Bonjour à tous,
Lu pendant les vacances:
Le cheval de verre, de PJ Bonzon, Idéal-Bibliothèque, Hachette, 1963L'action se passe à Venise; Lucia et Mario sont deux amis de toujours, issus de familles vénitiennes modestes. Lucia est obligée d'interrompre ses études pour aider sa famille; Mario, qui est apprenti artisan chez un souffleur de verre lui offre de renoncer à son apprentissage et de travailler comme porteur à la gare pour l'aider.
Un malentendu et un malheureux retard vont leur faire croire à la rupture et à la trahison de leur amitié. Ils en souffrent... Lucia s'engage comme nurse dans une riche famille patricienne, loin de son milieu social; Mario, désemparé, cherche à la revoir, même de loin, pour comprendre pourquoi son amie semble le fuir...
En cherchant à l'approcher, il remarque deux individus louches qui semblent s’intéresser à la jeune fille et au petit garçon qu'elle garde. Bientôt, il apprend que l'enfant a été enlevé...
Je ne vous en dis pas plus, lisez le!
Ce livre se parcourt d'une traite. J'y aime beaucoup l'ambiance et la description de Venise, l'action se passe pour la plus grande part dans les ruelles, sur les canaux, dans les sous sols humides des vieilles maisons... Les habitants de Venise sont très présents, avec l'intérêt que manifeste notre auteur favori pour les gens humbles et travailleurs; tous les petits métiers sont évoqués et décrits: porteurs, vendeurs de graines pour les pigeons, artisans, mariniers, domestiques...
On pénètre aussi dans le palais de riches bourgeois habitant sur le Grand Canal, et on s'y réveille avec Lucia dans le grand lit d'une chambre somptueuse... mais on entre également, sur la fin du livre, dans la pauvre demeure d'une vieille femme que l'on voit faire chauffer en tremblant une casserole de lait sur son réchaud à gaz pour le petit garçon arraché, endormi et trempé par l'orage, à ses ravisseurs (flûte! je vous ai donné une indication sur la fin de l'histoire
)
Comme il aime à le faire, l'auteur alterne le passé simple pour la narration et le présent pour les scènes d'actions, pendant lesquelles le temps se ralentit comme au cinéma, nous faisant participer à la scène: on sent le choc de la gondole qui aborde un peu rudement le quai désert, on court sous la pluie avec Mario, on se hisse avec difficulté sur le toit de la maison des ravisseurs...
François Batet illustre cet ouvrage avec son sens de la mise en scène habituel. Il nous offre de très belles vues de Venise, des canaux, de la place Saint Marc...
Et voyez le désespoir de Lucia, trahie, malheureuse, qu'un policier veut faire accuser Mario de l'enlèvement du petit Nello, alors que son cœur s'y refuse de toutes ses forces!
...mais c'est comme toujours chez Paul Jacques Bonzon l'amitié qui est gagnante, l'amitié fidèle qui ne croit pas à la trahison, la petite voix de la confiance qui ne s'éteint jamais même quand tout semble montrer que le lien est brisé... brisé comme ce petit cheval de verre que Mario avait offert à Lucia et dont il a retrouvé les débris sur le quai du Grand Canal...