L'humour chez Enid Blyton

On a souvent reproché aux livres d'Enid Blyton leur manque d'humour, même s'ils sont d'une lecture très agréable.

Ayant relu ce jour "Un cheval à Malory School", je me suis aperçu que ses écrits ne sont pas tout à fait dépourvus d'incidents humoristiques. L'extrait suivant, tiré du titre cité plus haut, vous fera sûrement rire un peu ou, du moins, sourire.

Présentation de la scène :
Priscilla, nouvelle élève à Malory School, est Américaine. Elle a bien du mal à s'acclimater aux règlement et à la vie dans un pensionnat anglais.


(...)

Priscilla arriva à la porte de la classe en même temps que Miss Williams. Celle-ci, qui n'était pas encore là la veille, n'avait pas vu sa nouvelle élève. Priscilla, en dépit de son uniforme, ne ressemblait pas à une pensionnaire. Miss Williams la regarda avec étonnement. Était-ce une surveillante engagée par Mme Grayling ?
« Que cherchez-vous, Miss… Miss ? » commença Miss Williams.
— Je suis Priscilla Brass, expliqua Priscilla.
— Miss Priscilla Brass, répéta Miss Williams. Vous désirez quelque chose, Miss Priscilla Brass ? »
Malgré son aplomb, Priscilla fut un peu déconcertée.
« Pas exactement, répondit-elle. On m’a dit de venir dans votre classe. Je suis en quatrième.
— Allons donc ! s'écria Miss Williams. Vous n’êtes pas une élève ?
— Si, Miss Williams », déclara Priscilla qui trouvait que le professeur se conduisait étrangement. « C'est bien la classe de quatrième ?
— Oui, répliqua Miss Williams qui revenait un peu de son étonnement. C’est la classe de quatrième. Vous ne pouvez pas entrer comme cela. Qu'avez-vous sur votre tête ? »
Priscilla, stupéfaite, porta la main à sa tête et ne rencontra que son chignon de boucles.
« Je n’ai rien, protesta-t-elle.
— Mais si ! Qu’est-ce que c’est que ça ? demanda Miss Williams en tapotant l'échafaudage que Priscilla construisait chaque matin à grand renfort d’épingles.
— Ce sont mes cheveux », expliqua Priscilla qui se demandait si Miss Williams n'était pas un peu folle. « Simplement mes cheveux. C'est ma coiffure habituelle ! »
Le professeur regarda en silence le chignon cuivré et la cascade de boucles qui tombait sur la nuque de Priscilla. Elle remarqua les lèvres trop rouges. Elle examina aussi les cils pour s’assurer qu’ils n’étaient pas artificiels.
« Eh bien, Priscilla, je ne peux pas vous accepter ainsi dans ma classe, trancha-t-elle. Défaites ce chignon. Attachez vos cheveux. Essuyez vos lèvres. Et revenez dans cinq minutes. »
Sur ces mots, elle entra dans la salle et referma la porte. Priscilla se trouva seule devant le battant de bois. Elle tapota son chignon. Que pouvait-on lui reprocher ? N'était-ce pas la coiffure de Lassie Lexington, son vedette préférée ? Priscilla fronça les sourcils. Quelle école ! Toutes ces filles sans élégance qui ne savaient pas se coiffer !
« Je parie qu'elles sont toutes sottes ! » pensa-t-elle.
Elle décida tout de même de défaire ses boucles. Cette Miss Willimas pourrait se plaindre à la directrice. Priscilla avait été très impressionnée par Mme Grayling pendant les quelques instants que celle-ci lui avait accordés. Qu'avait dit Mme Grayling ? Qu'il fallait apprendre à être bonne et généreuse, raisonnable, digne de confiance, travailler avec zèle. Elle avait ajouté que Priscilla aurait beaucoup à apprendre pendant son séjour en Angleterre, mais qu'elle apporterait aussi beaucoup aux jeunes Anglaises.
« Je ne voudrais pas que Mme Grayling me juge mal dès le début, se dit Priscilla en montant l'escalier. Où est notre dortoir ? Je ne retrouverai jamais mon chemin dans cette maison ! »
Après avoir ouvert quelques portes, elle reconnut enfin son lit. Ce ne fut pas sans tristesse qu’elle défit le beau chignon de boucles qu’elle avait édifié le matin avec tant de soin. Mais elle enleva les épingles, sépara ses cheveux par une raie et les attacha sur sa nuque avec un ruban. Aussitôt elle parut plus jeune. Elle enleva son rouge à lèvres. Puis elle se regarda à la glace.
« Tu es affreuse, Priscilla, pensa-t-elle. Que diraient papa et maman s'ils me voyaient ? Ils ne me reconnaîtraient pas. »
Mais Priscilla était loin d'être laide. Sans maquillage, simplement coiffée, elle reprenait un charme naturel. Elle descendit lentement. Fallait-il frapper à la porte de la classe ou entrer tout de suite ? Les coutumes étaient si différentes dans une école anglaise. Les gens étaient si cérémonieux en Angleterre. Elle décida de frapper.
« Entrez ! » cria Miss Williams qui avait presque complètement oublié Priscilla.
Priscilla obéit. Elle était si différente que Miss Williams ne la reconnut pas.
« Que voulez-vous ? demanda-t-elle. Apportez-vous un message ?
— Non, répondit Priscilla étonnée. Je suis en quatrième division, n'est-ce pas ?
— Comment vous appelez-vous ? » interrogea Miss Williams en consultant sa liste.
Priscilla se demanda si Miss Williams n’était pas folle.
« Je vous l'ai déjà dit, répondit-elle. Je suis Priscilla.
— Ah ! oui, s’écria Miss Williams. Je ne savais pas que ce changement de coiffure vous rendrait si différente. Venez vous asseoir. Votre place est là-bas. »
Cet intermède amusa les élèves.


(...)

C'est en effet amusant Sréee! merci pour ce petit moment de détente !

cinejill a écrit:

C'est en effet amusant Sréee! merci pour ce petit moment de détente !

Il faudra un jour que nous relisions ensemble les "Malory School !
Dans une bonne version !

(Sinon, j'aurais écrit : Il faudra qu'on relise...

Admin-Serge a écrit:

cinejill a écrit:

C'est en effet amusant Sréee! merci pour ce petit moment de détente !

Il faudra un jour que nous relisions ensemble les "Malory School !
Dans une bonne version !

(Sinon, j'aurais écrit : Il faudra qu'on relise...

Moi, je veux bien ! Même que les Malory School, c'est l'une de mes séries fétiches chez Blyton.

J'ai honte, je les ai tous et je ne les ai jamais lu!!!!

En plus, j'ai la chance de les avoir en bonne version(comme le dit si bien Serge)!!!!

Il n'est jamais trop tard Sensy ! Et puis, comme toi j'ai des tas de livres dans mes placards que je n'ai pas eu encore le temps ou l'envie de lire. Mais bon, tu vas pouvoir essayer d'en lire un , si tu veux et nous dire ce que tu en penses

Je suis très heureux que tu apprécies les romans scolaires d'Enid Blyton. A moi aussi, ces histoires me plaisent bien. Sur la quinzaine de titres sortis dans cette catégorie de lectures, et répartis sur 3 séries différentes, lequel ou lesquels comptent-ils parmi tes préférés ? Moi, je les aime tous, car ils se valent dans l'ensemble, mais j'avoue quand même avoir un penchant pour les opus où l'on peut trouver des scènes de réveillons qu'organisent les élèves en cachette de leurs professeurs et, parfois même à l'insu de leurs camarades de classes ou de leurs compagnes de dortoir qu'elles ont prises en grippe. Sinon, comme toi, je me marre bien en lisant les tours que jouent les filles à leurs profs et quelquefois ces derniers leur rendent la pareille ! En résumé, je trouve la lecture de ces histoires vraiment très agréable et je les relis avec toujours autant de plaisir à chaque fois que j'en ai l'occasion. A ce propos, sais-tu que le chapitre dont tu fais mention est également publié dans 66 Aventures par Enid Blyton ? Ce n'est sûrement pas un hasard !

J'ai relu récemment les série de Blyton dans des écoles...
Malory School, Les deux Jumelles, et Betty !

Si des membres, (filles notamment) voulaient ouvrir une lecture du mois avec l'une de ses série, je serais partant !  

@ Serge: je suis d'accord avec ton idée.

fan_indien a écrit:

Je suis très heureux que tu apprécies les romans scolaires d'Enid Blyton. A moi aussi, ces histoires me plaisent bien. Sur la quinzaine de titres sortis dans cette catégorie de lectures, et répartis sur 3 séries différentes, lequel ou lesquels comptent-ils parmi tes préférés ? Moi, je les aime tous, car ils se valent dans l'ensemble, mais j'avoue quand même avoir un penchant pour les opus où l'on peut trouver des scènes de réveillons qu'organisent les élèves en cachette de leurs professeurs et, parfois même à l'insu de leurs camarades de classes ou de leurs compagnes de dortoir qu'elles ont prises en grippe. Sinon, comme toi, je me marre bien en lisant les tours que jouent les filles à leurs profs et quelquefois ces derniers leur rendent la pareille ! En résumé, je trouve la lecture de ces histoires vraiment très agréable et je les relis avec toujours autant de plaisir à chaque fois que j'en ai l'occasion. A ce propos, sais-tu que le chapitre dont tu fais mention est également publié dans 66 Aventures par Enid Blyton ? Ce n'est sûrement pas un hasard !

Oui, j'ai 66 aventures.

Mes préférés ? Il faudrait que je réfléchisse ! J'ai commencé récemment à relire les Malory School, avec grand plaisir. Il faudrait que je me replonge dans la série 2 jumelles, que j'avais beaucoup aimée aussi.

J'apprécie particulièrement les farces aux dépends des professeurs, et aussi les personnages des professeurs de français, quelle que soit la série, qui sont souvent prétextes à des scènes comiques, soit par les tours qu'on leur joue, soit par les quiproquos qu'elles provoquent.

Quant aux réveillons, les histoires de petites saucisses grillées en pleine nuit quand le collège dort ou encore les réveillons-bains de minuit dans la piscine, ça m'a toujours laissé rêveur.

J'avais moins apprécié les Betty (que j'ai toujours, mais ne les ai pas relus depuis ... je ne sais plus!), mais je crois que les illustrations de Patrice Harispe y étaient pour quelque chose, à l'époque, je n'accrochais pas du tout).

Très intéressants, Gwenael, tes commentaires sur les livres d'école d'Enid Blyton, commentaires dont je viens seulement de prendre connaissance - donc avec passablement de retard, il est vrai ! - mais que j'ai lus avec un intérêt non démenti.

Ainsi, tu aimes bien les Malory School, tant mieux ! Et voilà qui prouve une fois de plus que de manière générale cette série plaît autant aux garçons qu'aux filles, même si elle s'adresse principalement à ces dernières. Tout comme les Bennett, d'ailleurs, qui eux sont destinés aux membres de la gent masculine surtout - d'après l'éditeur du moins ! - mais que les lectrices trouvent aussi à leur goût. 

Quant aux soirées anniversaire de Malory School, tu fais bien de les évoquer : j'avais justement envie d'en parler ! Ces fêtes nocturnes prennent un caractère enchanteresque, magique, féerique pour tout dire, par nuits de pleine lune. Un pur régal, ces descriptions-là ! Et quel est l'amateur d'Enid Blyton qui ne s'est délecté de les lire : de jeunes filles en tenue de bain, se batifolant et s'amusant comme des folles dans la piscine de l'école, se régalant avec des victuailles dignes de Gargantua, le tout à une heure avancée de la nuit...! Rires, chuchotements, gloussements de joie sont toujours au rendez-vous, pour le plus grand bonheur du lecteur. Ces parties de plaisir - strictement défendues par le règlement intérieur, il faut le souligner ! - mettent du piment dans l'existence des pensionnaires qui risquent les foudres de leurs surveillantes si celles-ci font irruption en pleine fête... Mais le jeu en vaut la chandelle. Et puis, faire de temps à autre une entorse aux rites établis, ce n'est pas un crime de lèse-majesté ! Ah ! ce n'est pas sans raison qu'Enid Blyton avait été surnommée "reine de la littérature pour enfants" dans son Angleterre natale.

Gwenael, puisque tu dis aimer les romans scolaires blytoniens, tu peux si tu le veux participer aux Malory School en livres du mois. Tu trouveras le sous-forum prévu à cet effet sous la rubrique du même nom en page d'accueil.

Et je profite de ce qu'on parle école pour souhaiter une bonne rentrée à tous les membres enseignants du Forum.

Ca m'etonne d'apprendre que on reproche a Enid Blyton son manque d'humour, car je trouve que elle en a justement beaucoup. Ca m'est arrive de rire tout a coup lorsque je lis des mysteres des 5 detectives et leur chien. Par example quand ils se moquent de Circulez. Quant a ce  passage de Malory School, il est effectivement drole aussi et un peu ringard. En fait, lorsque je relis les "Malory School", je trouve que c'est vraiment vieux jeu, mais c'est ca qui fait leur charme. Je viens de relire apres des annees, 'sauvetage a Malory School'. J'en parle dans la section 'livre du mois'.

Il y a beaucoup d'humour dans Blyton, dans les dialogues principalement, même dans les CD5 que j'ai commencé à relire.

Même si l'œuvre d'Enid Blyton n'est pas aussi survoltée que celle d'un Georges Chaulet, il est certains ouvrages où l'humour est souvent présent. Je pense à la série des Cinq Détectives, déjà citée, mais aussi à la mini-série Barney. Entre les bêtises de Toufou, les facéties de Virginie et les maladresses de Crac, les occasions de rire ne manquent pas. S'il est un auteur pour enfants que je qualifierais de "triste", ce serait plutôt Paul-Jacques Bonzon. Même si les dénouements sont presque toujours empreints d'espoir, les histoires comprennent souvent des moments de gravité, voire de tristesse. Ce qui n'enlève évidemment rien à la qualité de l'œuvre de PJB, empreinte de générosité et d'humanité.