Jacques Rogy entre en scène (1963) (précédemment Trois garçons mènent l'enquête 1960) - T1

           

Un mystérieux individu débarque un jour á La Bégule. Il dévoile á Marc, dit "Marquis", le fils de l'aubergiste du "Lion d'Or", qu'il est journaliste et lancé sur la piste de voleurs de tableaux. Le garçon pourrait-il l'aider discrètement á mener son enquête ?...
Comment il sera prouvé que le journaliste n'est pas qui l'on pense, comment Marc échappera à un guet-apens, comment Jacques Rogy, aidé des gamins du village, fera la conquête d'un comte misanthrope, comment enfin seront découverts les fameux tableaux, au cours d'un mémorable combat ... c'est ce qu'on apprendra en lisant ce livre.

Bonjour les Rogyiens  

Lecture terminée pour moi.

J'ai bien apprécié ce roman, le premier de la saga des Jacques Rogy. Enfin, j'apprends les circonstances dans lesquelles ce reporter en tandem avec René, son précieux collaborateur, ce fameux René, entre en scène. Mais avant d'en arriver là, si le lecteur n'a pas d'abord lu le résumé en 4ème de couverture, il peut s'attendre à une surprise de taille. Je m'explique : les premières pages du récit, jusqu'à la 100ème, c'est-à-dire jusqu'au moment où Pat et Alain donnent un coup de téléphone affolé à Jacques Rogy après qu'ils se sont aperçus de la disparition de Marquis, laissent entendre que le client accidenté du Lion d'Or est en fait le vrai Jacques Rogy. Ce fut justement mon cas à moi - et bien m'en a pris - parce que c'est ça qui a fait que le suspens a pu être préservé pour moi jusqu'à la fin de l'histoire. Autrement, quel divulgâchis ! Le plus drôle, c'est que je n'ai même pas tiqué en voyant le faux Jacques Rogy représenté sous les traits d'un monsieur moustachu tel qu'illustré par Françoise Berthier. Bref... À eux deux, Jacques et René font bien la paire. On ne sait pas en revanche leur âge, qui n'est dévoilé à aucun moment. Tout juste si à deux ou trois reprises, l'un ou l'autre des personnages qualifie Jacques Rogy de jeune homme.

Cette idée de deux clans rivaux, composés pour l'un des garçons de La Bégule et pour l'autre de ceux de la Renardière (hameau voisin), est bien inspirée, je trouve. Ils sont très solidaires les uns des autres - au sein de leur bande respective, bien entendu - et leurs exploits ne sont pas sans rappeler certains romans des "Signe de Piste". Pour un peu, on se croirait même dans un livre de scoutisme. Les talents d'organisateur des jeunes gaillards de La Bégule, les maîtres-mots pittoresques qu'ils se sont donné, leurs signes de ralliement enfin, tous ces différents éléments sont vraiment très bien traités. Heureusement que les deux groupes de galopins finissent par se réconcilier quand le livre s'achève.  

Petit moment d'émotion dans la partie de l'intrigue où le petit Janpi (le benjamin des fils Barrois) est victime malgré lui d'un coup de feu. Encore heureux que l'incident ne tire pas à conséquence.

Le mystère qui concerne la disparition des reproductions des tableaux volés et qui vient se greffer sur celui qui fait l'objet du roman se trouvera résolu d'une manière tout à fait inattendue.  

Une invraisemblance à signaler : après la disparition de Marquis et jusqu'à ce qu'il soit ramené sain et sauf chez ses parents, on se demande comment ces derniers laissent leur cadet Pat partir à sa recherche avec Jacques Rogy (le vrai), surtout après l'accident qui a failli coûter la vie à Janpi et qui devait leur avoir servir de leçon.

Les personnages secondaires sont assez attachants aussi : à commencer par maman Julie (la mère des trois garçons annoncés en titre), le comte du Vieux Manoir qui a la manie d'écorcher le nom de Rogy comme pas un et qui m'a fait penser au professeur Tournesol des Tintin, Nanette sa vieille servante si distinguée, le gendarme Fournier même, et un ou deux autres encore. Enfin et surtout Gaïchois, ce chien du comte du Vieux Manoir, grâce à qui Marquis a pu être retrouvé.

Petite déception : la manière hâtive dont est expédiée la partie où M. Gantois est arrêté et envoyé en prison. Elle tient en tout et pour tout un seul petit paragraphe, et encore, en toute fin d'épilogue, alors que tout un pan de l'histoire - le premier en fait - est consacré à ce personnage. Et pendant que j'y suis, je me permettrai encore une remarque : le temps narratif qui débute par le passé simple, mais qui, lorsque l'action se corse, bascule soudain vers le présent, voilà qui peut paraître quelque peu déconcertant au lecteur. Déjà, on avait retrouvé cette façon de faire (c.à.d. alterner présent de narration et passé simple) chez Bonzon dans quelques-uns de ses récits. Mais à mesure que l'intrigue se déroule, Pierre Lamblin se rattrape, et le passé simple est de retour là où il a raison d'être, et ce, même dans les moments où les évènements se précipitent.  

Sinon, la visite guidée des locaux du Grand Écho qu'effectuent les Béguliens sous la conduite de Jacques Rogy est à la fois très intéressante et fort instructive. Mais au fait, tiens ! je croyais que leur journal s'appelait Clairon, non ?

Enfin, l'écriture d'un style enlevé, pétillant même par moments, est très bonne. La trame du scénario tient vraiment bien la route. Les compagnons de La Bégule m'ont rappelé à bien des égards les gamins du roman "Le cheval sans tête" de Paul Berna, que j'avais également beaucoup aimé.

Oui, en effet, par la configuration, on est plus proche des Six Compagnons, avec Jacques Rogy en guest star. Les illustrations sont de Françoise Bertier. C'est avec le deuxième titre, Jacques Rogy chasse le fantôme, que les marqueurs définitifs vont s'imposer : Paris, le Clairon, la Fulgurante, et les dessins de Vanni Tealdi.

Bonjour Fan,

Tu as tout à fait raison et nos ouvrages sont identiques.

J'ai tapé 90 en voulant taper 94 (je serai opéré cet été des deux yeux et espère alors revoir clair) et date "l'entrée en scène" avec l'appel téléphonique à Jacques Rogy ... qui décroche en page 94 "je vous écoute. Que désirez vous ?" ... il embarque alors avec René et débarque à La Bégule en page 100

Pierre-Dominique a écrit:

Bonjour Fan,

Bonjour Pierre-Dominique

Pierre-Dominique a écrit:

Tu as tout à fait raison et nos ouvrages sont identiques.

J'ai tapé 90 en voulant taper 94 (je serai opéré cet été des deux yeux et espère alors revoir clair) et date "l'entrée en scène" avec l'appel téléphonique à Jacques Rogy ... qui décroche en page 94 "je vous écoute. Que désirez vous ?" ... il embarque alors avec René et débarque à La Bégule en page 100

Merci pour les précisions apportées.

fan_indien a écrit:

Mais au fait, tiens ! je croyais que leur journal s'appelait Clairon, non ?

Tu as raison Fan ... Mais tu fais erreur. En effet au tout début du 2e volet de la série "Chasse le fantôme" il est succintement expliqué que le talent de Jacques Rogy a été reconnu au niveau national, ce qui l'a conduit à Paris dans la rédaction d'un des plus grands quotidiens du pays : Le clairon !
Bien entendu, celui-ci n'a accepté que parce que René était du voyage. 

Ça y est ! Terminé. Et franchement il m'a bien plu ! 
Bien évidemment je pense que cela ne me séduira jamais autant que Michel et (les bons) Langelot, mais ça je pense qu'il s'agit avant tout d'une histoire d'âge, ce qui veut dire que cela n'a rien à voir avec les qualités de la série que je reconnais et ne mets absolument pas en doute. Particulièrement dans cet opus donc. 

Comme vous j'ai été frappé par le petit côté 6 compagnons. Et même !, en vérifiant les dates, ce roman est paru AVANT le premier 6 C ! On ne peut donc pas soupçonner Pierre Lamblin de s'en être inspiré. Le contraire non plus d'ailleurs, étant donné que Les compagnons de la Croix Rousse est sorti peu de temps après, ce qui peut laisser penser que Bonzon était en pleine écriture au moment où est paru ce premier Jacques Rogy. Une analyse des dates plus poussée pourrait permettre d'en dire davantage.
Par contre une autre référence me semble évidente : La guerre des boutons. Et là les dates de sorties (des livres) sont nettes ! Après j'imagine bien volontiers que cet état de "guerre" entre villages voisins était monnaie courante en ces temps. Donc la non plus je ne prétends rien du tout. Au plus une légère inspiration.
Moi aussi, je trouve le revirement du 5e chapitre vraiment incroyable ... et je ne m'y attendais pas du tout ! Ça a été un régal pour moi.   J'avais bien vu que Jacques Rogy ne ressemblait pas du tout à Jacques Rogy mais, sans chercher davantage, j'ai mis ça sur le fait que le dessinateur n'était probablement pas le même que celui qui dessinerait la suite de la série, et puis voilà. Ou alors que, comme pour les premiers Michel, les traits des personnages n'étaient pas encore tout à fait fixés dans l'esprit du dessinateur. Et je n'ai pas cherché plus loin.   
Vers la fin du chapitre 7 il est question de "pagaïe" ! J'en ai été très surpris car je ne connaissais que le mot "pagaille" !
J'aime bien le parler enfantin de Janpi. Parlé que je trouve plutôt réaliste (ex : "sercher" les verres au chapitre 9). J'ai moi même eu des élèves de CP qui parlaient de "saiges" en lieu et place de "chaises" ! 

Le dernier chapitre (je ne parle donc pas de l'épilogue !) ne m'a pas particulièrement séduit ... jusqu'à ce qu'il nous fasse assister au coup de théâtre auquel l'auteur voulait nous mener ! Bravo ! Bien joué !     Je n'étais tout d'abord pas réceptif (et ne le suis toujours pas) à l'aspect guerrier du récit (ne voyant notamment ni le lien ni l'intérêt par rapport à l'intrigue de l'histoire) . Mais lorsqu'il est devenu évident que cette digression n'était qu'une habile manœuvre de l'auteur pour arriver à ses fins, je l'ai fort appréciée.
Un très bon Jacques Rogy ! Rendez-vous pour le prochain ! 

Monsieur X a écrit:

fan_indien a écrit:

Mais au fait, tiens ! je croyais que leur journal s'appelait Clairon, non ?

Tu as raison Fan ... Mais tu fais erreur. En effet au tout début du 2e volet de la série "Chasse le fantôme" il est succintement expliqué que le talent de Jacques Rogy a été reconnu au niveau national, ce qui l'a conduit à Paris dans la rédaction d'un des plus grands quotidiens du pays : Le clairon !
Bien entendu, celui-ci n'a accepté que parce que René était du voyage. 

Merci pour ton explication, Monsieur X.

Monsieur X a écrit:

Ça y est ! Terminé. Et franchement il m'a bien plu ! 
Bien évidemment je pense que cela ne me séduira jamais autant que Michel et (les bons) Langelot, mais ça je pense qu'il s'agit avant tout d'une histoire d'âge, ce qui veut dire que cela n'a rien à voir avec les qualités de la série que je reconnais et ne mets absolument pas en doute.

En ce qui me concerne, j'apprécie de lire les Jacques Rogy au même titre que les Michel et autres Bob Morane, c'est-à-dire qu'ils me plaisent tous autant les uns que les autres.

Monsieur X a écrit:

Rendez-vous pour le prochain ! 

Pourquoi pas justement le 2e tome ("chasse le fantôme") afin d'assurer la continuité à partir du 1er ? (Mais je m'en remets à vous.)

Du roman à la bande dessinée …
 
Je viens de découvrir ce post sur les romans de Jacques Rogy dans la collection Spirale.
 
Saviez-vous que ses aventures ont été déclinées en bande dessinée dans les années 60 ?
 
J’en ai trouvé un exemplaire dans mon grenier.
(C’est le seul trésor déniché après l’achat de notre maison).
 
Je l’ai feuilleté, l’histoire est captivante, je vais le mettre sur ma table de nuit.

J'ai bien aimé, mais sans votre enthousiasme... j'ai aimé l'atmosphère vintage, la complicité entre Jacques et René et comme Sree les caractères des personnages bien esquissés, quoique la répétition du gag sur le nom de Rogy devienne un peu lassante.

Sans du tout jouer les politiquement correctes (je n'en ai rien à cirer...) je trouve pitoyable la place accordée aux filles dans la bande, réduite à des trousses de couture, et dont aucune personnalité n'est vraiment décrite... et le fameux argument de "l'époque" ne justifie pas tout, il n'est que de voir le rôle de Mady, ou de Marion dans "Le Cheval sans tête" ou même de Bichette, malgré son surnom nunuche, dans La Famille HLM... Je pense aussi à Luc et Martine d'Olivier Séchan, sur pied d'égalité; je viens aussi de lire un Langelot où une certaine Sophie dame le pion à son frère un peu... douillet.

Je n'ai pas été passionnée par la guéguerre entre les deux clans, que je trouve un peu dérisoire et en porte-à-faux à côté de leur activité d'enquête et des événements quand même extrêmement graves, Janpi avec son arme, Marquis (jolie trouvaille de surnom) kidnappé et ligoté en forêt... et je rejoins Sree pour l'invraisemblance de voir la maman Julie laisser partir son Pat...
Mais c'est là une affaire de goût personnel, je n'ai pas non plus été fan de La Guerre des Boutons... j'avoue avoir préféré le film, le premier bien sûr !

Et enfin je trouve l'idolâtrie des gamins envers Jacques un peu hyperbolique et excessive... l'admiration oui, naturellement, mais là on dirait presque des membres d'une secte hypnotisés par leur gourou.

Sinon une lecture agréable et j'aime bien le côté "champêtre". Ce petit village avec sa campagne, son forgeron et son auberge familiale m'ont évoqué bien des souvenirs.

Coucou, mouette.

Cela a déjà été écrit plus haut, ce titre n'est pas du tout représentatif de la série. Le vrai titre-pilote est Jacques Rogy chasse de fantôme.

Le personnage de Constance, qui apparaît deux ou trois titres plus tard, redresse un peu la barre pour ce qui concerne les portraits de femmes. Reste que majoritairement, on reste dans une vision très années 50... mais on pourrait faire le même reproche à Georges Bayard, qui certes avec Martine ou Brigitte Chanet (Michel poursuit des ombres), nous offre de beaux portraits de filles décidées et indépendantes, mais qu'il n'exploite pas : Brigitte Chanet n'est qu'une vague silhouette lorsqu'elle revient dans Michel et le complot, et le rôle de Martine ira en s'affadissant.

Quant à Mady... oui, je veux bien, mais les fameuses "intuitions" qui lui sont prêtées sont aussi une façon de ne pas reconnaître qu'elle est simplement plus intelligente que le reste de la bande!

Alors, il nous reste "Langelot", comme tu le notes en faisant allusion à Sophie (j'imagine qu'il s'agit de Sophie Vachette dans Langelot et les crocodiles). Et là, oui, on a des personnages féminins bien campés, souvent égales ou même supérieures aux hommes (devant Graziella Andronymos ou Dorothée Thyrst, Langelot est un petit garçon!), y compris du reste dans la méchanceté : voir Mme Schasch, une Méchante de derrière les fagots!

@ Mouette et @ DCM : J'aime beaucoup vos analyses à tous deux. C'est vrai que dans ce Jacques Rogy - qui n'en est pas encore tout à fait un, car son titre originel était d'abord "Trois garçons mènent l'enquête" - les filles sont décrites comme des chiffes molles, même si ce terme n'est pas vraiment usité. Juste pour l'anecdote, dans je ne sais plus quel 6 COMPAGNONS - vous souvenez-vous du titre, vous ? - l'un des chapitres s'intitule "Six garçons ne valent pas une fille". C'est dire !

fan_indien a écrit:

Juste pour l'anecdote, dans je ne sais plus quel 6 COMPAGNONS - vous souvenez-vous du titre, vous ? - l'un des chapitres s'intitule "Six garçons ne valent pas une fille". C'est dire !

 Bien vu! C'est dans le Château maudit, chapitre X.