CD5 du mois : Le club des cinq au bord de la mer

Ce titre vous parait-il de saison pour en faire le livre du mois ?

Ci dessous la dernière mouture, toujours avec le chien Zombi...
A noter que les enfants ne sourient jamais sur ces nouvelles couvertures.
Ils font toujours la gueule. Est ce que ça se veut représentatif de la jeunesse actuelle ?!

pilou a écrit:

Ce titre vous parait-il de saison pour en faire le livre du mois ?

Ci dessous la dernière mouture, toujours avec le chien Zombi...
A noter que les enfants ne sourient jamais sur ces nouvelles couvertures.
Ils font toujours la gueule. Est ce que ça se veut représentatif de la jeunesse actuelle ?!

Moi je suis OK !
Je l'aime beaucoup aussi...
Je regrette que "en randonnée" n'ait pas été très discuté...
L'été est là, et les vacances, on y peut rien !

Pilou, t'inquiète pas, je renomme le post !

Oui, je suis aussi resté sur ma faim pour le club des 5 en randonnée. Il me semblait qu'il y avait là matière à plus grand développement. Mais le topic n'est pas fermé pour autant, et il faut aussi laisser le temps aux membres de (re)lire cette aventure.

Ci-dessous les couvertures françaises originales 1 et 2 pour le "bord de la mer" (1 : Aldo de Amicis, 2 : Jeanne Hives)

pilou a écrit:

Oui, je suis aussi resté sur ma faim pour le club des 5 en randonnée. Il me semblait qu'il y avait là matière à plus grand développement. Mais le topic n'est pas fermé pour autant, et il faut aussi laisser le temps aux membres de (re)lire cette aventure.

Ci-dessous les couvertures françaises originales 1 et 2 pour le "bord de la mer" (1 : Aldo de Amicis, 2 : Jeanne Hives)

A noter : les illustrations intérieures sont toutes de Aldo de Amicis...

Exact, on les retrouve au moins jusqu'en 1979. Même l'édition ELF de 1972 conserve ces illustrations intérieures originales alors que la couverture, refaite une nouvelle fois, est signée Jean Sidobre.
Mais le livre qui bat tous les records de longévité pour la couverture est "va camper", couverture inchangée de 1957 à au moins 1975 !

Avant de parler de l'aventure, je signalerai la poésie, et la beauté des descriptions de la campagne dans les premières pages...
Ne sachant si cela est dû à Enid Blyton, ou à la traductrice, (pas de traducteur nommé pour ce titre !) je me contenterai de dire que le texte que je lis est beau !
Cela m'avait déjà marqué, puisque j'ai écrit quelques lignes sur mon site à ce sujet, que je copie ici :
*************
Le lieu de l'action, des collines et une côte dangereuse et déchiquetée.

"Je me souviens seulement que c'était un endroit sauvage, désolé." dit le "porteur" de la petite gare.

"Je n'aurais pas pensé que l'on puisse choisir un tel lieu pour des vacances! Pas de jetée, pas de marchand de glace, pas de pâtisserie, pas de cinéma, rien du tout." ajoute-t-il.

Encore un décors désert et éloigné de tout, qui semble bien impropre à des vacances... Le club des cinq, comme l'a voulu Enid Blyton, aime la simplicité, la nature, le naturel, et les plaisirs tirés des beautés sauvages. Peut être Enid Blyton exprime-t-elle ses goûts propres à travers ses récits... On sait déjà que le personnage de Claude est une de ses représentations... Sa propre personnalité et ses préférences se retrouvent certainement dans la peinture de ces décors.

"L'air sentait bon le chèvre-feuille, les coquelicots et les bleuets émaillaient de tache de couleur les grands champs ensoleillés." lit-on au début du livre.

( ce qui "date" le récit ! Plus de coquelicots et de bleuets, les désherbants chimiques sont passés par là !)

Ce n'est pas, à mon avis par seul souci décoratif, qu'Enid Blyton s'attarde sur ces détails champêtre. Le chaud soleil, le premier jour de liberté, les vêtements légers, la mer bleue... tout cela doit réveiller le souvenir si particulier du premier jour des grandes vacances... qui ne s'en souvient pas ? On est presque aérien, on "sent" pour la première fois le soleil sur sa peau, la nature devient un décors que l'on ressent comme un plaisir nouveau...

"Le pays tout entier dormait dans le soleil et le silence". C'est une journée idéalisée, ou tout est bon et doux.

Puis on trace le décors de l'aventure :

"Le sentier descendait entre deux hautes falaises".

"Des grottes, encore des grottes et toujours des grottes !"

"Là, d' immenses troupeaux paissaient dans le silence d'une nature heureuse".

(on remarquera à l'occasion que dans tous les lieux décrits règne le silence et le calme...)
******************

Il y a non seulement cet aspect de bien-être et d'harmonie avec la nature que tu mentionnes si bien, mais le principal autre atout de cette aventure est qu’elle est bien moins manichéenne que les autres. Donc plus crédible.
Le berger avec qui les Cinq discutent, révèle que son (grand ?) père était un pirate qui n’hésitait à faire naufrager les bateaux avec la lumière d’un faux phare pour récupérer ensuite leur butin, il raconte :
« Regardez mon vieux papa qui était pourtant un brave homme, il allait à l’église, m’emmenait avec lui, mais c’est lui qui allumait cette lumière et conduisait les bateaux à leur perdition »… « … le lendemain (du naufrage) je devais retourner aux falaises, aider à ramener les marchandises que l’on avait recueillies à bord et cachées dans les grottes. Il y avait des noyés rejetés par la mer sur la grève. Oui, je les ai vus ».
Réalisme sans concession, et étrange parcours pour un enfant, complice malgré lui, mais qui obéissait.

Troisième atout pour ce livre : le trafic de drogue, placé sous couvert d'une troupe de théâtre ambulante, qui, par ses déplacements constants, facilite à merveille l'écoulement de la marchandise sans éveiller les soupçons.

Sur la nouvelle couverture, François et Mick non seulement ne sourient pas, mais ont l'allure de gangsters se préparant à l'attaque d'une banque... :pale:

Bon, ce n'est plus un très grand "club des 5" comme ceux des débuts, mais c'est vrai que cette histoire est intéressante et bien ficelée. Question intrigue, ça tient la route l'histoire de la troupe ambulante et du trafic de drogue. Et surtout il y a la fausse piste tout à fait convaincante de M. Penlan que les enfants prennent pour un bandit.

Le thème de l'homme peu causant que le club soupçonne à tort sera repris de façon quasiment identique dans "le club des 5 aux sports d'hiver" avec Joanès Gouras.

A noter les allusions à la religion inhabituelles puisqu'on ne les retrouve pas dans les autres romans, ou du moins dans leurs traductions françaises. Remarquables traducteurs, qui ont même pensé (sauf dans ce roman) à adapter la laïcité française à des romans anglais!

Je me souvenais du passage où il est mentionné que les enfants vont à la messe, dont on a déjà parlé sur ce forum, mais pas de ces propos sur le complice des naufrageurs, qui était pourtant "un brave homme puisqu'il emmenait son fils à la messe" (!!! ). Ce passage est très révélateur de l'univers dans lequel baignait Enid Blyton, dans lequel on devait considérer qu'un croyant est forcément quelqu'un de bien et un mécréant forcément un gangster...

Ce passage, avec ses conséquences dramatiques, ne laisse pas indifférent, et renvoie à des scènes fortes comme celle des enfants du "mystere du vieux manoir" morts tragiquement dans un accident, ou encore celle de l'arbre qui s'abat sur la maison dans le "club des cinq en vacances" manquant de peu de tuer ses occupants... On n'a plus vraiment l'impression d'être dans un livre pour enfants, le récit prend une dimension toute autre. Mais plus on avance dans la carrière d'Enid Blyton plus cet aspect réaliste disparait.

On peut quand même se demander ce qui a poussé Blyton a écrire ce passage : a-t-elle voulu de défendre son opinion (en s'opposant aux idées reçues) ou a-t-elle fait des concessions au contexte de son époque ? en d'autres termes : voulait elle prouver que chaque individu est nuancé et capable à la fois de bonnes et de mauvaises actions, ou voulait-elle adoucir le portrait des personnages pour ne pas rendre l'histoire trop "immorale" ? Une certaine ambiguité persiste...

Quelques autres remarques sur ce titre...
Que j'aime quand même beaucoup, pour ces décors, la poésie des descriptions de la côte et de la campagne...

Puis monsieur Penlan, personnage fort intéressant, avec son parlé plutôt rustique lorsqu'il ne porte pas son dentier...
C'est un colosse, fort comme un turc, et tout est fait pour que ce brave homme paraisse suspect.

Sa femme qui passe son temps à faire la cuisine, (Les enfants qui aiment bien la bouffe sont bien à leur aise !) ... Rien que de lire ces pages, on a faim, d'une bonne nourriture copieuse et simple de la campagne.

Yan, un de ses personnage attachant et agaçant à la fois...

Les barnies... Pas de gitans, pas de cirque, pour une fois, mais une troupe ambulante...
J'aime imaginer cette époque d'avant le PC et la télé, ou dans les campagnes, seules de tels spectacles, de telles fêtes occupaient les jours fériés, et les soirées...

Les naufrageurs...
Pour répondre à Pilou, chacun se fera son opinions !
Pour moi, je pense que Blyton voulait montrer que dans chaque personne, il y a le bon et le mauvais...


Et toujours les passages secrets, les tours ou brille une lumière...

J'aime vraiment bien !

Va falloir que je relise le roman pour donner mon avis...

[Quelques autres remarques sur ce titre...
Que j'aime quand même beaucoup, pour ces décors, la poésie des descriptions de la côte et de la campagne...

Puis monsieur Penlan, personnage fort intéressant, avec son parlé plutôt rustique lorsqu'il ne porte pas son dentier...
C'est un colosse, fort comme un turc, et tout est fait pour que ce brave homme paraisse suspect.

Sa femme qui passe son temps à faire la cuisine, (Les enfants qui aiment bien la bouffe sont bien à leur aise !) ... Rien que de lire ces pages, on a faim, d'une bonne nourriture copieuse et simple de la campagne.

Yan, un de ses personnage attachant et agaçant à la fois...

Les barnies... Pas de gitans, pas de cirque, pour une fois, mais une troupe ambulante...
J'aime imaginer cette époque d'avant le PC et la télé, ou dans les campagnes, seules de tels spectacles, de telles fêtes occupaient les jours fériés, et les soirées...

Les naufrageurs...
Pour répondre à Pilou, chacun se fera son opinions !
Pour moi, je pense que Blyton voulait montrer que dans chaque personne, il y a le bon et le mauvais...


Et toujours les passages secrets, les tours ou brille une lumière...

J'aime vraiment bien !


Je viens de relire aujourdui ‘le club des 5 au bord de la mer’. Je suis toujours émerveillée de voir la simplicité des enfants de l’époque. Il suffisait de peu de choses pour les distraires. Le petit village où ils vont n’a ni cinéma, ni marchand de glaces...mais il y a la ferme, la mer et les grottes, la montagne où vit le vieux berger avec ses moutons et son petit fils. Les baignades et les excursions et n’oublions pas les repas copieux de la brave Madame Penlan suffisent à les rendre heureux. Même ces repas là, si on regarde de près c’est de la cuisine très simple : en majorité des charcuteries et des pâtés. C’est bien bon, mais rien de très raffiné. Ce ne sont pas seulement les enfants, mais les adultes ont l’air d’être plus heureux que nous autres aujourdui. Mme Penlan est toute heureuse de cuisiner pour son petit monde et le grand-père a l’air de se trouver bien au milieu de ses moutons. Un spectacle pas très sophistiqué comme celui des Barnies rend tout le monde en bonne humeur. Est-ce que les gens étaient vraiment plus heureux à cette époque ou bien « le bon vieux quote]

Tu as les mêmes réactions que moi, Mina...

(Tu as du avoir un souci dans l'utilisation du forum, car ton message est interrompu...
Mais tu t'y habitueras vite ! )

Je pense surtout que les gens étaient heureux avec peu de choses...
La société de consommation est passée par là !
Le besoin d'avoir toujours plus, toujours mieux... en oubliant l'essentiel...

C'est avec un vif plaisir que je lis tous vos posts sur ce titre, que j'aime beaucoup aussi.
Comme vous le dites, le club des cinq est enchanté de ces vacances passées au sein d'une nature heureuse, loin de toute distraction. J'ai du mal à imaginer que dans ce "trou", il manque même les marchands de glaces !
L'autre jour, mon papa me disait qu'on n'avait même pas inventé la photocopieuse à l'époque ! Sa remarque m'avait vraiment surpris ! Que de changements technologiques au cours des 50 dernières années ! Qui l'eût cru ? Aujourd'hui, plus personne ne peut se passer de son PC, lecteur dvd, baladeur de musique MP3 ou i-pod !
Et des fois, ça me fait grincer des dents lorsque j'entends les gens dire "les bons vieux jours".
Eh bien, je leur dis que ces jours-ci sont tout aussi heureux que "vos bons vieux jours" ! Le monde a éradiqué plusieurs maladies dévastatrices, inventé des milliers de nouveaux médicaments et chacun s'enrichit de plus en plus.
Ce qui est bien pour tout le monde !

... chaque membre retient et fait ressortir un aspect différent du récit, c'est ce qui est le plus intéressant dans tous les posts qui se succèdent.

La troupe des Barnies vue par Aldo de Amicis en 1959 :

Quand même, il faut faire une différence entre les changement scientifiques, technologiques, qui apportent beaucoup... et les changements de mentalité, (pouvoir de l'argent roi, mode de vie, égoïsme, liés à ces même progrès...)

J'apprécie beaucoup les nouvelles technologies, (Médecine, Internet, moyens de locomotion, etc. ) mais pas ce que cela engendre, (égoïsme, besoin de posséder, oubli des valeurs et des plaisirs simples... )

Mode comic on :

On est toujours le con de quelqu'un...

Ecouter Brassens :

"Jeunes cons d'la dernière averse
Vieux cons des neiges d'antan"...

Mode comic off

Dans ce titre, il y a un moment où les garçons sont bien hypocrites !

"François, si nous allions à l'endroit que le berger nous a montré ?demanda Claude. Vous avez tous ri tout à l'heure quand je vous l'ai demandé.
--et j'en ris encore ! Nous n'irons surement pas, nous serions trempés. Cela n'a aucun intérêt d'être dehors par ce temps."


Quelques lignes plus loin, même nuit, même temps :

"Mick, dit François, sortons et allons voir. Je Je voudrais savoir si le grand-père a dit vrai, si la lumière du phare est allumée"

Quels faux-jetons, ces garçons...
Et Claude cette fois n'a rien dit !

Cela n'a pas d'intérêt de sortir par un temps de chien TOUS, mais les garçons seuls, OUI !

Je viens de découvrir avec joie, que ce livre que je ne croyais posséder qu'en édition tronquée et abîmée, s'est miraculeusement transformé en première édition de fort belle facture! (apparemment, je l'avais achetée, puis oubliée... )

Le Club des Cinq au bord de la mer est l'un de ceux que je connais le moins, puisque que je ne l'ai jamais lu enfant et que je ne l'ai obtenu que récemment, comme je le disais, en édition complète. Je m'apprête à le relire... dès que j'aurais fini tout ce que je dois finir avant. Le commentaire devrait être disponible d'ici à une semaine... j'espère.

Je devrais également être redevenue plus présente sur le forum d'ici-là.

Comme promis, voici ma critique du Club des Cinq au bord de la mer!

Comme je ne dispose pas de ce tome en VO, je n’ai pas de commentaire sur la traduction; je regrette simplement le manque de soin apporté à la ponctuation, souvent inadéquate et parfois franchement chaotique.

Sur l’intrigue: elle est plutôt bien ficelée en ce que la focalisation sur M. Penlan empêche les Cinq – et le lecteur – de surveiller de plus près le gouverneur de la troupe des Barnies, qui dans le cas contraire serait tout de suite assimilé au méchant de service étant donné son mauvais caractère et ses ordres bizarres concernant Clopinant. C’est particulièrement visible au premier regard des enfants sur les Barnies: « Personne n’y avait fait attention »; seule Annie le remarque: « Il avait l’air méchant! » (et l’on peut noter que nulle part, il me semble, M. Penlan n’est décrit comme ayant l’air méchant ou louche en soi). Et comme souvent, l’ennemi se fait battre moins par l’intelligence des enfants que par sa propre bêtise: a-t-on idée de laisser de belles traces d’huile dans un phare abandonné quand on s’occupe d’un trafic de drogue, surtout que le passage secret n’est franchement pas bien difficile à trouver!
Sinon, impossible de s’y méprendre: c’est bien un Blyton. Tout est là: le vieux conteur, la tour en ruine, les signaux lumineux, le passage souterrain, les repas gargantuesques… On peut regretter l’affadissement de Claude, qui n’a plus vraiment son caractère ni de rôle marquant (ce sont les garçons qui, par deux fois, sortent la nuit et découvrent des choses bizarres, les garçons également qui « empreintent » Clopinant, et c’est Mick qui découvre le secret du cheval); par contre, Annie est très mignonne dans ce roman, sans être ni maladroite, ni bavarde, ni stupide comme elle l’est parfois.
Comme vous, j’ai été assez surprise par les références à la religion – cependant elles me plaisent bien, faisant partie du charme du livre. Je me demande pourquoi, dans ce cas précis, la traduction n’a pas complètement oblitéré ces références comme cela avait été le cas avec les autres livres.
Comme vous, j’ai bien aimé les Barnies. C’est curieusement (ou non) leurs caractéristiques primaires, imparfaites, qui leur donnent leur charme. Les anneaux du rideau accrochent à la tringle, les numéros sont « vieux et connus », les chants apparemment manquent quelque peu de grâce… Clopinant est un excellent personnage, beaucoup plus convainquant d’ailleurs que son pâle avatar du Club des Cinq en embuscade. Et combien meilleure est la petite mésaventure de François et Mick dans la peau du cheval prodige!

Comme toujours, la narration commence in medias res: Mick a décidément l’habitude de crever ses pneus, à se demander ce qu’il fait avec sa bicyclette. Je ris d’ailleurs toujours un peu en lisant le titre du chapitre (« Les vacances commencent ») aussitôt suivi de : « Zut ! » Peut-être Mick, qui jure ainsi, déteste secrètement les vacances et maltraite ses pneus exprès pour rater le train…
Le premier chapitre est centré sur le voyage et sur un vœu pieu qu’il est impossible de croire une seconde: s’il leur arrive une aventure, les Cinq l’éviteront. Et les poules auront de nouveau des dents… On sait qu’il va se produire, au sujet de l’aventure, la même chose qu’il se produit avec la nourriture: en arrivant à destination, les enfants découvrent avec horreur qu’on n’y vend pas de glaces… mais sont littéralement noyés d’orangeade et de citronnade – et que dire de l’hospitalité de Mme Penlan!

La ferme de Trémanoir n’est d’ailleurs pas une ferme. C’est un décor de contes de fées, habité par des personnages fantastiques. Tout d’abord, une femme, qui ne semble faite que pour gaver les enfants (si l’on était vraiment dans un conte de fées, j’aurais d’ailleurs très peur pour eux).
L’homme est encore plus impressionnant: « très grand », « brun », « étrange », aux mains énormes et poilues, il s’attable aussitôt qu’il apparaît, mange comme dix, et coupe d’un coup d’un seul sept tranches de jambon… Les enfants font tout de suite le rapprochement: « Un tel géant aurait dû se nommer Pantagruel ou Barbe-Bleue! »; et cependant, n’est-il pas un avatar de l’ogre du Petit Poucet? Sept enfants… sept tranches de jambon d’un seul coup… Si, si, relisez vos classiques!
Vient enfin « un étrange petit garçon, pieds nus, mal coiffé et sale. » Comme tous les va-nu-pieds des histoires de Blyton, Yan ressemble à un animal sauvage: il guette derrière les haies, garde ses distances comme un moineau effarouché; il a les yeux « veloutés et sombres » d’un petit faon; il a envers les bonbons la même attitude que le chimpanzé dans Le Club des Cinq et les saltimbanques, mange les petits pois tombés par terre, et bien entendu, il n’aime pas se laver. Et comme si ce n’était pas assez clair, Blyton en rajoute sur les comparaisons: « C’est un petit moustique », « il est curieux comme un chat », etc. Oui, Yan est véritablement un petit animal, une espèce de faune qui disparaît et réapparaît comme par enchantement.
Je trouve assez choquante l’attitude des Cinq – et surtout des garçons – envers ce petit Yan: ils ne l’acceptent globalement que lorsqu’il peut leur servir à quelque chose… ou lorsqu’ils viennent d’éprouver une certaine émotion à l’idée qu’il se soit noyé! Le reste du temps, c’est: « prends ce bonbon et va-t’en, sois gentil » et encore – cette phrase, c’est Annie qui la prononce, et elle est considérablement plus douce que ses frères et Claude!

L’un des traits les plus intéressants de ce livre est l’importance donnée aux mots, ou plutôt à l’absence de mots. M. Penlan ne parle que par monosyllabes généralement incompréhensibles; Yan ne parle que quand il y est obligé, et également par phrases très courtes; le vieux berger parle « lentement et simplement », en cherchant ses mots, etc. L’on ne peut s’empêcher de rapprocher cela du « silence d’une nature heureuse », comme le dit si joliment Blyton. Et quel contraste avec l’évocation des naufrages, à peine deux pages plus loin! « le bruit terrible de la tempête », « les hurlements des naufragés engloutis dans l’abîme », les bateaux qui « gémissaient comme des êtres vivants », « les appels angoissés des sirènes »… C’est un beau moment d’une rare violence chez Blyton: il est même question des cadavres rejetés par la mer. Si les pirates sont déjà romanesques, ces seules citations nous rapprochent d’un coup de la mythologie: les sirènes, tentatrices meurtrières. Le lecteur, comme les Cinq, est emporté « vers un monde de magie, où les fées, les pirates, les meurtriers (!) d’un temps cruel réapparaissaient grâce à un vieillard qui était un peu poète ».
Malheureusement, une partie de cette magnifique atmosphère disparaît au cours du récit, faisant place à une narration plus ordinaire.

Un dernier mot, sur les illustrations: elles sont charmantes et changent des autres sans trancher sur l’habitude; j’aime particulièrement le profil de Yan, avec sa petite bouche boudeuse (le portrait de face est moins réussi). Aldo de Amicis est également l’un des rares illustrateurs à avoir dessiné un bon Dagobert: grosse tête lourde, oreilles trop grandes, pedigree absolument indéchiffrable…

Ouf! Voilà, fini!

Rien a dire ! Très bonne critique sur un bon titre.

Heureusement que tu n'est pas pigiste, et qu'on ne te paie pas à la ligne !

Très bonne analyse de caractère !
j'apprécie toujours de revisiter ces livres sous des angles différents en
fonction de "l'oeil" de chaque lecteur.

Une remarque sur la cohérence texte/illustration :

M. Penlan est dessiné sans barbe dans le livre, mais est décrit, page 170, de la façon suivante :

« il avait l’air plus sauvage que jamais… avec sa chevelure noire… et sa barbe obscure »

On peut admettre, à la décharge de l’illustrateur, qu’il est vrai que lorsque Penlan est présenté pour la première fois dans le chapitre 2, aucune mention de barbe n’est faite.