Quel avenir pour les séries de notre enfance...?

THIERRY a écrit:
Quel avenir pour la série? Attention, je ne dis pas pour les personnages, mais pour la série avec les personnages tels que les a créés Enid Blyton, c'est à dire pré-adolescents.
Hachette continuera-t-il à les publier, à les promouvoir ? D'autres récits seront-ils confiés à un nouvel auteur chargé de créer des aventures d'après les personnages d'Enid Blyton? Résisteront-ils à la concurrence des nouceaux héros de la Bibliothèque rose ? Au salon du livre, le Cd5 n'était pas en vedette magré l'anniversaire de la Bibliothèque rose. Cesseront-ils d'être publiés? Attention, Michel (celui de Georges Bayard) n'est plus édité chez Hachette et aucun projet de réédition n'existe actuellement. J'ai posé la question sur le stand. Nos amis les cinq risquent-ils ce banissement à plus ou moins long terme ? Trouveront-ils alors un petit éditeur pour reprendre le flambeau?


Ah cela est une *très* bonne question en effet! Je pense plus particulièrement à la concurrence de séries plus... "modernes", comme Harry Potter etc.
Mais je crois également que les jeunes d'aujourd'hui -ou plutôt leurs intérêts- ont changé. Ce ne sont plus les mêmes que ceux des enfants des années 1960-1970... Ainsi, avec l'arrivée du téléphone, de la télé, des ordinateurs dans les foyers et la vie courante, je crains que beaucoup d'enfants et d'adolescents ne comprennent plus les personnages des livres, ne se sentent plus assez proches d'eux...

Ce n'est que mon opinion, mais j'essaie toujours de "faire de la pub" pour les livres d'enfants que j'ai aimés auprès des enfants de mon entourage, afin justement que ces séries ne disparaissent pas complètement...

A mon avis, malgré notre bonne volonté, (sauf quelques rares exceptions) je ne pense pas que nos héros, "tels qu'ils étaient", interesseraient les jeunes d'aujourd'hui...
Et s'il s'agit de reprendre le Club des cinq, adapté à notre époque, cela me paraît sans intérêt...
Autant inventer des histoires neuves, inedites, avec d'autres personnages!

Les club des cinq ont été écrits entre 1942 et 1963... Ne les massacront pas...

Il faut les faire lire aux enfants les plus réceptifs...
Et maintenir leur célébrité par des sites, des forums, des expos, éventuellment...

je ne pense pas qu'un éditeur les relancerait "tels qu'ils étaient"...
Et les moderniser serai un crime de lèse Blyton !

Tout à fait!!! Je crois que nous sommes sur la même longueur d'onde...

Anne a écrit:

Tout à fait!!! Je crois que nous sommes sur la même longueur d'onde...

Anne, Serge,
Je ne vois pas non plus les cinq modernisés. D’ailleurs, l’histoire des Cinq à la télévision m’avait énormément déçu. Je ne renie pas pour autant ce que j’ai écrit sur les thèmes précédents. Mais les envisager vieillir comme nous et modifier leur enfance en la modernisant, ce n’est pas la même chose.
Leur enfance appartient à une autre époque, celle des grandes étendues de landes chères à Enid Blyton où il était possible de faire du camping sauvage, des pensionnats où les élèves restaient tout un trimestre (ce qui était sûrement moins gai), des petites routes de campagne où les voitures étaient rares, des maisons qui sentaient la bonne cuisine de Maria à l’approche du dîner…
Que ferait le père de Claude aujourd’hui ? Les savants ne travaillent plus chez eux. Ils sont devenus des chercheurs ou des ingénieurs retranchés dans des laboratoires équipés et hyper-sécurisés. La villa des Mouettes perdrait toute son atmosphère si Monsieur Dorsel n’y rentrait que le week-end.
Dans le monde contemporain, Claude serait assaillie quotidiennement par les promoteurs et les patrons de chaînes hôtelières de luxe désireux de transformer son île en paradis pour touristes. Une horreur !
Où trouver aujourd’hui des grottes pour camper dans une ambiance intime et conviviale ? Trop dangereuses diraient les maires des cités balnéaires en ce début de XXIème siècle.
Que deviendra la série ? J’ai aussi le sentiment que les enfants d’aujourd’hui préfèrent d’autres héros. Harry Potter, Alex Rider, sont des gamins très sympathiques, de redoutables rivaux dont l’ascension est favorisée par un marketing agressif, des films et des produits dérivés. Produits dérivés, une expression que ne connaissait sans doute pas Enid Blyton.
D’autres héros à contre-emploi (tout le contraire de François) apparaissent et séduisent les jeunes. Comme Titeuf, que je ne considère pour ma part pas avec la même sympathie qu’Harry et Alex. A dire vrai, j’ai toujours assimilé le blondinet de Zep - qui sévit aussi dans la Bibliothèque rose - au « prototype du sale gosse », vulgaire, inintéressant, mal élevé, égoïste, cancre…
Au fond, je crois qu’un phénomène vieillit terriblement le Club des cinq. Il ne passe pas à la télévision, contrairement à Titeuf, l’Étalon noir, l’Instit (en BV pour les deux derniers cités et non en BR il est vrai).
Les enfants d’aujourd’hui nous considèrent comme ringards lorsqu’on parle du Cd5. Je les vois bien haussant les épaules avec une moue d’amusement – pour ne pas dire de franc mépris - avant d’aller allumer leur ordinateur et de se lancer dans un jeu en réseau où ils massacreront fictivement des millions d’ennemis plus violents les uns que les autres.
Jean d’Ormesson déclara un jour sur Arte qu’un livre qui ne passait pas à la télévision n’existait pas. Triste constat pour nos amis du Cd5 !
« Même la nostalgie n’est plus ce qu’elle était », écrivit Simone Signoret pour donner un titre à un livre de souvenirs…
Thierry

THIERRY a écrit:

Jean d’Ormesson déclara un jour sur Arte qu’un livre qui ne passait pas à la télévision n’existait pas. Triste constat pour nos amis du Cd5 !

Et pour *plein* d'autres livres...

Je pense qu'il ne faut pas vivre non plus dans la nostalgie ni vouloir l'imposer à nos contemporains.
J'ai aimé le C5, si mes futurs enfants l'aiment aussi tant mieux, mais je ne pourrais pas leur reprocher d'aimer aussi Titeuf même si ça ne correspond pas à ma sensibilité.
Personnellement, je suis fan de Harry Potter, et j'aime bien Artemis Fowl et les Orphelins Baudelaire, un peu Peggy Sue etc...


Prosaïquement, si Blyton n'avait pas été un écrivain phare de la bib rose, le C5 n'aurait pas été republié, c'est clair.
Il faut faire de la place aux nouveaux auteurs (mais c'est souvent de la novellisation de série télé), on ne peut pas garder autant de monde au catalogue.

Quel avenir?
Soit le C5 se fige et rejoint les classiques de la comtesse, soit il évolue et devient mort-né. Je n'ai pas lu de C5 dans la nouvelle collection, mais les Exploits de Fantômette ont été remaniés (photocopieuse au lieu de papier carbone) et c'est une grosse erreur! Toutes ces histoires sont datées, et c'est là tout leur charme.

J'ai eu fait des pétitions pour la réédition du petit Vampire mais sans succès, et je ne comprends pas l'attitude de l'éditeur qui pense qu'une série doit avoir un nombre de titres limités comme pour Fantômette.

Alors quel avenir? Je ne sais pas.

Thierry : pour ma part, dans ma petite tête, j'avais déjà décidé que Claude avait chassé promoteurs et financiers à coup de carabine depuis Les Mouettes. En collaboration avec une association de sauvegarde de la nature, elle a fait de son île un sanctuaire pour la faune et la flore sauvage. L'endroit est réputé dangereux à la navigation et toute nouvelle construction en dur est prohibée sur l'île, par ailleurs le site est classé, ne peuvent avoir lieu que des opérations de réhabilitation de l'existant. (cf le plan d'occupation des sols, mairie de Kernach, lun-ven 8h30-12h 13h30-17h30)

Et voilà!

Pouchky>
Tout à fait d'accord avec toi !
J'aime aussi Harry Potter...
Mais je pense que si l'on veut des série pour les jeunes d'aujourd'hui, il faut en écrire de nouvelles, et pas reprendre nos héros modernisés...
Des ouvrages de collection, c'est une belle réputation, déjà...

Ton avenir pour Claude me convient parfaitement !
On va l'aider ?
Je prends une carabine !

Admin - Serge a écrit:

je ne pense pas qu'un éditeur les relancerait "tels qu'ils étaient"...
Et les moderniser serai un crime de lèse Blyton !

Je conviens totalement.

Je suis né en 1950, étais ainsi un enfant dans 50s. la lecture Enid Blyton maintenant, me prend le bon dos. La joie entière de la lecture Blyton (à moi) n'est l'amour d'un moment plus ici. Pour ajouter les mobilophones, les ordinateurs et tous les produits de 2006, ruineraient l'atmosphère entière.

Les meilleurs voeux

Nigel

Admin - Serge a écrit:

Pouchky>

Ton avenir pour Claude me convient parfaitement !
On va l'aider ?
Je prends une carabine !

Réponse à Pouchky et à Serge

Oui, c’est certain que Claude ne se laisserait pas faire par les aigrefins de la finance. Je n’irais pas jusqu’à lui conseiller la carabine car elle pourrait avoir des ennuis. Mais une action tendant à classer l’Ile de Kernach réserve naturelle, tout à fait. Je suis prêt à signer la pétition et à mobiliser mes amis pour manifester ! (mon personnage récurrent dans mes romans étant avocat, je me sens obligé de respecter un certain formalisme … au moins de façade, comme lui).

J’ai pour ma part écrit deux romans jeunesse en prenant deux de mes personnages en flash-back, lorsqu’il étaient adolescents. Ils ne ressemblent ni aux enfants Gauthier et Dorsel, ni à Titeuf. Ils devaient paraître chez un des éditeurs de Feu le groupe J6M. Ils mélangeaient les genres thriller et fantastique. Hélas, la collection a été arrêtée avant parution à cause des restructurations. Conçus spécifiquement pour une collection, ils ne correspondent pas forcément à un autre éditeur. Un contact avec un autre dirceteur de collection a occasionné une anecdote cocasse. Je précise qu’une des histoires se déroule dans le monde de la course auto, durant un rallye en Auvergne, et s’intitule « Le pacte du tricheur » et que l’autre se déroule durant une course transatlantique sous le titre de « Gare à la main du diable ». Dans les deux scénarii, les jeunes héros se trouvent confrontés à la fois à des malfaiteurs et à des phénomènes surnaturels. Ce directeur contacté m’a annoncé après lecture qu’il ne pouvait absolument pas envisager la publication de mes livres. En effet, le Diable y était présent, mais pas Dieu. En outre, il n’était pas convaincu de la foi chrétienne de David et Sébastien, mes deux héros (je n’ai en effet rien mentionné à ce niveau). J’avais commis une erreur d’aiguillage. La fiche de présentation de cet éditeur mentionnait son intérêt pour l’aventure et les faits surnaturels, mais pas son idéologie religieuse… Je vais peut-être offrir ces deux histoires aux visiteurs de mon blog dans quelques semaines.

J’apprécie bien Harrry Potter aussi. Et j’aime encore plus Alex Rider, espion malgré lui, seul à cause du poids de ses talents cachés. Mais j’avoue que je n’offrirai jamais un Titeuf aux enfants de mon entourage. J’aurais trop peur qu’ils adoptent ses manières. Ceci dit, ils trouveront toujours le moyen de les lire sans mon approbation…. Et comme je n’aime pas la censure et que je me méfie du goût de l’interdit, je me contente de ne pas favoriser cette découverte…

Thierry
( http://circuitmortel.blogsdesport.fr )

Je viens d'apprendre que les éditions Degliame/Cadran Bleu qui rééditaient les livres de Philippe Ebly n'étaient plus. On aurait pu avoir un espoir de ce côté...
http://www.cadranbleu.com/

Corso a écrit:

Je viens d'apprendre que les éditions Degliame/Cadran Bleu qui rééditaient les livres de Philippe Ebly n'étaient plus. On aurait pu avoir un espoir de ce côté...
http://www.cadranbleu.com/

Réponse :
Vraiment dommage. Un éditeur jeunesse de plus qui disparaît.
J'ai l'impression que l'édition jeunesse se concentre de plus en plus, sans que des éditeurs régionaux assurent une diversité des publications comme dans le monde du polar.
Qu'en penses-tu ?

Thierry

Ouip, on a l'impression qu'hors Hachette ou Gallimard, point de salut!

Pouchky a écrit:

Ouip, on a l'impression qu'hors Hachette ou Gallimard, point de salut!

Réponse :

En livres jeunesse, la composition des rayons dans les grandes surfaces spécialisées est édifiante : Hachette, Gallimard, Nathan, Mango, de temps en temps un peu de Syros, d'Ecole des Loisirs, ou de Rouergue ou encore de Thierry Magnier. Le choix est limité, beaucoup plus qu'en livres pour adultes.

De bons livres existent ailleurs, c'est certain. Mais les autres éditeurs ont du mal à franchir les obstacles de la diffusion et donc à se faire connaître des lecteurs.

Le téléchargement payant pourrait représenter une alternative. Mais les éditeurs qui s'y essaient semblent éprouver quelques difficultés. Sans doute est-il encore un peu trop tôt.

Thierry

Ecole des loisirs est une belle édition, sobre et tout, mais n'a pas la même vocation qu'Hachette avec ses séries souvent inspirées par la télé. J'aime bien les éditions du Rouergue, mais ça n'est pas forcément donné.

Pour le téléchargement, tu veux dire qu'on aurait des livres sur écran?
Personnellement, j'ai du mal à lire sur un écran, je tire les textes longs sur papier.
En ce qui concerne la lecture de loisir, je crois que le contact du livre me manquerait (ça pourrait être objet de discussion dans "quel collectionneur êtes-vous?"). Pour moi, il n'y a pas que l'histoire, il y a le livre en lui-même, l'objet fini, et c'est justement ce qui a un coût important je suppose : la fabrication.
Ensuite, pour se faire connaître du public, ça doit être une autre paire de manche.

Pouchky a écrit:

Ecole des loisirs est une belle édition, sobre et tout,
Pour le téléchargement, tu veux dire qu'on aurait des livres sur écran?
Personnellement, j'ai du mal à lire sur un écran, je tire les textes longs sur papier.
En ce qui concerne la lecture de loisir, je crois que le contact du livre me manquerait (ça pourrait être objet de discussion dans "quel collectionneur êtes-vous?"). Pour moi, il n'y a pas que l'histoire, il y a le livre en lui-même, l'objet fini, et c'est justement ce qui a un coût important je suppose : la fabrication.
Ensuite, pour se faire connaître du public, ça doit être une autre paire de manche.

Réponse:
Je suis d'accord avec toi.
La plupart des lecteurs imprimeraient le texte (moi le premier).
Il est également vrai que posséder le livre, objet particulier associé au rêve, procure une autre sensation que la lecture sur écran.
Il existe pourtant déjà quelques sites qui se sont lancés sur ce créneau.
A ma connaissance, le succès n'est pas encore au rendez-vous.
Ceci dit, certains livres à diffusion réduite pourraient exister par ce biais. Notamment des ouvrages avec illustrations photographiques (ou dessins) qui coûtent très cher à fabriquer et ne peuvent se rentabiliser en édition traditionnelle qu'avec un gros tirage.
Je crains cependant que la concentration dans le monde de l'édition ne nous force à travailler dans cette direction d'ici une dizaine d'années.
Que représente un auteur français face à un Dan Brown, un ken Folett, un John Grisham, une Patricia Cornwell ? Ce sont des valeurs sûres, l'assurance de très gros tirages. Si les plus gros éditeurs éliminent la concurrence, ils laisseront percer deux ou trois nouveaux auteurs par an chacun. Résultat, il faudra travailler dans de nouvelles directions, dont l'Internet.
Je pense que nous avons encore quelques années devant nous avant que cette dicature des lois économiques ne tue les possibilités de diffusion. Mais je me demande ce que l'avenir nous réserve à moyen terme. Lorsque j'ai écrit la bio officielle d'Ollivier Panis, un géant de l'édition m'a répondu : écoutez, votre pilote de F1, c'est bien, mais vous vendrez 8 à 10.000 bouquins. Pas intéressant pour nous. Revenez nous voir avec une fille comme Loana , c'est 100.000 garantis... Là, on peut discuter. Pourtant l'histoire d'Olivier, comme celle de beaucoup de passionnés d'une discipline, est fantastique... Un éditeur l'a d'ailleurs pensé et m'a suivi. Mais nous n'avons pas bénéficié des moyens de promotion accordés aux stars de la télé-réalité.
Thierry

THIERRY a écrit:

Corso a écrit:

Je viens d'apprendre que les éditions Degliame/Cadran Bleu qui rééditaient les livres de Philippe Ebly n'étaient plus. On aurait pu avoir un espoir de ce côté...
http://www.cadranbleu.com/

Réponse :
Vraiment dommage. Un éditeur jeunesse de plus qui disparaît.
J'ai l'impression que l'édition jeunesse se concentre de plus en plus, sans que des éditeurs régionaux assurent une diversité des publications comme dans le monde du polar.
Qu'en penses-tu ?

Thierry

C'est toute l'édition qui entre dans une période de crise. Ce ne sera pas le seul éditeur jeunesse ou non à disparaitre dans les années qui viennent.
Malgré les chiffres et les effets d'annonce, il faut savoir que pour vendre, les éditeurs multiplient les titres mais réduisent le tirage initial de chaque livre. Dès qu'un auteur passe à la télé, chez Ardisson ou Fogiel, s'il fait bien son show, les gens se ruent chez leur libraire pour le commandé. Or, le titre est sorti il y a plus de 3 mois, il a déjà été retourné à l'éditeur ou le libraire n'en a qu'un en stock. Quand il le commande : rupture! Réimpression plus ou moins rapide.
L'édition est devenue très marketing et gestionnaire.
Où est l'époque de Gaston Gallimard, fondateur, qui ne cherchait pas une rentabilité immédiate des auteurs qu'il publiait?