| Les barrières sociales chez Enid Blyton | |
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Quasimodo Album rose
Nombre de messages : 36 Age : 56 Localisation : Fribourg Suisse Date d'inscription : 15/10/2014
| Sujet: Les barrières sociales chez Enid Blyton Mar 3 Mar 2015 - 1:38 | |
| Cela ne m'avait pas trop choqué dans mon enfance, mais en relisant mon auteure préférée (que j'adore toujours autant, attention), j'ai été choqué de lire, dans le mystère de la roche percée, que Sylvain devait manger à l'office avec les domestiques, et non avec ses amis les Verdier. Pire encore pour ce pauvre Ray Groddy, qui se comporte comme le petit chien de Fatty dans le mystère de la chaloupe verte. Après s'être échappé de chez son méchant oncle, le pauvre garçon est contraint de dormir dans la remise de son héros. Cela n'empêche pas Ray, éperdu de reconnaissance, de clamer "tu es un ami, Fatty". Et c'est là que ce dernier a cette réponse affreuse: "peut-être qu'un jour je pourrais dire la même chose de toi". Certes, cela peut prêter à sourire avec du recul, car autre époque, autres mœurs. Ces 2 exemples m'ont toutefois marqué, car d'un autre côté, dans un ouvrage comme le club des cinq et le coffre aux merveilles, François et Mick préfèrent dormir dans la paille de la grange avec les jumeaux. Mieux encore: ils s'allient avec les enfants des fermiers pour damer le pion à l'insupportable Junior. Il est donc amusant de constater que dans certains de ses récits, Enid Blyton s'applique à gommer les différences de classe, alors que dans d'autres - surtout la série des Cinq Détectives - elle a tendance à les exacerber. |
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Pat Galaxie
Nombre de messages : 1934 Age : 58 Localisation : Framboisy Date d'inscription : 04/03/2009
| Sujet: Re: Les barrières sociales chez Enid Blyton Mar 3 Mar 2015 - 8:15 | |
| Je crois que dans le cd5, il y a des passages où après avoir sympathisé avec les enfants, Jo la gitane continue de manger à la cuisine. Cela se remarque peu car comme elle met les doigts dans les pots de confiture, elle est exclue des "bonnes manières" du repas dans la salle à manger.
Mais pour un auteur anglais de la génération de Blyton, la notion de classe sociale est importante. Cela continue dans l'Angleterre actuelle compte tenu de l'existence de la Noblesse et aussi des Clubs.. J'ai lu qu'il y avait des différences d'accent très sensibles et reconnues entre les classes sociales. Dans les romans policiers, il est souvent précisé que les chefs de la police appartiennent à l'aristocratie. |
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tali Galaxie
Nombre de messages : 1364 Age : 72 Localisation : france Date d'inscription : 03/07/2010
| Sujet: Re: Les barrières sociales chez Enid Blyton Mar 3 Mar 2015 - 14:21 | |
| Bonjour,
Tu dois être un amateur d'Anne Perry Pat! Les chefs de police sont toujours des membres de l'aristocratie ou du moins des grandes familles, même s'ils sont totalement incompétents, alors que des policiers issus de classes populaires et devenus des "chefs" par leur propres mérites sont snobés et méprisés....remarquable analyse du 19éme anglais de cette auteure de policiers (qui bien sur n'approuve pas!). |
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mouette Galaxie
Nombre de messages : 2531 Age : 69 Localisation : pays de la loire Date d'inscription : 22/09/2010
| Sujet: Re: Les barrières sociales chez Enid Blyton Mar 3 Mar 2015 - 22:57 | |
| Tout à fait d'accord avec vous deux ! à propos des Cinq D le sujet avait été abordé il y a longtemps à l'occasion d'un livre du mois... j'avais été moi aussi très choquée par la façon très dédaigneuse voire méprisante dont Fatty en particulier se comportait avec Ray... et c'était bien du mépris "de classe" au-delà de la condescendance que pourrait éprouver un garçon doué envers un autre qui l'est moins; en fait le pire étant que les deux semblent et aller ensemble et aller de soi.... et ce comportement venant d'un personnage "positif" comme Fatty, l'on imagine le retentissement chez le lecteur... Tu as aussi raison, Quasimodo, en disant qu'Enid n'est pas tout d'une pièce à ce sujet. Je pense en particulier à l'excellente mini-série Les Six Cousins (mes deux volumes préférés d'Enid Blyton !) où l'intrigue se déroule chez deux familles de "fermiers" - le manque de notoriété de la série par rapport au Cd5 lui a miséricordieusement épargné une nouvelle traduction truffée d'"agris" et de quotas... - l'une expérimentée et l'autre novice, et leur situation sociale est présentée sans la moindre condescendance, avec finesse et un certain réalisme, et une sympathie qui ne paraît pas feinte. Quant au monde des gitans, il me semble assez clair, et ça n'a bien sûr rien d'original de le dire , qu'Enid éprouvait à son égard une fascination-répulsion qui en fait presque un cas d'école... merci en tout cas à elle d'avoir créé ce superbe personnage de Jo la gitane, encore magnifié par le talent de Jeanne Hives ! Tali, j'imagine que nous pensons toutes les deux avec une certaine affection à l'inspecteur Thomas Pitt qui doit supporter la condescendance d'une partie de la famille de son épouse... et même dans des intrigues britanniques contemporaines, chez Elizabeth George, Martha Grimes ou la regrettée P.D. James le commissaire ou du moins enquêteur le plus gradé et celui qui devine tout ! provient d'une classe au moins aisée sinon aristocratique... Il me semble toutefois que chez Ruth Rendell l'inspecteur Wexford a des origines plus "populaires" ? mais je n'en suis pas sûre, je n'ai pas lu de Rendell depuis longtemps. Thank you pour avoir créé ce intéressant sujet ! |
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tali Galaxie
Nombre de messages : 1364 Age : 72 Localisation : france Date d'inscription : 03/07/2010
| Sujet: Re: Les barrières sociales chez Enid Blyton Mer 4 Mar 2015 - 10:04 | |
| Bonjour, Pitt ainsi que Monk sont tous les deux "snobés" en raison de leurs origines mais gardent malgré tout une certaine attirance pour cette "aristocratie". Les personnages féminins me paraissent d'ailleurs beaucoup moins influençables (Hester ). Je n'avais pas immédiatement pensé à E.George! Très bien vu, Mouette. Il va falloir que je relise aussi P.D.James en plus de R. Rendell et que je trouve les "six cousins" que je ne connais pas du tout. Pour ce qui est du monde gitan, même attirance pour Elizabeth Goudge mais pas de répulsion par contre, il représente souvent la nature et la liberté. C'est "en gros" la même époque qu'E. Blyton avec à peu près la même influence sur les jeunes lecteurs, particulièrement en Angleterre . Même attirance aussi pour une certaine "aristocratie" qui est toutefois désargentée et sensible au monde qui l'entoure et en particulier à l'Art. Les petits artisans et ouvriers, loin d'être méprisés, sont mis en valeur. Des approches à la fois complémentaires et différentes qui nous permettent de saisir un peu 'l'atmosphère" des 19ème et 20éme anglais. |
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Pat Galaxie
Nombre de messages : 1934 Age : 58 Localisation : Framboisy Date d'inscription : 04/03/2009
| Sujet: Re: Les barrières sociales chez Enid Blyton Mer 4 Mar 2015 - 11:14 | |
| Je n'ai jamais lu Anne Perry, mais les dames anglaises du crime ne manquent pas pour décrire dans leurs polars les classes sociales anglaises. Dans Agatha Christie, il y a souvent le thème des aristocrates ruinés (par les guerres ou les lois travaillistes) totalement désarçonnés à l'idée de devoir travailler au lieu de vivre de rentes |
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Quasimodo Album rose
Nombre de messages : 36 Age : 56 Localisation : Fribourg Suisse Date d'inscription : 15/10/2014
| Sujet: Re: Les barrières sociales chez Enid Blyton Sam 7 Mar 2015 - 13:54 | |
| - Pat a écrit:
- Je crois que dans le cd5, il y a des passages où après avoir sympathisé avec les enfants, Jo la gitane continue de manger à la cuisine. Cela se remarque peu car comme elle met les doigts dans les pots de confiture, elle est exclue des "bonnes manières" du repas dans la salle à manger.
Mais pour un auteur anglais de la génération de Blyton, la notion de classe sociale est importante. Cela continue dans l'Angleterre actuelle compte tenu de l'existence de la Noblesse et aussi des Clubs.. J'ai lu qu'il y avait des différences d'accent très sensibles et reconnues entre les classes sociales. Dans les romans policiers, il est souvent précisé que les chefs de la police appartiennent à l'aristocratie. Les ouvrages d'Enid Blyton où cette notion de classe sociale est la plus flagrante me semble être la série "Les Cinq Détectives". Il est par exemple fait mention des parents de nos héros qui vont jouer au bridge, qui donnent pour des œuvres de charité et qui ont des domestiques. La mid-upper class britannique dans toute sa splendeur Je trouve cela très instructif pour des lecteurs d'une autre génération, et nettement moins barbant que la Comtesse de Ségur, car les intrigues et leurs personnages ont gardé toute leur fraîcheur. |
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tali Galaxie
Nombre de messages : 1364 Age : 72 Localisation : france Date d'inscription : 03/07/2010
| Sujet: Re: Les barrières sociales chez Enid Blyton Sam 7 Mar 2015 - 16:39 | |
| Bonjour,
Pour alimenter le débat, une petite citation d'Anne Perry :" Elsa fut surprise par la voix...à la diction d'un homme bien éduqué, ce qu'en principe il ne pouvait pas être, car sinon que faisait-il dans la police? Chacun savait que, exceptés les postes clés de cette administration, les autres emplois étaient occupés par des gens d'origine sociale modeste, que même les domestiques regardaient de haut".... |
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mouette Galaxie
Nombre de messages : 2531 Age : 69 Localisation : pays de la loire Date d'inscription : 22/09/2010
| Sujet: Re: Les barrières sociales chez Enid Blyton Sam 7 Mar 2015 - 21:55 | |
| Merci Tali, que voilà une citation bien claire et catégorique (et aussi catégorielle)... c'est vrai que ça n'étonne pas lorsqu'on voit chez le même auteur l'ahurissante arrogance avec laquelle les membres de la "gentry" rejettent tout interrogatoire de la part de la police de l'un(e) de leurs membres... Dans cet ordre l'on apprend aussi au cours de la série "Monk" de la même Anne Perry dans quelle piètre opinion étaient tenues les infirmières de l'époque victorienne, ce qui nous paraît incroyable aujourd'hui ! Elles étaient considérées comme des femmes de mauvaise vie, pratiquement au même rang que les prostituées... Perry nous fait aussi comprendre que leur recrutement à l'époque n'était pas toujours très regardant, mais quand même ! à l'époque où se déroulent les aventures de William Monk et de son amie puis épouse, l'infirmière Hester, la conduite héroïque de Florence Nightingale et de ses disciples pendant la guerre de Crimée a tout juste et très lentement commencé à faire évoluer l'opinion... Pat, c'est vrai que le "déclassement" ou la ruine sont des thèmes de prédilection des écrivains britanniques, je dirais au moins jusqu'au milieu du siècle dernier... pour rester dans les livres de jeunesse je pense par exemple à Petite Princesse de Frances Hodgson Burnett dont la jeune héroïne connaît une descente aux enfers qui n'a rien à envier à celle d'Amélie Nothomb dans Stupeur et tremblements ! Ah Tali j'aime beaucoup moi aussi Elizabeth Goudge, je crois que nous en avons déjà un peu parlé... j'aime sa finesse, sa délicatesse, son sentiment de la nature si anglais et qui lui est en même temps si personnel. Ce n'est sans doute pas un "grand" écrivain mais c'est une petite merveille... Quasimodo, merci beaucoup pour avoir créé ce sujet et pour tes analyses ! pour ma part, et ces différences sont caractéristiques d'un vrai forum , je n'aime guère la série "Cinq Détectives" je ne suis pas très attirée par cette bienveillance sans recul et sans distance envers des parents et des enfants de classe aisée qui se permettent d'être condescendants voire méprisants... à l'égard par exemple d'un Ray qui est gentil, ardent, plein de bonne volonté et pourquoi le peindre naïf et vaniteux alors que les "cinq" sont des enfants parfaits ? parce que c'est le neveu de Groddy et qu'il ne vient pas d'une "bonne famille" et n'a pas de relations privilégiées avec le superintendent ? mais je m'emballe, ce doit être mes fibres bonzonophiles et mauffrettiennes qui se réveillent je préfère tellement leur vision des choses... et même, pour rester dans un univers plus britannique et aristocratique celle d'Elizabeth Goudge ! ou bien l'ironie un peu perverse d'un Woodehouse... A ce propos quelqu'un aurait-il lu La dernière conquête du major Pettigrew d'Helen Simonson, ce roman délicieux sur la rencontre d'un bien traditionnel ancien officier anglais et d'une épicière pakistanaise ? je ne vous en dis pas plus, ça n'a rien d'un Harlequin, à mon goût c'est fin, drôle, émouvant... délicieux ! |
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Quasimodo Album rose
Nombre de messages : 36 Age : 56 Localisation : Fribourg Suisse Date d'inscription : 15/10/2014
| Sujet: Re: Les barrières sociales chez Enid Blyton Mar 10 Mar 2015 - 6:13 | |
| C'est clair que Paul-Jacques Bonzon est aux antipodes d'Enid Blyton pour ce qui est du milieu social de ses personnages. Il m'est difficile de dire lequel de ces 2 auteurs je préfère, tant ils ont tous 2 enchanté mon enfance, chacun dans leur style. J'éprouve toujours le même bonheur à les relire. J'opte pour l'un ou pour l'autre en fonction de mon état d'esprit du moment. L'univers de PJB est souvent empreint de tristesse. Cela ressort d'autant plus que les situations et les personnages sont dépeints avec sensibilité et réalisme. A l'opposé, l'univers de Blyton peut paraître par moments superficiel, surtout aux yeux des adultes que nous sommes devenus. Mais n'est-ce pas justement cette douce naïveté qui nous rappelle si délicieusement notre enfance? |
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mouette Galaxie
Nombre de messages : 2531 Age : 69 Localisation : pays de la loire Date d'inscription : 22/09/2010
| Sujet: Re: Les barrières sociales chez Enid Blyton Mar 10 Mar 2015 - 22:13 | |
| C'est vrai et si joliment dit... Quasimodo de Fribourg, ne serais-tu pas toi-même un tout petit peu écrivain ? |
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Quasimodo Album rose
Nombre de messages : 36 Age : 56 Localisation : Fribourg Suisse Date d'inscription : 15/10/2014
| Sujet: Re: Les barrières sociales chez Enid Blyton Mar 10 Mar 2015 - 22:19 | |
| Hahaha non |
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mouette Galaxie
Nombre de messages : 2531 Age : 69 Localisation : pays de la loire Date d'inscription : 22/09/2010
| Sujet: Re: Les barrières sociales chez Enid Blyton Mar 10 Mar 2015 - 22:26 | |
| En tout cas tu n'écris pas en vain... |
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Quasimodo Album rose
Nombre de messages : 36 Age : 56 Localisation : Fribourg Suisse Date d'inscription : 15/10/2014
| Sujet: Re: Les barrières sociales chez Enid Blyton Mar 10 Mar 2015 - 22:31 | |
| Enfant, quand je lisais nos auteurs préférés, j'ai pensé un temps devenir écrivain, mais finalement j'ai préféré le micro à la plume (je suis animateur de radio) |
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tali Galaxie
Nombre de messages : 1364 Age : 72 Localisation : france Date d'inscription : 03/07/2010
| Sujet: Re: Les barrières sociales chez Enid Blyton Sam 14 Mar 2015 - 11:16 | |
| Bonjour, Non, je n'ai pas lu "La dernière conquête du Major Pettigrew" mais j'en ai entendu parler en très bon. Je me mets donc à sa recherche, merci, Mouette Désolée d'avoir répondu aussi tardivement.... |
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mouette Galaxie
Nombre de messages : 2531 Age : 69 Localisation : pays de la loire Date d'inscription : 22/09/2010
| Sujet: Re: Les barrières sociales chez Enid Blyton Sam 14 Mar 2015 - 21:58 | |
| Coucou tali, J'espère et je pense sincèrement que tu te régaleras... je l'ai lu en bibli sinon je te l'aurais envoyé. |
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mina Galaxie
Nombre de messages : 1186 Age : 61 Localisation : Vancouver, Canada Date d'inscription : 08/07/2007
| Sujet: Re: Les barrières sociales chez Enid Blyton Mar 24 Mar 2015 - 10:01 | |
| La difference de classe a toujours existe et continue a exister dans l'esprit de beaucoup de gens, veut, veut pas. Des fois involontairement et inconsciement... mais ca existe tout de meme. Pour avoir vecu dans les deux continents, je me permet de dire qu'elle est beaucoup plus marquee en Europe (meme en France) qu'en Amerique du nord. Pour ce qui est de Enid B., ca ne me choque pas trop, car c'etait l'epoque. Donc, le sexisme, les prejuges etc. bof, ca fait partie du tableau. Je prefere conserver l'original que changer un coup ici et un coup la. Autrement dit, et on en revient au sujet des adaptations politiquement correctes qui ont ete effectuees avec les livres anciens, non aux adaptations. De grace, gardons les originaux!!! |
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tali Galaxie
Nombre de messages : 1364 Age : 72 Localisation : france Date d'inscription : 03/07/2010
| Sujet: Re: Les barrières sociales chez Enid Blyton Mar 24 Mar 2015 - 10:22 | |
| Tu as tout à fait raison Mina. Les versions originales sont le reflet d'une époque, c'est un peu l'Histoire que l'on occulte en "modernisant" chaque texte et c'est bien dommage. Chaque auteur devrait rester dans son texte, dans son époque, même pour les auteurs actuels de livres sur les siècles passés car leurs réactions vis à vis de ce qui se passait jadis est, pour moi, significative de réactions contemporaines à l'auteur plus "moderne". Je ne sais pas si je me fais bien comprendre .... |
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| Sujet: Re: Les barrières sociales chez Enid Blyton | |
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