L'Alice du mois de mars/avril: Alice détective

Alice détective, illustrations d'Albert Chazelle (Quatrième photo, couverture de Jean Sidobre)
Edition originale parue en langue anglaise chez GRASSET&DUNLAP, INC. 1930. Edition francaise (texte d'Helene Comin) LIBRAIRIE HACHETTE 1955.




Alice Roy aime les énigmes et, plus habile que quiconque à flairer un mystère, elle a tôt fait de soupconner que l'affaire Crosley n'est pas aussi simple qu'on pourrait le croire.
Richard Topham vient d'hériter d'une immense fortune. En la lui léguant, le vieux Josiah aurait-il donc voulu déshériter les siens pour favoriser cet homme egoïste et avide ?
Emue par la detresse et le chagrin de deux pauvres filles dont Josiah avait promis de faire ses héritières, Alice cherche à tirer les choses au clair. Entreprise difficile, car Richard Topham est un adversaire redoutable. De plus, le vieux Josiah semble avoir pris un malin plaisir à brouiller les pistes. Aussi Alice se trouve-t-elle bientôt engagée dans une veritable chasse au trésor, fertile en surprises et en aventures de toutes sortes...



La première remarque que je me fait c'est que sur la troisième couverture Alice ne correspond très probablement pas à l'idée que l'auteur s'en faisait, vous imaginez une Alice comme ça en 1930 ?

Bonjour,
Non bien sûr tu as tout à fait raison, cette image fait plus années 60.
Dans les années 30, si je m'en réfère à mes connaissances, c'est à dire les films US de cette époque, les jeunes filles avaient des robes (qui tournent - les filles comprendront) mi mollet soquettes blanches cheveux longs attachés par un ruban assorti à la couleur de la robe...
Un peu ringard, mais amusant.
Bonne journée,
Philippe

J´adore la couverture de l´édition de 1955. Tout est bien, la pose, les vêtements, et puis la voiture derrière est vraiment top. La deuxième est un peu "fade" je trouve, quant à la troisième, non, ce n´est certainement pas l´image que les auteurs avaient d´Alice.

La jaquette de l'EO (bibliotheque de la jeunesse avec jaquette)est la meme que celle de la bibliotheque verte:

mina a écrit:

La particularité de 'Alice' et des 'soeurs Parker', c'est d'avoir été écrit par un groupe de personnes différentes, mais toutes sous le pseudonyme de Carolyn Keen (en Français 'Caroline Quine'). Les bons 'Alices' (ceux qui ont été écrits entre les années 30 et 79) sont écrits par deux ou trois personnes différentes si je ne me trompe pas. Marina tu dois en savoir plus à ce sujet?

Oui tout à fait, ils ont été ecrit par plusieurs auteurs,"nègres", mais plus que deux ou trois personnes, au moins une demi douzaine ! Certains ont été écrits sur un canevas crée par le premier auteur, d'autres non mais ont été supervisés par Harriet S. Adams, l'auteur la plus connue pour les Alice. Je suis en train de faire la traduction d'un article consacré à ce sujet, je la mettrai sur mon blog quand j'aurai fini.

(http://carolinequine.over-blog.com/)

mina a écrit:

Il y a beaucoup moins d'action: pas de chasse en voiture, pas de filature, pas trop d'allées ni venues, elle ne devient ni prisonière quelque part, ni on ne l'assomme, elle n'a pas son entourage d'amis réguliers (Bess, Marion, Ned etc.). Bref, tout est calme et tranquille, comparé avec les autres 'Alice'.

Assez d'accord avec toi Mina, je trouve cet Alice plutôt terne en fait ! Il manque vraiment Marion et Bess, quand elles sont présentes, elles apportent une touche d'humour en plus !

Tout y est calme et tranquille c'est vrai, mais il s'agissait du premier livre de la série, paru en 1930, et peut être qu'il ne fallait pas trop "effrayer" le lecteur potentiel !

Ah la la !!!! Les fans de la série ont parlé !!!!
Et bien j'ai fait fi de vos avis (relativement mitigés) concernant ce titre, et j'ai justement commencé par celui-ci !!!

Et je dois dire que j'ai pris énormément de plaisir à ma lecture. Certes il ne se passe pas grand chose mais l'intrigue est bien construite, l'histoire est somme toute très crédible, et il y a un vrai suspens et une vraie atmosphère.
Et oui, contrairement à la plupart ne nos séries préférées, ici il n'y a pas beaucoup de personnages, c'est très vide, très silencieux, mais ça ressemble tellement à l'amérique, cette amérique-là !

Après bien sûr il y a quelques points qui m'ont déplu : déjà le le titre original qui, dommage, plombe toute la première partie de l'histoire (on sait que le testament est caché dans une horloge, donc, OÙ est cette horloge ?).
Il y a aussi les multiples passages où Alice se répète, inlassablement, au choix :
- "Non, décidément les Topham ne méritent pas d'avoir cet héritage" (40 fois dans le livre)
- "je dois retrouver le 2ème testament avant que les Topham ne le détruisent" (40 fois)
- "il faut absolument que je vienne en aide à ces deux pauvres orphelines" (30 fois)...

Et puis Alice est un peu trop mièvre, trop riche aussi, ce qui empêche (hélas) de supporter le personnage à 100%. Parce qu'une riche qui n'a pas vraiment conscience du monde dans lequel elle vit (Alice malgré son évidente bonne volonté reste confinée dans son monde imaginaire) et qui essaie d'aider des pauvres, c'en est presque indécent (cf la 1ère rencontre avec les soeurs Horner). Elle s'ennuie tellement dans sa vie que le seul moyen de sortir de sa routine c'est d'élucider des mystères et de côtoyer la populace.
Bref, aider les autres, pour Alice, c'est une sorte de hobby d'enfant gâtée.

Toutefois Alice a un bon fond, on peut donc à la limite lui pardonner son éducation et le milieu et l'époque où elle vit (ségrégation mon amour !) et les horribles pulls à rayures qui composent la majorité de sa garde robe.
Bien sûr, deux ou trois claques par ci par là ne seraient sans doute pas de trop pour lui ôter ce sourire insupportable des gens qui débordent d'assurance, et lui apprendre à respecter le code de la route serait déjà un bon début ("Ne craignez-rien : j'ai l'habitude de ma voiture et elle tient admirablement la route"). Mais que voulez-vous, sa mère est morte la pauvre, et son père avoué de renom est toujours absent, à essayer de résoudre des affaires et de gagner beaucoup trop d'argent. Du coup pour se faire pardonner (de ne pas être là, de gagner beaucoup trop d'argent), il lui achète une nouvelle voiture toutes les semaines (comprenez, il ne se rappelle jamais la date d'anniversaire de sa fille, c'est ainsi le seul moyen pour ne jamais passer au travers, c'est très judicieux, convenez-en !) (et non judiciaire, merci de rectifier). Il lui conseille aussi de claquer son argent pour des nobles causes (sors Alice, va t'acheter une nouvelle robe !!!), et ça y'a pas à dire, ça évite d'aller foutre en l'air son dimanche matin en allant à la messe.


Sinon pour revenir à l'histoire en elle-même, il y a vraiment UN truc qui m'a choquée : les soeurs Horner ne voulant pas qu'Alice leur donne de dédommagement pour le goûter la fois où elle est retenue chez elles par l'orage (c'est là que je parle d'indécence !!!), elle a alors l'idée de commander une robe à Grace qui est couturière. Elle achète donc le tissu pour le patron, le donne à Grace, et.... rien !!!!!!!!!

Et bien oui, il est là le problème, on n'entend jamais plus reparler de cette histoire de robe dans la suite du livre. Je pensais qu'Alice l'aurait à la fin de l'histoire, bien sûr ça aurait été cliché et tout ce qu'on voudra (mais ça aurait été plutôt mignon, non ?). En plus, entretemps Alice a déchiré sa robe en escaladant une montagne de meubles dans le camion de déménagement, on se dit donc : tiens, ça tombe finalement très bien qu'Alice ait commandé cette robe à Grace !!! Et bien non, rien de rien, Alice n'a finalement droit qu'à une vieille pendule qui ne marche plus, et pour ma part je pense sincèrement que c'est quand même pas très commode de se balader dans la rue avec une pendule sur le dos.

Alors, donc, je suis indignée par cet oubli concernant la robe. Erreur de la traductrice, ou bien la VO est-elle identique sur ce point ?

Sinon, pour résumer, c'est un très bon livre avec une très bonne atmosphère (Serge serait sans doute dans son élément, qui sait ?), très loin des intrigues policières alambiquées du style Michel et compagnie.

Bien sûr, je me suis aussi amusée à dresser un parallèle avec Veronica Mars, et la seule conclusion qui s'impose à mes yeux c'est que la LeBaron est plus classe et beaucoup moins prétentieuse que le cabriolet bleu d'Alice !!!!

Ben, j'ai du mal avec Alice...
J'ai pris cet après-midi "Alice et le pigeon voyageur"... j'ai abandonné à la page 34 !
Non, je ne me fais pas à Alice... Son milieu me laisse froid !
Je suis mille fois mieux avec les six compagnons, leurs vélos, leurs casse-crôute...
Ou avec Michel, plus aisé, mais bien plus simple qu'Alice...

Et oui, Alice ne se déplace pas à vélo ou dans une charette...

Malgré tout j'aime beaucoup les histoires fort distrayantes. Tu devrais essayer de persévérer avec le pigeon, Serge. Page 34, ce n'est pas fameux !
Tu as un vieux livre traduit par Hélène Commin au moins ?

Moi, ce qui m´agace, c´est l´abondance de "coincidences". Parfois, ça en devient grotesque. J´ai un peu de mal aujourd´hui à les relire, alors que je les aimais bien plus jeune. Ah (soupir), ça n´a pas aussi bien vieilli que le C5 ou Bennett !

Je viens de le relire (vive les vacances !), effectivement, cette histoire de robe me chiffonne un peu, mais ce n'est pas ce "détail" qui m'a le plus sauté aux yeux : Doris nous apprend qu'elle va passer quinze jours au lac des oiseaux où sa cousine Marion l'a invitée... Puis plus aucune mention de Marion, et Doris demande à Alice de rester tout l'été avec elle !
Les questions de temps sont en général assez étranges, du coup on ne sait plus quand le vieux Crosley est parti de chez lui, a rédigé son testament, depuis quand qui est pauvre, etc. Beaucoup de petites erreurs donc.
Mais l'ensemble est charmant et désuet, ça passe !

Juste une petite question, il est dit un moment dans le livre qu'il n'y a pas d'âge minimum pour passer son permis de conduire aux USA. Est-ce vraiment valable (dans les années 30' ou maintenant encore ?), ou est-ce que cela permet de justifier pourquoi Alice qui n'a que 16 ans dans ce livre conduit déjà ?

Citation :

il est dit un moment dans le livre qu'il n'y a pas d'âge minimum pour passer son permis de conduire aux USA

La conduite à 16 ans est classique aux USA. Pour les 14-15 ans, il y a dans certains états des permis restreints (conduite de jour, trajets limités) remis sous conditions. Par exemple pour aller au collège quand il n’y a pas de bus scolaire, ou encore pour les enfants de fermiers dans un rayon réduit autour de la ferme.

Pour les moins de 14 ans, je ne sais pas. Par contre, il est sûr qu'en 1935 le permis était une simple formalité, même en France

Merci Pat pour ces précisions !

Enfin, je viens de lire le premier livre de la série, livre que je ne pense pas avoir lu enfant. J'ai bien aimé la lecture, même si je suis d'accord avec ce que vous avez dit, à savoir qu'il ne se passe pas grand-chose (les 100 premières pages sont vides d'action, et extrêmement répétitives : on comprend bien qu'Alice trouve injuste que l'héritage aille aux méchants membres de la famille de Josiah), mais il y a quelques passages intéressants, et Alice se fait tout de même enfermer quelque part ... dans un placard ! Et elle fait preuve de ressource : elle est sur le point de se délivrer toute seule quand le domestique arrive dans la maison. Bon, il est vrai que les coïncidences sont souvent assez pénibles, surtout quand elles sont nombreuses, et on se dit souvent : "Décidément, Alice a de la chance, elle fait toujours les bons choix (prendre la bonne route, s'arrêter à l'auberge...)". Moi, ce qui m'a agacé, c'est l'excès dans les clichés. Alice a la chance d'être jeune, riche, belle, intelligente, bref de posséder toutes les qualités. A l'inverse, les soeurs Topham, non contentes d'être méchantes, mesquines, avares, avides, le portent également sur leur visage et leur physique. Elles sont également taxées de bêtise. Quelques extraits :
"Son élégance coûteuse ne réussissait pas à la rendre séduisante. De haute taille, maigre comme un échalas, elle ne possédait aucune grâce, et la colère qui crispait à présent son visage la rendait même franchement laide.
Mabel (...) était à la fois jolie et insignifiante, avec ses traits sans caractère et sa physionomie peu expressive.(...)
Leurs compagnes, qui les jugeaient sottes et arrogantes..."

Je possède la couverture originale si cela vous intéresse de jeter un coup d'oeil dessus.

Bien belle image qui n'est pas trop grande

Tu dois être super content d'avoir cette couverture originale !