Grâce et dénuement

J'ai enfin réussi à récupérer et à lire Grâce et dénuement d'Alice Ferney, et je ne te remercierai jamais assez, Cinejill, de m'avoir recommandé ce livre!

J'ai adoré cette histoire où une bibliothécaire - l'a-t-elle été ou l'est-elle encore, on ne le sait pas trop et cela n'a pas grande importance - vient lire des histoires aux tout jeunes gitans, et qui en plus d'être un superbe cri d'amour aux livres et à la lecture - à ce propos une citation qui nous conviendrait bien :
"Je crois que la vie a besoin des livres, dit Esther, je crois que la vie ne suffit pas."
nous fait vivre de l'intérieur cette famille gitane sans faux pittoresque, sans clichés ni angélisme, mais avec sa vérité, comme on suivrait n'importe quelle saga familiale, mais ici avec une force, une intensité qui vous étreint le cœur. On souffre de voir le jeune père écarté de la salle d'accouchement, on espère qu'Esther réussira à faire inscrire Anita à l'école, même si on se doute qu'après ce sera beaucoup de souffrance... Deux personnages inoubliables : la grand-mère Angéline - pas si vieille! - mère de cinq fils pas tous dignes d'elle et chef de la famille comme elle va, et elle va souvent mal; et à l'autre extrémité cette petite Anita qui veut tant être comme les autres, et au moins qu'on lui fasse des couettes...

La grâce, elle est aussi dans l'écriture, d'un lyrisme maîtrisé qui me fait souvent penser à Giono, un Giono qui serait descendu de ses montagnes pour dire les hommes des terrains vagues aux abords des villes, et leurs sentiments humains, simplement humains. On penserait aussi parfois à Steinbeck, mais tout de même moins noir, moins désespéré. Il y a la misère, la folie, l'exclusion, mais aussi la tendresse, la complicité, l'espoir pour les enfants. Et comme partout, ce qu'on peine parfois à imaginer, des hommes et des femmes qui s'aiment, ne s'aiment plus, en aiment d'autres...

Un livre prenant, fort et sensible, qu'on n'oublie pas. Merci Alice Ferney, merci Cinejill !

... et une de plus à chercher et à lire!
Merci Mouette pour cette fiche de lecture. Je n'aurais spontanément pas pris ce livre dans un rayonnage à la seule vue du titre, peut être quand même à la vue du nom de l'auteur, mais après avoir lu ce que tu as écrit j'ai bien envie de le lire.

Caribou, tu nous diras ce que tu en penses ?
Mouette , je suis ravie que nous partagions ce bonheur que donne la lecture de ce livre que je trouve très riche et ouvert sur des interrogations très personnelles sur nos relations et notre regard sur les gitans , entre autre.

Merci Caribou et Cinejill... Caribou, j'espère et je suis presque sûre que tu ne seras pas déçu, Cinejill a raison, ce livre, comment dire, "nettoie" et aère notre regard sur les gitans, en les faisant vivre non seulement comme des êtres différents (il y a cela aussi) mais également comme des gens qui ont des histoires d'amour, de nostalgie, de trahison, de lassitude, de courage quotidien et de désirs inavoués, "humains, trop humains"... nous tous !

Et c'est superbement écrit !