Livres d'enfants Livres d'Enid Blyton, Paul-Jacques Bonzon, Anthony Buckeridge... |
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| Enid Blyton : tête de turc | |
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Auteur | Message |
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Admin-Serge Admin
Nombre de messages : 9661 Age : 74 Localisation : Normandie - Cotentin - Cherbourg Date d'inscription : 18/03/2006
| Sujet: Enid Blyton : tête de turc Mar 14 Nov 2006 - 11:18 | |
| Je me rends compte que si toutes les séries ont été critiquées, honnies, diabolisées par l'intelligentia, les professeurs, les éducateurs de toute sorte dans les années 70-90, Enid Blyton est celle qui en a pris le plus pour son grade ! A telle point que même ses "semblables", Bonzon, Chaulet, se sont démarqués de cette grande dame et n'ont pas aimé ses livres, l'ont critiquée... Critiques fausses, et très dures : http://perso.orange.fr/serge.passions/c5_critique.htmMais heureusement, le peuple se défend : http://perso.orange.fr/serge.passions/livresenfantsavis.htm
Dernière édition par le Ven 17 Nov 2006 - 16:55, édité 1 fois |
| | | Cécile Bibliothèque Rose
Nombre de messages : 309 Date d'inscription : 13/11/2006
| Sujet: Re: Enid Blyton : tête de turc Mar 14 Nov 2006 - 12:42 | |
| Oh là là, tu nous emmènes dans un long et tortueux débat, Serge!
J'avais préparé un long post pour te répondre, mais malheureusement, mon ordinateur a bugué juste au moment où j'allais finir! (rage, désespoir!) Donc, je poste un peu différemment, en espérant me souvenir de ce que je voulais dire.
J'ai une histoire suffisamment complexe vis-à-vis de Blyton pour partager - ou avoir partagé - en partie le point de vue des critiques, et les comprendre plus ou moins. Je n'accuse pas leurs idées, mais leur excès, la fait qu'ils aient condamné Blyton sans se poser et sans poser au texte suffisamment de questions. J'ai lu Blyton enfant, j'ai aimé certaines choses, détesté certaines autres, et suis restée perplexe devant d'autres choses encore. Après une pause de quelques années, j'ai relu Blyton, à 14 ans, et j'ai eu la même réaction que la plupart de ces critiques: colère, horreur, indignation. Comment une femme peut-elle être si sexiste, même dans les années 40? La comtesse de Ségur me paraissait moins sexiste que ça! Et puis, au fil des années à interroger les livres et l'auteur, j'ai compris que Blyton elle-même se posait probablement la question.
Je pense que dans presque tous ses livres, du moins ceux où filles et garçons sont mêlés, elle pose le débat. Elle est Claude. Pourtant, elle lui fait admirer François, le grand chef paternaliste par excellence. Elle traite Annie de peureuse, et pourtant loue sa douceur, sa gentillesse, ses talents de ménagère. Claude est perçue comme exceptionnelle, une fille dont la valeur n'est égalée par aucune autre (sauf Jo, peut-être, qui est elle aussi exceptionnelle rien que par sa nature de gitane). Je pense que Blyton est très moderne dans sa mise en avant physique des filles (Claude, Jo, Paule, Berthe même sont de grandes sportives qui égalent voire battent les garçons), mais qu'elle reste conservatrice pour beaucoup d'autres choses. Elle aimerait qu'on reconnaisse la valeur des filles, mais leur place reste au foyer, à s'occuper des enfants et du mari. Bref, c'est toute une dynamique, dont elle n'apporte pas vraiment la réponse, sans doute parce qu'elle n'en avait pas elle-même.
Je pourrai continuer encore un moment, mais c'est mieux d'en discuter à plusieurs. Qu'en dites-vous? |
| | | Anne Galaxie
Nombre de messages : 3781 Age : 49 Localisation : les landes du Nord... Date d'inscription : 21/03/2006
| Sujet: Re: Enid Blyton : tête de turc Mar 14 Nov 2006 - 13:30 | |
| Cécile, je trouve ton analyse très pertinente! J'ai eu exactement les mêmes réactions que toi lors de ma relecture (un peu plus tardive, certes), mais j'ai toujours pensé qu'il ne fallait pas oublier le contexte dans lequel Blyton a écrit ses livres. Ils sont le reflet d'une époque, et certainement aussi, comme tu l'écris si bien, le reflet d'un combat intérieur à Blyton elle-même. Les valeurs traditionnelles (femme au foyer, douce, obéissante et bonne ménagère) se heurtant à sa vision plus libérale et tolérante des filles garcons-manqués... _________________ "Lire est à l'esprit ce que la gymnastique est au corps." (Joseph Addison, 1672-1719)
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| | | Admin-Serge Admin
Nombre de messages : 9661 Age : 74 Localisation : Normandie - Cotentin - Cherbourg Date d'inscription : 18/03/2006
| Sujet: Re: Enid Blyton : tête de turc Mar 14 Nov 2006 - 13:50 | |
| Bien sur, je ne change pas un yota à mon opinion... D'abord, je trouve bien sur que la Comtesse de Ségur était plus sexiste que Blyton... je trouve aussi, malgré le propos d'Anne, que vous faites un peu vite abstraction de l'époque ! Le c5 ont été écris pour les premiers pendant la guerre 39-45, et le dernier est paru en 1963... Enid Blyton est morte en 1968... époque des grands changements moraux, et où la liberté des femmes a pris un grand essort... Enfin, parlons nous du Club des cinq, ou de toutes l'oeuvre de Blyton ? Il faudrait peut-être checher des réponses et des opinions dans ses séries pour les filles : Malory School, et Les deux jumelles... Blyton écrivain a divorcé deux fois, et ses livres étaient ses enfants... plus sans doute que ses filles... c'était une pesonne pas du tout conventionnelle ! Enfin, les critiques portaient beaucoup sur la qualité littéraire de ses livres, langage, vocabulaire... On disait volontiers, (lire les critiques sur mon site !) que la lecture de ses livres feraient des adultes sans goût littéraire, au vocabulaire restraint... C'est surtout cela, que je reproche aux gens de l'époque ! Là, les réponses viennent du courrier des lecteurs, (sur mon site aussi !) Ils s'insurgent, les lecteurs : non, ils ne sont pas devenus idiots a avoir lu ces livres accusés d'être "un bercement niaisot"... On le voudrait bien aujourd'hui, ce bercement niaisot, alors que tant d'enfants ne lisent plus, ou des série télévisée transformées en livres jetables... Bon, je passe la balle à mon voisin, au suivant ! |
| | | Anne Galaxie
Nombre de messages : 3781 Age : 49 Localisation : les landes du Nord... Date d'inscription : 21/03/2006
| Sujet: Re: Enid Blyton : tête de turc Mar 14 Nov 2006 - 14:31 | |
| - Admin - Serge a écrit:
- je trouve aussi, malgré le propos d'Anne, que vous faites un peu vite abstraction de l'époque !
Le c5 ont été écris pour les premiers pendant la guerre 39-45, et le dernier est paru en 1963... Enid Blyton est morte en 1968... époque des grands changements moraux, et où la liberté des femmes a pris un grand essort...
Enfin, parlons nous du Club des cinq, ou de toutes l'oeuvre de Blyton ? Il faudrait peut-être checher des réponses et des opinions dans ses séries pour les filles : Malory School, et Les deux jumelles...
Blyton écrivain a divorcé deux fois, et ses livres étaient ses enfants... plus sans doute que ses filles... c'était une pesonne pas du tout conventionnelle ! Non, Serge, je ne fais pas abstraction de l'époque, au contraire... je dis bien qu'il ne faut pas oublier quelle était l'époque à laquelle ont été écrits ses livres. D'un autre côté, je pense que tu as raison: il faudrait sûrement "analyser" aussi ses autres livres. Dans ses séries pour "filles" comme tu dis, il est clair que les pensionnaires apprennent des choses utiles pour leurs vies de jeunes fille et épouses de bonne maison (faire de la musique, de la couture...) mais peu ou pas de latin, de chimie, de physique... Mais surtout, on leur inculque des notions telles que la générosité, le travail en équipe, l'économie... Bref, je dirais qu'on veut faire des pensionnaires des hôtesses accomplies (un peu comme Annie du Club des Cinq: savoir arranger une maison pour la rendre agréable à vivre, savoir faire de la couture pour raccomoder soi-même ses vêtements, apprendre à être économe et à ne pas dépenser sans réfléchir...)! (le problème c'est que les séries allemandes continuent en se libéralisant, et un vent de modernité vient souffler sur Malory School qui s'ouvre à de nouvelles notions qui n'avaient pas encore lieu lors de l'écriture des titres originaux - et parfois, je me mélange les pinceaux... )Quant à dire de Blyton que ses livres étaient ses enfants... c'est peut-être un peu extrême mais pas vraiment faux! Ses deux filles ont paraît-il une perception totalement opposée de leur mère! Maintenant, si on dit que la critique porte plus sur la qualité littéraire de ses livres, là aussi, je dois mettre le holà! C'est grâce à elle si j'ai aimé lire, et c'est avec plaisir que je relis aujourd'hui encore ses oeuvres. Comme la plupart de ses lecteurs, je ne comprends pas pourquoi elle est tellement critiquée! Ses livres se vendent toujours aussi bien... et personnellement, je pense que la critique vient de gens qui ne font pas la différence entre les 21 titres originaux et le reste, et mettent tout dans un panier... J'espère avoir été un peu plus claire dans mes explications... je suis parfois un peu brouillon et ai du mal à mettre mes idées en ordre... _________________ "Lire est à l'esprit ce que la gymnastique est au corps." (Joseph Addison, 1672-1719)
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| | | Pouchky Invité
| Sujet: Re: Enid Blyton : tête de turc Mar 14 Nov 2006 - 15:24 | |
| Je vais faire court car je n'ai pas beaucoup de temps.
La comtesse et Enid se montrent sexistes à leur corps défendant car leur époque l'est aussi.
On a accusé à l'époque la Comtesse de "pervertir" la jeunesse en lui donnant le goût du luxe... Imaginons un instant qu'elles aient pu écrire l'une ou l'autre que les roturiers pouvaient avoir des postes à responsabilité ou que les filles pouvaient s'épanouir en dehors du cadre du mariage et de l'enfantement, elles n'auraient plus eu qu'à faire leurs bagages et s'enfuir au Mexique pour éviter la pendaison et l'autodafé. Leurs écrits subversifs ne seraient pas parvenus jusqu'à nous. Les textes véhiculent aussi des modes de pensée qui peuvent être discutables aujourd'hui : très bien, discutons-en, mais par pitié ne changeons pas les textes en les édulcorant!
Je vous fais le mythe de Danaé : Le roi d'Argos ayant eu la révélation que sa fille Danaé mettrait au monde un enfant qui le tuerait, fit jeter la mère et l'enfant dans un tonneau à la mer. Mais Danaé fit valoir le droit de secours et d'assistance que son père lui devait et l'assigna en justice pour mauvais traitement. Le petit Persée fut placé temporairement par le juge aux affaires familiales dans une famille d'accueil dans le cadre de la PMI. Finalement, avec l'aide d'un médiateur, le roi d'Argos retravailla sa position et admit que sa fille vînt continuer à habiter le palais jusqu'à ce qu'elle trouve un logement éligible à l'APL. Danaé perçoit en outre l'allocation parent isolé en plus de sa pension alimentaire. Le petit Persée ayant montré certaines dispositions à la violence (il aime trancher les têtes de petits animaux : serpents, méduses...), il y a une mesure éducative sur lui assurée par la sauvegarde de l'enfance. :ça va pas:
Les pédagogues qui savent mieux que les enfants ce qui convient aux enfants ont vertement critiqué Chaulet tout autant que Blyton parce que ce sont des écrivains de séries, avec des personnages récurrents et une trame semblable (mystère-enquète-victoire). Ils ont pensé que ce genre de littérature abêtirait les enfants et ne les pousserait pas à lire. Bon ils ont tout faux, c'est clair. |
| | | Cécile Bibliothèque Rose
Nombre de messages : 309 Date d'inscription : 13/11/2006
| Sujet: Re: Enid Blyton : tête de turc Mar 14 Nov 2006 - 15:42 | |
| C'est vrai, Serge, l'époque est importante, mais elle ne fait pas tout! Tu as fait mention de la guerre de 39-45 et de mai 68, mais si la libération générale date bien de 68, les débats et les revendications prennent leurs racines bien avant. Dès la fin de la guerre, il y avait des femmes qui demandaient, au nom des responsabilités qu'elles avaient prises pendant la guerre en l'absence des hommes, le droit d'être autre chose que des femmes au foyer. Or, il me semble que pour Blyton, le rôle des femmes est avant tout dans un foyer. Mais pour parfaire mon jugement (et pour d'autres raisons) il faudrait que je lise Six Bad Boys, et je ne peux pas l'acheter pour le moment.
Ce qu'il nous faudrait, pour vraiment saisir le contexte, c'est trouver d'autres livres pour enfants écrits à la même époque précisément. Ce serait bien aussi si quelqu'un qui s'y connaît mieux que moi pouvait nous dire ce qu'il ou elle pense de la situation des filles dans Alice, par exemple, qui a une bonne décennie de plus que Le Club des Cinq.
Anne, tu as parlé des filles d'Enid, c'est précisément l'un des points qui me semblent les plus cocasses! J'ai lu une double interview (je ne sais plus où, désolée) de ces filles devenues adultes, et j'ai eu la nette impression que l'aînée, celle qui disait adorer sa mère et avoir été très bien traitée par elle, est très proche d'Annie d'attitude et de caractère, tandis que la cadette, qui a mauvais souvenir de sa mère et juge qu'elle ne s'occupait pas d'elles, est décrite les cheveux courts, les gestes vifs, et d'après ses propos plutôt tempêtueuse! Si elles disent vrai toutes les deux, c'est qu'Enid, consciemment ou inconsciemment, privilégiait peut-être la plus "petite fille modèle" à l'autre. Mais je peux difficilement juger sur si peu de chose, ce n'est qu'une hypothèse qui m'a amusée.
Quant au propos des critiques touchant la littérarité des oeuvres, bien évidemment ils sont exagérés. Aucun livre n'empêchera un enfant de lire s'il en a envie. Aucun livre ne peut "corrompre" un enfant si cet enfant n'est pas bêtement laissé à lui-même avec cet unique livre-là pour seule fenêtre sur le monde. Cependant, je dois admettre que je suis un tout petit peu d'accord avec l'argument de la "pauvreté de vocabulaire": ce n'est pas du tout visible en français, mais ayant lu certains livres en anglais je trouve en effet qu'Enid a tendance a beaucoup trop se répéter, utilisant sans cesse les mêmes mots. Je sais bien que les Anglais ne craignent pas la répétition, mais je n'ai jamais vu une telle accumulation de termes identiques chez d'autres auteurs pour enfants anglo-saxons. Cela dépend toutefois des oeuvres: les Barney mystery (Sylvain et Cie), par exemple, sont apparemment plus riches que d'autres. De surcroît, ce n'est pas le vocabulaire qui fait le style: on peut avoir un style efficace, voire beau, avec peu de vocabulaire. |
| | | Admin-Serge Admin
Nombre de messages : 9661 Age : 74 Localisation : Normandie - Cotentin - Cherbourg Date d'inscription : 18/03/2006
| Sujet: Re: Enid Blyton : tête de turc Mar 14 Nov 2006 - 15:46 | |
| Voilà ce que dsait M. Duché, qui a écrit un livre sur la littérature enfantine : ********** Mais le meilleur n'est pas ce qui plaît le mieux. Tous ceux qui ont, à quelque titre que ce soit, à s'occuper d'enfants, se doivent d'aborder ce problème avec un souci éducatif. L'énorme succès d'Enid Blyton, dont les romans tirent, dit-on, à plus de 100.000 exemplaires, adaptés dans de nombreux pays, Club des 5, Clan des 7, Mystère de..., en est un exemple saisissant. ces livres, dont l'intrigue est apparemment bien menée pour captiver les enfants, assureront la tranquillité des parents : ils sont tièdes, glissent sans mordre sur l'âme enfantine, ils n'apportent rien qu'un bercement niaisot. De l'un à l'autre de ces livres, l'enfant retrouve les mêmes héros, ce à quoi il est sensible; cette continuité lui évite tout effort d'adaptation, et il est sûr de s'y retrouver, cette loi d'uniformité se confondant quelque peu avec celle du moindre effort.La bibliothèque idéale des enfants. D.J.Duché. ****************** |
| | | Cécile Bibliothèque Rose
Nombre de messages : 309 Date d'inscription : 13/11/2006
| Sujet: Re: Enid Blyton : tête de turc Mar 14 Nov 2006 - 15:58 | |
| Il est vrai que si l'on compare Enid Blyton à Lewis Carroll... En même temps, si cet homme simplifie, il a raison sur un point: la littérature de série est précisément construite dans ce but d'uniformité, de bercement (pas forcément niais). C'est une littérature d'accompagnement, à différencier de la saga qui contient une évolution nette: elle a un début, un milieu et une fin, et au-delà de la fin il n'y a plus de recommencement possible, c'est un arrêt brutal de ce que l'on connaît, une poussée forcée vers autre chose.
Je voulais rajouter un petit mot sur la chère comtesse. L'une des raisons pour lesquelle je la trouve moins sexiste que Blyton, comparativement, n'est pas une raison d'idéologie, mais de fait: à son époque, on ne se posait pas la question. Les filles avaient leur place, les garçons aussi: on ne cherchait pas encore à contester cette place, du moins pas dans le monde des enfants (dans le monde des adultes, ça remuait!). Par contre, bizarrement, les sexes me semblent plus unis chez la comtesse: quand des garçons et des filles jouent ensemble, ils jouent vraiment ensemble, aux mêmes jeux (dans Après la pluie le beau temps, un garçon et une fille jouent même aux Amazones, avec des arcs et des flèches!). |
| | | Admin-Serge Admin
Nombre de messages : 9661 Age : 74 Localisation : Normandie - Cotentin - Cherbourg Date d'inscription : 18/03/2006
| Sujet: Re: Enid Blyton : tête de turc Mar 14 Nov 2006 - 16:03 | |
| Cécile >>>>>Alice, par exemple, qui a une bonne décennie de plus que Le Club des Cinq.
Hélas, je n'ai lu aucun Alice... Et puis c'est une série collective, il y a eu plusieurs auteurs... Sur Enid : J'ai retrouvé cela : *************** Elle y parlait en effet de l’atmosphère de paix qui régnait dans sa maison, alors que ses domestiques se souviennent d’elle comme d’une patronne presque despotique qui ne supportait pas d’être dérangée par le moindre bruit et qui n’acceptait pas que ses employés fussent malades. De même qu’elle expliquait comment éduquer les enfants, disait aux parents que les enfants avaient besoin de leur présence et que c’était le plus important, alors qu’elle-même n’accordait le plus souvent qu’une heure par jour à ses filles. Imogène, la plus jeune se rappelle de sa mère comme d’une mère absente et trop occupée par son travail. Dans A childhood at Green Hedges, Imogène dépeint le portrait d’une mère négligente. « Ironiquement, il semblerait que la femme qui ouvrit ses bras aux enfants du monde entier et leur offrit son amour était trop occupée pour s’autoriser le temps d’un baiser ou d’un câlin à sa plus jeune fille. » De plus, celle qui dépeignait des familles unies et des enfants heureux pour se créer un modèle différent de sa propre famille, avait elle-même divorcé et empêché ses enfants de revoir leur père. Elle reproduisait sur ses propres enfants ce qui l’avait tant fait souffrir dans son enfance. C’est Enid Blyton elle-même qui donna la meilleure définition du lien qui l’unissait à sa littérature. Peu après la mort de son mari Kenneth Darrel Waters, alors que la maladie d’Alzeihmer l’avait frappée, elle répondit à un de ses amis qui lui dit pour la réconforter qu’elle avait deux grands enfants bien à elle : « Des enfants ? (…) Elle ouvrit grand ses bras, à demi tournée comme pour embrasser les étagères de livres sur le mur près d’elle. Ce sont eux mes enfants. » *************** Pour le vocabulaire, j'ai toujours pensé que la traduction était plus riche que l'original... J'en avais parlé avec Sree, My traducteur ! La parole aux bilingues... |
| | | Cécile Bibliothèque Rose
Nombre de messages : 309 Date d'inscription : 13/11/2006
| Sujet: Re: Enid Blyton : tête de turc Mar 14 Nov 2006 - 16:12 | |
| « Des enfants ? (…) Elle ouvrit grand ses bras, à demi tournée comme pour embrasser les étagères de livres sur le mur près d’elle. Ce sont eux mes enfants. » Horrible! Et en même temps, si caractéristique de l'écrivain passionné... Je ne peux en vouloir à cette femme, moi qui ai la passion des livres. Mais je plains ses filles. As-tu remarqué, Serge, comme le portrait dressé par les deux filles et les domestiques correspond à un certain M. Dorsel? Serait-il possible qu'Enid se soit représentée dans le père et dans la fille? Vous parlez d'une femme de tensions! |
| | | Admin-Serge Admin
Nombre de messages : 9661 Age : 74 Localisation : Normandie - Cotentin - Cherbourg Date d'inscription : 18/03/2006
| Sujet: Re: Enid Blyton : tête de turc Mar 14 Nov 2006 - 16:17 | |
| - Cécile a écrit:
- « Des enfants ? (…) Elle ouvrit grand ses bras, à demi tournée comme pour embrasser les étagères de livres sur le mur près d’elle. Ce sont eux mes enfants. »
Horrible! Et en même temps, si caractéristique de l'écrivain passionné... Je ne peux en vouloir à cette femme, moi qui ai la passion des livres. Mais je plains ses filles.
As-tu remarqué, Serge, comme le portrait dressé par les deux filles et les domestiques correspond à un certain M. Dorsel? Serait-il possible qu'Enid se soit représentée dans le père et dans la fille? Vous parlez d'une femme de tensions! Oui, il y a du vrai dans ce que tu dis... L'intransigeance et la dureté du père, Oncle Henri... |
| | | fan_indien Galaxie
Nombre de messages : 4941 Age : 43 Localisation : Libreville, Gabon Date d'inscription : 21/03/2006
| Sujet: Re: Enid Blyton : tête de turc Mar 14 Nov 2006 - 16:47 | |
| Oui, c'est vrai que je suis le traducteur attitré de Serge ! Cécile, tu as tout à fait raison. Blyton n'était heureuse que lorsqu'elle écrivait !...ou bien devant un goûter copieux que le lecteur lui réclame, au travers de ses récits, à grands cris muets ! Comme Blyton était la fille de parents divorcés et qu'elle-même était divorcée, elle préférait le monde imaginaire, dont elle nous raconte si bien les histoires, qu'au nôtre ! Notons au passage que Blyton était beaucoup plus attachée à son père qu'à sa mère qui voulait faire de sa fille une femme au foyer comme elle même l'était ! C'est son père qui lui communiqua sa passion pour la musique, le jardinage, la lecture, passions qu'elle gardera jusqu'à sa mort. Voilà pourquoi, au moment de la rupture conjugale, ne pouvant supporter cette idée de famille brisée, notre pauvre Enid se réfugiait chez Marry Attenbourgh. Les parents de celle-ci étant fermiers, elle passait des heures délicieuses à leur ferme à traire les vaches, à distribuer le grain aux poules ou tout simplement à admirer la beauté de la campagne anglaise. Point n'est besoin d'ajouter que Blyton et dame nature ne faisaient qu'une ! |
| | | Pouchky Invité
| Sujet: Re: Enid Blyton : tête de turc Mar 14 Nov 2006 - 17:50 | |
| Les premiers Alice ont été écrits dans les années trente et ont été remaniés plusieurs fois (d'abord par l'éditeur, puis forcément par la traduction).
Dans l'ensemble : on peut dire qu'Alice est une jeune fille dynamique à qui son père laisse beaucoup de liberté. En américaine moderne, elle possède et conduit un cabriolet, elle se déplace, elle dépense son allocation librement en fonction de ses besoins. Elle fait partie d'une "upper class", mais sans être snob ni affectée. Elle peut venir en aide à des domestiques et des pauvresses sans déchoir car elle connait son rang, on ne saurait pas la confondre avec une fille "de basse extraction". Ses vêtements sont simples et extrèmement bien coupés, Alice a toujours bon goût. La maison paternelle est tenue par la gouvernante Sarah qui reçoit ses directives d'Alice concernant le menu et les provisions. Mais Alice est capable de faire la cuisine et de servir en salle, ou de faire le ménage si le besoin s'en fait sentir.
Concernant le rôle de la femme : il n'est pas évoqué, on ne sent pas qu'Alice est destinée à être une femme au foyer, mais en même temps elle ne se destine pas à une profession et ne fait pas non plus d'études universitaire.
(la suite demain) |
| | | Cécile Bibliothèque Rose
Nombre de messages : 309 Date d'inscription : 13/11/2006
| | | | Pouchky Invité
| Sujet: Re: Enid Blyton : tête de turc Mer 15 Nov 2006 - 15:55 | |
| Oui les personnages auraient mérité mieux que leur rôles de faire valoir ou de chevaliers servants, mais le personnage d'Alice écrase tous les autres. Ses deux amies les cousines Bess et Marion offrent deux images de féminité différente : l'une est blonde, ronde, sentimentale, effrayée, l'autre est une brunette énergique, sportive et un peu garçonne. Elles sont également d'excellentes familles, et quoique moins parfaites qu'Alice, elles sont les aides incontournables de la jeune détective amateur. Dans les premières histoires, Alice a une ancienne camarade d'école : Hélène ou Doris, mais elle disparaît vite.
Les garçons? Des créatures sympathiques qui font leurs études, invitent les filles au bal et participent parfois à l'enquête. Quand j'était petite, il paraissait évident que Ned était le fiancé d'Alice. A la relecture, ils ne s'embrassent jamais. Snif.
Chez Alice, les figures féminines sont très variées : mégère, escroque, paysanne naïve, ballerine, secrétaire, héritière, petite bonne, brave cuisinière, vieille filles, mère indigne, comédienne, femme du monde, trapéziste etc, etc... Mais aucune féministe en vue.
Juste une remarque : dans Quand Alice rencontre Alice, une furie débarque chez les Roy et réclame le chèque qu'on lui aurait pris. Alice qui écrivait dans sa chambre descend et explique qu'elle était en train de travailler (c'est la gouvernante Sarah qui avait ouvert la porte). La femme s'exclame alors : Travailler! Je ne vous vois pourtant pas avec un torchon ou un balai!
C'est donc la conception du travail de la femme vue par une mégère? Ou bien son mépris envers la classe aisée qui ne travaille pas de ses mains? |
| | | Elyonne Mini Rose
Nombre de messages : 185 Age : 33 Localisation : Alsace Date d'inscription : 30/09/2006
| | | | Cécile Bibliothèque Rose
Nombre de messages : 309 Date d'inscription : 13/11/2006
| Sujet: Re: Enid Blyton : tête de turc Mer 15 Nov 2006 - 18:21 | |
| Alice et les ornithorynques... Quel titre! |
| | | Pouchky Invité
| Sujet: Re: Enid Blyton : tête de turc Jeu 16 Nov 2006 - 9:37 | |
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| | | Anne Galaxie
Nombre de messages : 3781 Age : 49 Localisation : les landes du Nord... Date d'inscription : 21/03/2006
| Sujet: Re: Enid Blyton : tête de turc Jeu 16 Nov 2006 - 10:00 | |
| ornythorinques - c'est un mot que je ne connaissais pas avant d'avoir ce livre entre les mains *hihi* Et entre nous, ce n'est pas vraiment un titre accrocheur... je veux dire: quand je ne comprends même pas de quoi le titre parle, ca ne me donne pas tout de suite envie de prendre le livre en main... _________________ "Lire est à l'esprit ce que la gymnastique est au corps." (Joseph Addison, 1672-1719)
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| | | Admin-Serge Admin
Nombre de messages : 9661 Age : 74 Localisation : Normandie - Cotentin - Cherbourg Date d'inscription : 18/03/2006
| Sujet: Re: Enid Blyton : tête de turc Jeu 16 Nov 2006 - 10:15 | |
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| | | Anne Galaxie
Nombre de messages : 3781 Age : 49 Localisation : les landes du Nord... Date d'inscription : 21/03/2006
| Sujet: Re: Enid Blyton : tête de turc Jeu 16 Nov 2006 - 10:19 | |
| _________________ "Lire est à l'esprit ce que la gymnastique est au corps." (Joseph Addison, 1672-1719)
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| | | Admin-Serge Admin
Nombre de messages : 9661 Age : 74 Localisation : Normandie - Cotentin - Cherbourg Date d'inscription : 18/03/2006
| Sujet: Re: Enid Blyton : tête de turc Jeu 16 Nov 2006 - 10:40 | |
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| | | Cécile Bibliothèque Rose
Nombre de messages : 309 Date d'inscription : 13/11/2006
| Sujet: Re: Enid Blyton : tête de turc Jeu 16 Nov 2006 - 10:45 | |
| Pardon, Serge, on le fera plus, on le jure!
:chatleche:
J'adore ces nouveaux smilies! |
| | | Admin-Serge Admin
Nombre de messages : 9661 Age : 74 Localisation : Normandie - Cotentin - Cherbourg Date d'inscription : 18/03/2006
| Sujet: Re: Enid Blyton : tête de turc Jeu 16 Nov 2006 - 11:03 | |
| - Cécile a écrit:
- Pardon, Serge, on le fera plus, on le jure!
:chatleche:
J'adore ces nouveaux smilies! :ecole zzz: |
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