Notre trésor "1788" offert par @Chamane...
Il nous est arrivé à tous à un instant de se dire :
« que cette chose est belle. »C'est souvent ce que l'on constate quand on découvre la police de caractère de
Claude Garamont.
Chercher à répondre à la question « pourquoi la police
Garamond est une belle police ? »
est chose quasi impossible. C'est du Garamond point barre !
Je vais essayer d'entrouvrir la
« porte » de cette police Garamond qui fascine autant le
créateur typographique que le simple lecteur. Garamond m'a toujours étonné par sa simplicité
sa rigueur et sa
"beauté naturelle".
Lisez les liens et si vous revenez ICI, alors c'est que vous recherchez le côté
irrationnelle de Garamond. Et quand on parle de Garamond, c'est comme pour
« la cantate du Café » de J-S Bach. Une multitude d'interprétations pour sublimer l’œuvre du Maître.
Il existe aussi un grand nombre de variantes de la police Garamond.
Ci-dessous, des caractères type romain Garamond.
On remarque la goutte du <a>, comme l'aplatissement du départ de la plume.
Calligraphie de l'écriture que l'on observe avec les caractères <c>,<e>,<f>,<j>,...
Dans la variante du <H> dessiné par Robert Slimbach pour Adobe,
les angles des empattements sont émoussés, arrondis. Robert Slimbach
a voulu reproduire sans doute la foulure du plomb dans le papier après
de multiples usages. Certaines variantes Garamond poussent même le
détail à faire varier le dessin des bas & haut de casse du <H>.
La hauteur du <H> à l’intérieur de l’espace verticale du talus varie
en fonction de la variante (Garamond ITC).
Pour le <g>, les axes des "contreformes" ont des angles différents.
Les spécialistes supposent que cela joue sur la rapidité de lecture.
On remarque le petit œil du si caractéristique de Garamond qui
facilite la lecture.
En prenant le <m> comme exemple, les variantes sont sur la finesse
de la jonction. Résolument maigre ou plutôt traditionnelles comme une
plume virtuelle dans le dessin. Certaines variantes ont l'approche
du caractère qui « foule » le papier.
Le <o> permet de savoir si la variante Garamond chasse plus ou moins.
Et on peut continuer presque indéfiniment sur les autres caractères qui
caractérisent le côté post-gothique d'une Humane-Garalde ou une Garalde pure.
Mais j’arrête mon propos, car cela serait abuser de l'hospitalité du forum de Serge.
Je ne suis pas typographe, et suis donc incapable de répondre à votre (ma !) question :
« Pourquoi Garamond est une belle police de caractères ? »La police Garamond est idéal pour la « lecture ». Les lettres de Garamond
sont fluides, cohérentes, harmonieuses.
C'est un plaisir de lire un livre en Garamond.
Sélection de quelques
caractères typographiques Garamond.
Rappelons que la
« lecture » est l'exercice le plus difficile pour
l'espèce humaine. Au-delà de mettre en valeur un texte, la typographie
permet de faciliter l'exercice de
« lecture ». L'œil est le premier
« contacte » avec la typographie. Nous possédons un large spectre lumineux de
vision. Nous différencions aisément formes, localisations dans l'espace...
Malgré notre formidable capacité de vision, il est très simple de tromper
l’œil avec une simple image... ci-dessous¹.
La typographie effectue la correction de l'effet d'illusion applicable à tout
glyphe qui a des parties qui sont soit obliques, rondes ou pointues.
La typographie est au service du lecteur. C'est Pierre-Simon Fournier le jeune
qui définit les règles typographiques pour la langue françaises dans son
« Manuel typographique..., » de 1764.
- P-S Fournier a écrit:
- « Après les choses qui sont de première nécessité pour la vie, rien n'est plus précieux que les livres.
L'art TYPOGRAPHIQUE qui les produit rend des services importants et procure des secours infinis à la société.
Il sert à instruire le citoyen, à étendre le progrès des sciences et des arts, à nourrir et cultiver l'esprit,
et à élever l'âme : son devoir est d'être le commissionnaire et l'interprète général de la sagesse et de la
vérité ; en un mot, c'est le peintre de l'esprit. On pourrait donc l'appeler par excellence l'art des arts
et la science des sciences. » (Pierre-Simon Fournier le jeune, Manuel typographique..., 1764.)
On parle souvent du
« gris imprimeur ». Ce
« gris » permet de connaître instantanément
notre confort de lecture. Ayant lu les trois documents : de gauche à droite, un mémoire,
une thèse, un livre d'enfants. J'ai su que le mémoire était médiocre et les deux autres
de lecture
« agréable ». Le mémoire a été rédigé sous Word
(Microsoft) avec beaucoup
de difficulté d'après son auteur. Au-delà de 10 pages Word
est une merde. C'est un
manque de respect envers le lecteur, d'adresser un document pour une relecture.
Le développement de l’informatique, a permis de démocratiser un art et technique sans
nous tracasser de ces caractères et aux règles d’utilisation de ces derniers.
Le résultat de cet état de chose a été la multiplication de documents utilisant sans
discernement et avec un sens approximatif de l’esthétique, des caractères que l’on trouve
désormais en très grande quantité sur nos ordinateurs.
La typographie est un art qui comme l’architecture, la peinture ou la sculpture, répond
à certaines règles.
¹) Échiquier d'Adelson, la teinte de A & B sont identiques.
Triangle de Penrose
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