Une communication sur Paul Berna

Bonjour

Je sais que certains membres du forum aiment beaucoup Paul Berna, aussi je me permets de rajouter que, lors du colloque sur la pauvreté dans la littérature de jeunesse que j'ai signalé précédemment,   Francis Marcoin, spécialiste de l'histoire et de la critique de la littérature de jeunesse, et ancien président de l'université d’Artois de 2012 à 2016 présentera vendredi une communication intitulée : Vivre dans la gêne chez Paul Berna : tout près et très loin de la misère



Cordialement

Aah Philippa. C'est vendredi 25 janvier? demain?

Il s'agit du vendredi du colloque.

http://www.crilj.org/wp/wp-content/uploads/2016/10/programme-du-colloque-2019.pdf

Je regrette vraiment de ne pas pouvoir m'y rendre mais je sais que tu nous tiendras au courant de la parution des actes de colloque.

Bonjour

Je vous tiendrai bien sûr au courant de la parution des actes du colloque et je vous ferai un retour sur la communication de Francis Marcoin sur Paul Berna

Merci Philippa!

Francis Marcoin (professeur de littérature française, anciennement directeur de l’Université d’Artois, directeur de publication des Cahiers Robinson), Vivre dans la gêne chez Paul Berna : tout près et très loin de la misère :


 "Dans Le Cheval sans tête, le plus célèbre des romans de Paul Berna, la pauvreté n’est pas abordée frontalement : on n’y parle pas « des pauvres », expression qui chosifie ceux qu’elle désigne ; simplement on y raconte l’histoire de gars qui sont pauvres. Ici, pas de discours surplombant. Les héros mènent une vie modeste, mais non misérable. Cf. Les Français par eux-mêmes, physiologie morale du XIXème siècle, paru en 1841 : « La misère a ses degrés » : la gêne (la pauvreté frappe à sa porte) ; la pauvreté (privation des commodités) ; l’indigence (privation du nécessaire) ; la mendicité (misère qui conduit au crime).

Dans Le Cheval sans tête ou Le Piano à bretelles, qui lui fait suite, les héros sont « des petits pauvres, mais pas des enfants de margoulins ». Après guerre, le travail ne manque pas, leur situation médiocre est acceptée avec une certaine philosophie. Ils côtoient ce qu’on appellerait aujourd’hui des marginaux (ferrailleurs, brocanteurs, chiffonniers…), ce qui montre la richesse des relations sociales. A cause de ses personnages, des gens du peuple, le roman est étiqueté « roman populiste », comme Hôtel du nord ou Le Mur…
La France est alors beaucoup plus pauvre qu’aujourd’hui (ainsi le cheval à roulettes qui donne son titre au roman a été victime d’un bombardement), mais les écarts sociaux sont beaucoup moins importants qu’aujourd’hui. 

Paul Berna a écrit par ailleurs, sous le nom de Paul Gérard, des romans policiers (série noire à la française), ainsi que des romans d’anticipation. Ses romans pour la jeunesse sont édités dans la collection Rouge et or, assez chère, qui se veut élégante, destinée aux enfants de classes aisées ou à des cadeaux précieux pour les classes moyennes. Il est contemporain d’autres séries célèbres, comme celles d’Enid Blyton. L’auteur le plus proche de lui est cependant Erich Kästner, qui met en scène dans Émile et les détectives des enfants qui ne suivent pas toujours les conventions. 


Couronné par un jury d’enfants (au Salon de l’enfance), Le cheval sans tête reçoit un accueil critique plutôt froid : on lui reproche, comme à Hector Malot, un langage jugé argotique, alors qu’il s’agit plutôt, à travers les inventions verbales, d’une affirmation de noblesse. 

La bande à Gaby vit du côté de « la rue des petits pauvres », à Louvigny triage, un « patelin de banlieue », avec décor d’entrepôts, d’ateliers, d’aiguillages… Les femmes font des ménages, préparent les repas. Les enfants lorgnent dans les boulangeries les « polonais » (puddings gluants). Parmi les dix enfants de la bande, Marion (dont la veste d’homme portée sur une jupette inspirera Pullmann pour La Croisée des mondes) recueille des chiens abandonnés, galeux, pelés… On pourrait critiquer politiquement ce pittoresque de la pauvreté qui présente un monde plus ou moins idéalisé. Rien à voir tout de même avec Vacances en scooter ou Vacances à la ferme, dans la collection bleue…

Les romans qui suivent deviennent peu à peu plus sombres avec la modernité : si Le Piano à bretelles est un symbole de la classe ouvrière, Le Carrefour de la pie se déroule au bord de la N7 et Le Kangourou volant à Orly.  Le logement évolue lui aussi, avec le statut ambigu du HLM : progrès, hygiène, confort / perte d’un monde à l’échelle humaine). "

 

Philippa, j'ai vu en passant que toi-même, tu avais fait une communication, dans ce colloque  . Tu veux bien nous en dire davantage?

Bonjour

Pour répondre à la question de Cuauhlti, j'ai en effet fait une communication intitulée "Des petites filles pauvres qui ne sont pas de pauvres petites filles" qui évoquait les personnages de petites filles pauvres dans les romans fin 19ème début 20ème (Burnett, Saint-Marcoux, Trilby, etc.) Je peux envoyer à ceux que ça intéresse le texte de mon intervention. 
Le colloque était fort intéressant , il y avait à la fois des interventions sur  la pauvreté dans la littérature jeunesse, dont la communication de Francis Marcoin (merci à Cauhti d'en avoir trouvé un résumé) mais aussi sur la pauvreté en général avec en particulier la conférence  assez accablante de Jean Paul Delahaye, Inspecteur général de l’Éducation nationale, auteur, en 2015, du rapport Grande pauvreté et réussite scolaire : le choix de la solidarité pour la réussite de tous qui montre combien la situation est grave (on est passé en 10 ans de 7,9 à 8,9 millions de pauvres)  et combien la précarité a de lourdes conséquences sur le devenir des enfants qui y sont exposés. 
Le prochain numéro des cahiers du CRILJ proposera les actes de ce colloque
Très bon Week_end de pâques, plein d'œufs en chocolat et de bonnes lectures


Cordialement


Philippa

Bonjour Philippa, un grand merci pour ton message et ses infos ... et aussi pour tes travaux ! je pense que je m'offrirai ce Cahier Robinson, j'avais acheté celui consacré à Rouge et Or, extrêmement intéressant... Je songe aussi à acquérir les numéros sur les séries et les bandes d'enfants, mais progressivement !
 

Bonjour Philippa. Ah oui, je lirais avec grand plaisir ta communication.
Voici mon adresse mail : claudine.sigler@wanadoo.fr. (je t'écris aussi en mp)

Merci d'avance et bonne journée, on reparlera du sujet !

Bonjour

Merci de vos réponses, je vous tiendrai bien sûr au courant de la parution des actes du colloque, ce ne sera pas dans les Cahiers Robinson mais dans Les Cahiers du CRILJ. Le Centre de Recherche et d'Information sur la Littérature de Jeunesse est une des rares associations nationales de littérature de jeunesse encore en vie… Il y en avait plein dans les années 70 et 80, maintenant il y a pas mal de petites associations régionales mais peu au niveau national. Je vais leur proposer de rajouter Livres d'enfants dans la liste des sites sur la littérature de jeunesse qu'ils proposent 

Voici le site[url= http://www.crilj.org/] http://www.crilj.org/[/url]

Bonnes lectures et bonnes vacances pour ceux qui en ont

Philippa

Bonjour à tous,

Merci Philippa pour cette info sur la communication de M Marcoin.
Je m'inscris aussi si tu le veux bien pour lire ton article sur les petites filles pauvres, le sujet est très intéressant et comme tu le soulignes résonne avec les problématiques actuelles d'une grande partie de la population.

Hasard de calendrier? vous trouverez ci-dessous le lien vers un article tout récent de la revue "STRENAE" écrit par Mme Nières-Chevrel, Professeure émérite de littérature de jeunesse à Rennes, sur "Le cheval sans tête".
C'est une analyse littéraire, très intéressante et documentée.
J'y ai appris notamment au détour d'une note de bas de page que le roman avait été adapté dans "Spirou", est-ce que nos collectionneurs de cette revue l'avaient remarqué?

https://journals.openedition.org/strenae/2481#tocto1n7