La bibliothèque idéale ?

Je m´adresse tout particulièrement - mais pas seulement - aux forumeuses. Avez-vous, mesdames, mesdemoiselles, fait le bon choix ? Voici les conseils de Mme Schéfer et Mme Amis, dans "Travaux manuels et économie domestique" paru chez Delagrave en 1897.

La jeune fille, jeune femme peut être guidée dans le choix de ses livres par ses parents et ses maîtres. [...] Sa bibliothèque contiendra les principaux chefs-d´oeuvre de nos auteurs classiques, l´histoire de notre pays, celle des pays voisins, les histoires anciennes et modernes, quelques livres de science, d´histoire naturelle, d´industrie, d´économie ; on pourra y joindre des biographies d´hommes illustres, des voyages, des dictionnaires, un bon atlas ; quelques fables, peu ou point de romans, et seulement ceux d´une bonne et saine littérature.

Ça n´a rien à voir, mais je ne peux résister à l´envie d´ajouter ceci :

Mettez une sangsue dans un bocal au trois quarts rempli d´eau ; couvrez le bocal d´une mousseline ou d´un canevas, pour qu´elle ait de l´air. Lorsqu´il doit faire beau, la sangsue se cache au fond de l´eau ; mais si le temps devient humide, elle remonte ; s´il doit y avoir vent ou orage, elle s´agite en tous sens autour du bocal.
Vous l´avez compris, il s´agit d´un baromètre, mais c´est le deuxième proposé, car bien sûr, on apprend d´abord à faire celui de la rainette et sa petite échelle.

Ce livre est un bonheur, comme le "Code de la vie par Grand-mère Annette" et tous les autres hérités de mes arrière-grands-parents. J´ai enfin récupéré TOUS mes livres. D´ailleurs, en ouvrant mes caisses, je me suis rendu compte que j´avais quand même tous les C5, et même plusieurs en double, voire en triple.

Je vais rajouter quelques regles de bienséance:

Citation :

La jeune fille, jeune femme peut être guidée dans le choix de ses livres par ses parents et ses maîtres. [...] Sa bibliothèque contiendra les principaux chefs-d´oeuvre de nos auteurs classiques, l´histoire de notre pays, celle des pays voisins, les histoires anciennes et modernes, quelques livres de science, d´histoire naturelle, d´industrie, d´économie ; on pourra y joindre des biographies d´hommes illustres, des voyages, des dictionnaires, un bon atlas ; quelques fables[b], peu ou point de romans, et seulement ceux d´une bonne et saine littérature

Je mets mon masque de forumeuse pour répondre !

Ben avec une pareille bibliothèque, la jeune fille devait passablement s'em***der !
Sauf peut-être avec les histoires anciennes et modernes, quelques livres de science, d´histoire naturelle...

et seulement ceux d´une bonne et saine littérature

Que de petits chefs-d'oeuvre la pauvre jeune fille n'a pu lire !

Bonjour,
Ce genre de conseils aux jeunes filles et femmes me fait toujours un peu sourrire.
Mon père m'avait donné en son temps un livre sur l'éducation des futurs mariés. Conseils pour leur nuit de noce etc... je ne vous fais pas un dessin.
C'est à la foi naïf et un peu révoltant.
Les filles/femmes sont en général prises pour des enfants, c'est de l'infantilisation.
Soit belle et tais - toi puis-je dire en simplifiant.
Aucune fille/femme actuelle n'accepterait le quart de la moitié de ces conseils aujourd'hui et elles auraient bien raison....

Au moins, en lisant des choses pareilles, on est content de vivre à notre époque !

Je suis plongée dans un livre sur l'histoire naturelle de Strasbourg. Avant l'ère de Pasteur, on pouvait craindre à tout moment en se promenant de se faire mordre par un chien enragé ... c'était la "rage des villes" ou "des rues" véhiculée par les nombreux chiens faméliques qui traînaient...

La "thérapeutique" était presque aussi terrible que le mal : cautérisation, bains tièdes (ça, ça va encore), pilules mercurielles laxatives, frictions à base de cinabre, de musc, de camphre et d'opium....
Un médecin strasbourgeois préconisait la pose de sangsues sur la plaie avant la cautérisation ... il fallait aussi tuer l'animal sur le champ et appliquer son foie comme emplâtre sur la plaie....

Tout ça pour aller de toute façon vers une mort certaine...

Ca va, vous avez encore faim ?

speleo26 a écrit:

Bonjour,
Ce genre de conseils aux jeunes filles et femmes me fait toujours un peu sourrire.
Mon père m'avait donné en son temps un livre sur l'éducation des futurs mariés. Conseils pour leur nuit de noce etc... je ne vous fais pas un dessin.
C'est à la foi naïf et un peu révoltant.
Les filles/femmes sont en général prises pour des enfants, c'est de l'infantilisation.
Soit belle et tais - toi puis-je dire en simplifiant.
Aucune fille/femme actuelle n'accepterait le quart de la moitié de ces conseils aujourd'hui et elles auraient bien raison....

Mais en certains milieux, vers la fin du19ième, il y avait déjà des esprits plus libres...
La mère de Colette, Sido, par exemple...
Et l'enfance de Colette a été beaucoup plus libre dans le choix de ses lectures, de son emploi du temps...
Relisez Claudine à l'école... C 'est osé pour l'époque, et cela montre bien qu'on pouvait, avec des parents ouverts, enfreindre bien des tabous de l'époque !

mina a écrit:

"et seulement ceux d´une bonne et saine littérature"

Dis donc Georgina, l'auteur de ces conseils n'a pas élaboré sur sa définition de romans de "litérature bonne et saine"?

Pas dans celui-là, mais dans un autre, qui est je crois chez mes parents, il y a une liste des auteurs et des titres.

Je ne pouvais pas m'empêcher de rire tout le long de la lecture de ces charmants conseils désuets.

Et moi donc ! J´adore lire ce genre de bouquins. J´ai aussi divers guides de convenance. Dans l´un d´eux, paru juste après la 1ère guerre, on lit :

La guerre a fauché des centaines de milliers de Français robustes, jeunes, qui constituaient les forces vives de la patrie ; chacun d´eux était le soutien d´un foyer ou destiné á en fonder un.[...] De toutes nos forces, nous devons favoriser les mariages avec les mutilés, comme avec les autres. Beaucoup de nos blessés qui se savent infirmes ou défigurés hésitent à demander la main d´une jeune fille ; ils ont peur de ne pas la rendre heureuse, de sentir en elle le regret, la déception, l´impatience : ils doutent d´elle. Je veux croire que c´est là une erreur, je veux croire que chaque femme de France connaît le devoir de reconnaissance qu´elle doit remplir vis-à-vis de ceux qui ont tout sacrifié pour nous.

Je devais avoir une douzaine d´années la première fois que j´ai lu ce passage, j´avais été terriblement impressionnée. C´est un hommage un peu maladroit à ceux qu´on appelait les "gueules cassées".
J´en profite pour recommander à ceux qui ne les auraient pas encore lus (mais âmes sensibles, s´abstenir) :
- Les croix de bois, de Dorgelès.
- Le Feu, de Barbusse
- A l´ouest rien de nouveau, de Remarque.
La guerre vue par un simple soldat, du côté français et du côté allemand.

François a écrit:

Je vais rajouter quelques regles de bienséance:

Excellent ! Il faudrait avoir tout le livre !

Tu as fait lire ça à tes enfants, j´espère !

Une synthèse claire et concise de ma bibliothèque!^^ Franchement, elles s'amusaient bien les filles en ce temps-là... Au moins, c'est le genre d'ouvrage qui aident à s'endormir rapidement.

Moi aussi j'adore ce genre de bouquin. J'ai un guide du savoir-vivre de 1968, c'est sympa de voir qu'en même temps qu'une révolution culturelle atteignait son apogée, des gens écrivaient des livres dans lesquels les filles ne devaient porter que des jupes (et qu'un cadeau très apprecié des jeunes mariés était les assiettes à salade -_-' C'est vrai qu'on y pense rarement mais ça fait toujours plaisir ).

Si je me plains encore de mon époque, donnez moi le lien de ce sujet!^^

Bonjour,
Dans le droit fil de ce que j'ai dit un peu avant, un film Irlandais qui m'a révolté. (pas le film en lui même très bien fait et basé sur des faits réels, mais de m'imaginer la vie de ces jeunes filles)
Au cours d'une noce, une jeune fille se laisse entrainer par un garçon à des jeux très innocents (aujourd'hui disons), quelques bisous et caresses..... et se fait surprendre par un membre de sa famille, et bien que croyez vous qu'il advint ?
Le garçon se fait sermonner, du genre, tu t'es fait entrainer par cette petite Vic....se, bon resaisi toi et que l'on ne t'y prenne plus.
La fille est enfermée dans une espèce de bagne/couvent tenu par des bonnes soeurs (bonnes.? !.. y a de ses habitudes...), et elle vit un véritable enfer....
C'est cette différence de traitement qui m'a toujours révolté.
Un garçon cours, c'est un Don Juan , qu'une fille fasse de même et c'est une P....
Heureusement qu'aujourd'hui c'est bien terminé (ou presque ?)

speleo26 a écrit:

Bonjour,
Dans le droit fil de ce que j'ai dit un peu avant, un film Irlandais qui m'a révolté. (pas le film en lui même très bien fait et basé sur des faits réels, mais de m'imaginer la vie de ces jeunes filles)
Au cours d'une noce, une jeune fille se laisse entrainer par un garçon à des jeux très innocents (aujourd'hui disons), quelques bisous et caresses..... et se fait surprendre par un membre de sa famille, et bien que croyez vous qu'il advint ?
Le garçon se fait sermonner, du genre, tu t'es fait entrainer par cette petite Vic....se, bon resaisi toi et que l'on ne t'y prenne plus.
La fille est enfermée dans une espèce de bagne/couvent tenu par des bonnes soeurs (bonnes.? !.. y a de ses habitudes...), et elle vit un véritable enfer....
C'est cette différence de traitement qui m'a toujours révolté.
Un garçon cours, c'est un Don Juan , qu'une fille fasse de même et c'est une P....
Heureusement qu'aujourd'hui c'est bien terminé (ou presque ?)

J'ai également vu ce film, The Magdalene Sisters, magnifique, mais effectivement révoltant !

mina a écrit:

Ceci dit, je suis quelqu'un de vieux jeu et je ne suis pas d'accord avec beaucoup des moeurs d'aujourdui.

Je suis assez d'accord avec toi, Mina. Certes il y avait des progrès à faire mais là je crois qu'on est allés au-delà dans bien des domaines.
Par contre c'est vrai que l'Education Sexuelle était au point 0 il n'y a encore pas si longtemps. J'avais 12 ans en 1968 mais mes parents n'ont jamais abordé ce genre de sujet avec moi et officiellement donc, je ne sais toujours rien!
Au sujet du mariage des jeunes filles et de l'ignorance dans laquelle on les maintenait soigneusement, george Sand disait, à raison : "On les élève comme des saintes et on les livre comme des juments!"