Bonjour
Je vous dépose ici le début de mon premier conte intitulé "Les chaussettes perdues" édité aux éditions Edilivre.
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Il faut que je vous raconte dès maintenant une aventure qui m’est arrivée quand j’étais petit. J’avais environ six ans, nous habitions mon père, ma mère, et moi, dans une belle maison avec un beau jardin.
Mon père était vendeur d’encyclopédies et je ne comprenais pas bien comment il pouvait vendre tant de livres si gros avec si peu d’images. Il devait souvent partir pour vendre ses livres et il me ramenait toujours un petit cadeau quand il était parti trop longtemps. J’avais alors droit à une bande dessinée ou un petit jouet comme une petite voiture ou un petit camion. Quand il était à la maison nous jouions souvent ensemble dans le jardin où, m’avait-il dit, il valait mieux cueillir quelques fleurs pour maman quand j’en revenais tout crotté.
Ma mère avait un gros ventre tout rond et m’avait dit que dedans il y avait un petit frère et je l’attendais avec impatience pour pouvoir jouer avec lui. Elle me conduisait à l’école en Solex et cela qu’il neige ou qu’il vente. Je me souviens d’un jour ou nous avons échappé de peu à un accident : à cause de la pluie a raconté ma mère à mon père le soir même.
Je vivais entre le jardin et ma chambre, et notre vie, à tous, aurait pu être très heureuse si cette maison n’avait pas deux gros défauts. Le premier, était que l’eau venait d’une source et que l’été venu, elle se tarissait et là, coulait des robinets, un filet d’eau brune salie par la terre, que la source charriait. Le deuxième défaut était que juste avant notre maison, se situait un petit atelier où un habile menuisier fabriquait des chaises. Mais quand il faisait tourner ses machines les plus gourmandes, nous n’avions plus qu’un tout petit reste d’électricité, nettement insuffisant, disait ma mère, pour une maisonnée avec bientôt deux enfants.
Vous comprendrez facilement qu’il nous était difficile de nous laver avec de l’eau sale et qu’il était impossible pour ma mère de laver décemment le linge à la machine sans électricité. Voilà pourquoi ma mère, exaspérée, finit par convaincre mon père qu’il était temps de déménager. Le grand jour arriva bien trop tôt pour moi qui me retrouvai dans un endroit inconnu et surtout privé de ce si joli jardin.
Notre nouvelle maison qui avait été longtemps inhabitée me paraissait plus vieille et beaucoup moins jolie. Cependant, elle avait tout le confort moderne, comme se plaisait à le dire ma mère. Nous vivions à l’étage si bien qu’une partie du rez-de-chaussée nous servait de cave et tout en haut se situait le grenier dans lequel, pour une raison qui me paraissait bien obscure, je n’avais pas le droit de me rendre.
Non loin de notre nouvelle maison, habitait un vieux monsieur qui était chiffonnier : son métier c’était de récupérer des chiffons, mais il ne récupérait pas que ça. Il fouillait les poubelles aussi et prenait tout ce qu’il pouvait pour réparer ou faire d’autres choses avec. Dans la cour de sa maison, il y avait plein de choses comme des tas de vieux tissus, de la ferraille, des bouteilles en verre mais aussi des machines bizarres et colorées qui tournaient au vent et je ne sais quoi encore. Ma mère, prudente, comme toutes les mères envers leurs enfants, m’avait interdit d’approcher cette maison, mais j’y étais allé quand même, et j’avais bien vu que le vieux monsieur était gentil puisque nous avions beaucoup discuté et qu’il m’avait même donné quelques bonbons.
Parfois, j’entendais des bruits étranges dans la maison. Mes parents me rassuraient en me disant que c’était une chose courante dans les vieilles maisons et qu’il n’y avait aucune crainte à avoir à ce sujet.
Tout se passait bien. Je m’amusais beaucoup dans ce nouvel endroit, mais un problème est vite apparu. J’avais beau faire attention le soir en me déshabillant, force était de constater qu’au petit matin, au lieu des deux chaussettes, je n’en comptais qu’une, voire aucune, les mauvais jours. Ma mère me rouspétait, disant que je pourrais faire plus attention à mes affaires, mais moi je savais bien que je n’y étais pour rien.