu'il demandait à voir son père, le même scenario se produisait... et Anthony enfant ne comprenait pas cette réaction. Il s'accusa plus tard d'avoir eu ce comportement enfantin...
Son père avait été stationné en plusieurs endroits différents, et lors de ses permissions, sortait avec lui, l'emmenait dans un café ou simplement se promener... mais Anthony n'en a pas gardé beaucoup de souvenirs.
En 1916, les lettres arrivaient de France. Elle étaient spécialement écrites pour Anthony, avec des dessins de son père (portant un masque à gaz par exemple, ou devant sa tente) et des commentaires. Toutes les lettres envoyées à Anthony étaient illustrées. Un commentaire anodin comparant EG Buckeridge et ses compagnons d'armes aux soldats de plomb avec lesquels jouait Anthony perturba un peu l'enfant: il ne lui serait jamais venu à l'idée de grouper ses soldats de plomb pour tuer...
C'est seulement en 1965, après la mort de sa mère, qu'Anthony prit connaissance et entra en possession des lettres et poèmes de son père. Des recherches, organisées par le fils aîné d'Anthony, furent faites pour savoir où EG Buckeridge était vraiment mort, dans quel petit village francais.
Les poèmes de son père étaient tristes, lugubres. Anthony se dépeint aussi comme ayant été lugubre quand il a fait la connaissance de sa femme... bien qu'il écrivât avec beaucoup d'humour!
Il n'y avait rien d'inhabituel pour lui et les autres orphelins à ce que son père ait été tué, et qu'il grandît sans père... la colère de n'avoir pas connu son père vint beaucoup plus tard, grandissant en même temps que lui. Il n'est jamais vraiment arrivé à accepter la mort et l'absence de son père. Même s'il est conscient que c'est une horrible perte de temps...
Après avoir trouvé les lettres de son père, il avait décidé, enfin, de faire une sorte de pélerinage sur le lieu de mort de son père
(mais je n'ai pas très bien compris s'il avait effectivement fait...). Les poèmes de son père n'ont jamais été publiés, mais il s'en dégage une sorte de savoir prophétique que les choses seraient plus difficiles qu'ils le pensaient, même s'il espérait que tout s'arrangerait... EG Buckeridge est un poète "avant-guerre", au contraire de Sassoon... Sa dernière oeuvre a été publiée vers 1912.
Comme de nombreux orphelins, Anthony a recu des aides d'un groupe de charité et a été envoyé dans différentes écoles. Les frais d'école étaient payés, les maîtres d'école étaient des officiers à la retraite qui n'avaient aucune notion de pédagogie ou de qualifications pour enseigner...!
A 16 ans, Anthony a trouvé en un de ses maîtres un substitut de père auquel il était très attaché.
Il a fini par apprécier ses dernières années à l'école, où il était "préfet" de classe (avec tous les privilèges associés) et c'est là qu'il a décidé de devenir maître d'école. Mais il n'est pas entré tout de suite à la fac, il a d'abord été employé dans la banque où travaillait son père - il était percu comme naturel que la banque offre aux fils de leurs employés morts au combat un poste dans leurs bureaux:
C'était la moindre des choses qu'ils pouvaient faire., dit-il. ... Mais Anthony dit qu'il n'était pas fait pour être banquier, et qu'il n'est resté dans la banque que pendant quelques années. Et après être passé par l'école des maîtres, il a pu enseigner. Et c'est en observant et écoutant les jeunes garcons autour de lui que lui sont venues les idées pour "Bennett": il a commencé à écrire des saynètes, car il pensait qu'il y avait assez de matériel pour écrire, le tout sur un ton humouristique.
"Les choses que les garcons disaient, les choses que les garcons faisaient, j'ai commencé à écrire des histoires sur les garcons, mais toujours dans un style de comédie.... Si j'avais été un conférencier [one-man show] au lieu d'être un maître d'école, j'aurais probablement écrire des histoires drôles sur des funérailles...!"Il a commencé à écrire
Jennings at school en 1948 pour une émission de radio... le producteur David Davis lui a dit qu'il devrait en faire une série de six. Alors, une série de six courtes saynètes a été produite, puis une deuxième... C'est en écrivant pour cette émission radio qu'Anthony Buckeridge a réellement percu toutes les possibilités qu'il y avait et surtout l'avenir qu'aurait un livre sur le sujet. C'est ainsi qu'il a publié son premier Bennett
Jennings goes to school en 1950, le dernier ayant été publié en 1994. Il a vendu les droits de traduction dans de nombreux pays, et est aujourd'hui encore [càd lorsque l'émission a été enregistrée] perplexe quant au succès de Bennett hors du Royaume-Uni:
Mais que peuvent bien trouver des Norvégiens, des Finlandais, des Chinois ou des Indonésiens à des petits écoliers britanniques de onze ans jouant au criquet?"Les oeuvres de son père avait une qualité que les siennes n'ont pas, déclare A. Buckeridge. Tous deux étaient fascinés par les mots, et aimaient jouer avec les mots.
Anthony s'arrêta d'enseigner lorsqu'il comprit le potentiel de ses
Jennings, lorsqu'il comprit qu'il pouvait vivre de ses cachets d'auteur. Il déclare que ses livres pour enfants sont écrits à deux niveaux:
"Les enfants apprécient les livres, mais on peut aussi les lire en tant qu'adulte, à un niveau différent. C'est sans doute pour cela que ces livres sont restés très populaires. Mais ils ne sont pas aussi approfondis que le seraient des romans sérieux."Les seules informations à propos de son père, et de la mort de celui-ci, ne lui sont connues que par les lettres de ce dernier (malgré le fait que les soldats n'aient pas eu le droit de toujours tout écrire) et de la correspondance entre sa mère et les différentes administrations du gouvernement pour essayer de savoir ce qu'il lui était arrivé exactement... Le 6 sept. 1917, un compagnon d'armes de son père [G.A. Hodgson, si j'ai bien compris le nom] écrit qu'ils étaient "en train d'attaquer les tranchées allemandes lorsqu'une bombe a éclaté entre lui et Buckeridge père. Ce dernier a été blessé [...] et ce jour-là de nombreux soldats ont simplement... disparu."
La dernière lettre de EG Buckeridge date du 2 mai 1917. Une lettre censurée que Buckeridge a lue [désolée si je ne mets pas le contenu ici...].
J'espère que ce n'était pas trop fouilli. L'enregistrement est bon. A. Buckeridge a une voix très agréable, et il parle distinctement, on sent qu'il a eu à faire à des enfants... J'ai lu sur Wikipédia qu'il est décédé en juin 2004 des suites d'une maladie, et qu'il a écrit une autobiographie While I remember... J'ai également lu que le personnage de Carter est basé sur lui-même