Le "genre" dans les livres d'enfants

A ce propos je me demande si on ne devrait pas ouvrir un sujet sur le "genre" des livres d'enfants. Je n'ai lu aucun Michel, aucun Langelot, aucun Bennett d'une part, parce qu'il n'y en avait pas dans nos bibliothèques de filles au pensionnat (non mixte de la 6e à la 3e). Et d'autre part parce que, si j'avais pu y avoir accès, je les aurais sans doute moi-même catalogués comme "livres pour garçons", du fait de leur héros masculin. Dans mon univers d'enfant, les filles lisent Alice, Fantômette et les CD5 et CLD7 car ce sont les aventures de garçons et de filles

@ Caribou
merci pour ta proposition car je doute de pouvoir trouver un Bennett dans les parages.

C'est une bonne idée, Chamane. Et c'est d'actualité, qui plus est, avec l'application de la Théorie du genre qui est en train de se faire dans les écoles.

Un tel sujet devrait intéresser Cedrix car il s'est plaint quelquefois de cette séparation des genres dans le choix des lectures pour enfants.

Effectivement, Chamane et Gigi, c'est un sujet qui me tient à cœur. Je sais que les mentalités changent doucement, mais à l'époque de notre enfance, les choses étaient encore très cloisonnées. Il serait donc intéressant pourquoi les membres/membresses (!) du forum ont lu ou pas telle ou telle série : comme le dit Chamane, est-ce uniquement par goût (après avoir essayé), par disponibilité, par pression extérieure...

Suite au sujet sur les couvertures de "Michel" (et Alice") proposé par Gigi, je reviens sur la question du genre des livres pour enfants et sollicite à nouveau les modérateurs sur cette question en vous demandant votre avis aux uns et aux autres : Quelles sont les filles qui ont lu des "Michel" et les garçons des "Alice" ?

Euh, moi !   Des Alice, Soeurs Parker, Fantômette...

La théorie du genre est tout sauf ma tasse de thé !
J'ai essayé de lire quelques Alice et Soeurs Parker. Comme je l'ai déjà dit et écrit quelque part dans ces pages je n'y ai pas adhéré non pas parce que je n'étais pas une fille mais parce que je trouvais ça Hénaurme ! Tout comme le Cd7. Peu plausible quoi... 
A l'inverse j'ai toujours beaucoup apprécié une série de BD intitulée Yoko Tsuno au motifs que c'était (très) bien dessiné et que les scénarios étaient bien ficelés.
Je ne me souviens pas avoir essayé de Fantômette, probablement une erreur... 

Bonsoir à tous/toutes!
Peut-être que de mon temps ce n'était pas aussi cloisonné, mais il l'était encore. En tout cas, j'ai lu avec ma soeur des séries de filles comme "Malory School" ou "Saint-Clair". Mais c'est vrai que ce sont des Blyton et j'ai lu enfant tous les livres et séries de Blyton dont je suis fan absolu!
Les autres classiques de mon enfance étaient "Les Jolivet" (en Espagne on a publié les 33 tomes de la collection) et "Les Trois jeunes détectives" (on a publié aussi tous les tomes).
Adulte, j'ai lu aussi un ou deux Alice, soeur Parker ou Fantômette, mais c'est vrai que je les ai lus comme autant d'autres séries pour pratiquer mon français et apprendre du vocabulaire ou fixer des structures.
Je n'avais jamais entendu dire que le CD5 et le CD7 étaient pour filles...  Au moins en Espagne c'étaient aussi bien pour les filles que pour les garçons. En France ils étaient classés "filles"?

Non, Pontus, le CD5 et le CD7 ne sont "genrés". Même les ours les ont lus. 
Par contre, je ne me rappelle pas comment je me suis retrouvé à les lire. Sûrement ma mère qui nous en avais acheté un pour nous faire tenir tranquilles. En tout cas, ça a bien pris.

... Voyons, résumons : si le personnage principal est une fille ou de jeunes enfants, alors il s'agit d'une série pour filles, c'est bien ça ?!!

Ou pas.

Pour ma part, je me rappelle encore très bien avoir lu certains "Fantômette" quand j'étais à l'âge des BV/BR, et j'aimais bien. Mais c'est vrai que les "Alice" étaient plutôt le terrain de lecture de ma soeur aînée. Je ne pense pas que le "genre" soit en cause ici, mais plutôt seulement le type de récit et l'ambiance de ces romans, qui devaient s'adresser à un lectorat un peu plus âgé que je ne l'étais alors.

Par contre, il me semblerait assez difficile de contester que les "Langelot" ou les "Michel" s'adressent plus spécifiquement à un lectorat masculin.

Quant à "Oui-oui", euh... pas de polémique !

snarkhunter a écrit:

Quant à "Oui-oui", euh... pas de polémique !

Mon frère m'avait vanté les 6C comme étant la meilleure série. Je les ai donc tous lus (au moins tous ceux écrits par PJ Bonzon). Mais je n'ai jamais été conquis...   Et je pense qu'en fait je les lisais l'un après l'autre dans l'espoir de tomber sur la ou les perles rares suggérées par mon frère, mais je ne les ai pas trouvées...
De PJB j'aurai finalement préféré Le voyageur sans visage ou Mon Vercors en feu.

Merci à tous de donner vos avis, surtout quand vous avez essayé des séries de tous les "genres" !  
Ce que je déplore, à l'époque des années 60-70 (mais c'est sûrement encore vrai à l'heure actuelle) c'est la classification, imposée par les éditeurs (car écrite en toutes lettres), de "livres pour garçons / livres pour filles". Cela oriente ainsi les choix (inconscients ?) des lecteurs, mais aussi (conscients !) des parents qui veulent acheter un livre pour leurs enfants. Plus que pour les livres, c'est le cas aussi pour les jouets, où peu d'adultes (mais j'espère me tromper) offriront sciemment une poupée à leur fils ou un camion à leur fille. 
Pour ma part, j'ai eu la chance de pouvoir essayer plusieurs choses. J'ai beaucoup accroché à Fantômette dans un premier temps, et j'étais fasciné par cette jeune fille "ordinaire" qui se transformait en héroïne le soir venu, et résolvait des mystères dans des aventures trépidantes, et dans une atmosphère parfois angoissante. J'ai lu quelques CD5, mais j'étais surtout captivé par la série télévisée. Je n'ai lu aucun CD7 ni aucun 6C. J'ai alors découvert, grâce à ma grande soeur, les séries Alice et Les soeurs Parker, dont les histoires, je m'en rends compte maintenant, sont peu crédibles et souvent abracadabrantes, à tel point que leur relecture adulte est souvent difficile... Mais je ne m'en souciais pas à l'époque et j'ai dévoré la quasi-totalité des deux séries lors de mes lectures estivales. Je pense que, sans m'identifier forcément aux héroïnes, j'étais conquis par ces jeunes filles intelligentes, douées et qui se sortaient toujours de situations périlleuses. C'est aussi ma sœur qui m'a fait découvrir la saga Alfred Hitchcock (ciblée garçons ?), à laquelle j'ai aussi beaucoup accroché, même si c'était dans une moindre mesure. Et c'est en CM2 que j'ai découvert Bennett, à travers une lecture scolaire. Quel bon souvenir ! Quant aux séries "typiquement" masculines, je me souviens avoir emprunté le premier tome de Langelot (plus intéressé par le physique avantageux du héros sous le crayon de Maurice Paulin que par l'intrigue ) mais ne pas avoir poursuivi avec les livres suivants. Peut-être n'étais-je pas assez mûr pour apprécier l'humour (que j'apprécie énormément maintenant) et pas assez "bricoleur" pour être intéressé par les gadgets ou détails techniques des enquêtes. C'est donc pour ça que je n'apprécie pas nombre de lectures pour garçons : je n'ai pas le goût pour les clichés masculins (type foot, vélo, bricolage...) 
Donc, j'ai l'impression que peu importe que le héros soit fille ou garçon (même si je reste fasciné par la "force" féminine, et trouve souvent fabuleuses les héroïnes), il faut que j'adhère à l'atmosphère et à l'intrigue, qui doit correspondre à mes goûts (qui, eux, ne sont pas forcément masculins). Ainsi, mes goûts pour le fantastique et la science-fiction m'ont logiquement porté (encore a-t-il fallu qu'à un moment donnée, on me donne la chance d'y avoir accès, soit par un conseil, un cadeau, ou une visite à la bibliothèque) vers la série qui reste ma série culte : "Les conquérants de l'impossible" de Philippe Ebly (ainsi que sa petite soeur, "Les évadés du temps"). 
Il faut donc casser les codes, ne pas classifier les livres, ou en tout cas par sur le mode binaire précédemment utilisé, proposer de tout à tous, et chacun se fera son avis (souvent, hélas, formaté par l'environnement et la société qui restent, eux, très hierarchisés) 

Cedrix a écrit:

Il faut donc casser les codes, ne pas classifier les livres, ou en tout cas par sur le mode binaire précédemment utilisé, proposer de tout à tous, et chacun se fera son avis (souvent, hélas, formaté par l'environnement et la société qui restent, eux, très hierarchisés) 

Entièrement d'accord !
Mais il faut du temps...
60/70 n'a rien à voir avec notre époque, le contexte d'hier est impensable aujourd'hui.
La pilule contraceptive date des années 60. Même après "68", une femme mariée n'avait pas le droit d'ouvrir un compte bancaire sans l'accord de son mari.
La peine de mort était dans le droit Français.
Madame Veil c'est fait insulter à l'Assemblé en défendant l'IVG (SS, Camp de la mort, etc).
Beaucoup de jeunes filles de l'époque étaient forcés d'abandonner le « fruit de leur péché » dans des institutions religieuses. Les dernières institutions de placement fermeront fin 70. Idem pour les garçons trop vieux pour l'adoption.
Et sauf erreur la mixité cantonnée aux petites écoles de campagne devient obligatoire vers 1975.
Il est amusant de lire des réclames de l'époque ou une marque d'électroménager avait pour slogan : Moulinex libère la femme (1962)
La première illustration couleur des 6C (Compagnons de la Croix-Rousse) est la preuve que c'était une autre époque. Impensable aujourd'hui !
La démarche des éditeurs, fabricants de jouets était sans doute de s'adapter au mieux des demandes du "marché" des années 60/70.

Nous sommes en 2019, aucun doute c'est mieux maintenant.
Et je n'ai pas l'impression que les éditeurs ; aujourd'hui sont sur le « mode binaire précédemment utilisé ».

Je me souviens avoir lu des Modes & travaux, j’étais émerveillé par les "techniques" employés... Je ne sais pas tricoter, ni coudre !