Paul Berna : le carrefour de la Pie
Du très grand Berna !
Grâce à un ami du forum, j’ai reçu récemment (je vous l’ai sans doute déjà dit), un gros carton plein de livres.
Parmi ceux-ci, l’excellent carrefour de la Pie.
Un livre FORMIDABLE : comme dirait le Tondu.
Vraiment du grand art, Paul Berna est sans conteste un auteur méconnu de la littérature pour les jeunes.
Je dis cela à l’aune de mes propres repères, bien sûr pour qui il y a quelques mois encore il était un auteur méconnu. MERCI LE FORUM de me l’avoir fait connaître.
Vous rendez-vous compte, 58 ans et encore ému par les aventures d’un jeune garçon Frédéric, brillamment raconté par le grand Paul Berna.
Le résumé ne vous en dévoilera pas trop, un vrai résumé comme je les aime, assez détaillé pour donner envie de lire, mais assez discret sur les ressorts de l’énigme et les détails de l’aventure. Encore un très bon point.
Car il s’en passe des choses dans ce carrefour de la Pie !
Tout d’abord, on découvre la vie de ses habitants, des adultes, et des enfants. Les adultes en des soucis d’adultes, et les enfants des soucis d’enfants ? Pas tout à fait… le papa de Frédéric semble traîner sur ses épales tous les malheurs de la terre, et Frédéric n’arrive pas à entrer dans le monde de son papa, il se sent rejeté… quelle tristesse que d’assister aux timides tentatives de l’enfant pour dérider son papa, peine perdue !
Et puis de nouveaux venus apparaissent, sont-ils des gentils ou des méchants ? Difficile à dire, car tout n’est pas blanc ou noir dans cette aventure, et c’est cela qui est vraiment bien.
Quel niveau pour une lecture d’adolescents… garçons à partir de 10 ans est marqué sous le résumé… je crois rêver, pincez-vous ! 10 ans ! Mais aujourd’hui ce serait 18 ans ! ! !
Je ne vous dévoilerai pas bien sûr le dénouement, il est FORMIDABLE ! Non, j’exagère un peu, tout se termine très bien, naturellement, pas de grosses ficelles, pas de rebondissements incroyables, non, tout en douceur, les gentils gagnent et les méchants se font attraper. Bien fait !
Même un méchant arrivera à faire amende honorable et changera de camp. Paul Berna et la rédemption possible d’un voyou… on ne prenait pas les enfants pour des incapables dans les années 50.
Une belle histoire de famille, d’amis, de copains, crédible, à la narration coulée et dynamique en même temps, je l’ai lu tout d’un trait.
Autre intérêt de cette lecture, la description de la vie dans les années 50, j’ai beaucoup apprécié ce retour en arrière, cette machine à remonter le temps, loin des réécritures modernisantes et abêtissantes dont nous sommes témoins ces dernières années.
On peut lire que les radars n’existaient pas à cette époque, rouler à 120 sur une nationale est jugé correct par un gendarme ! ! ! ! oui oui oui ! à 140 on commence à exagérer… ben dit donc !
Ces mêmes gendarmes boivent un petit coup, même en service… çà a bien changé.
Le métier de mécano aussi, on assiste à la réparation de plusieurs véhicules, le mécano, fabrique les pièces qu’il lui manque, ré alaise un bloc moteur comme çà, dans l’après midi. Là aussi çà a bien changé.
Des pompes sont à remplacer, pas de problème, un coup de fil, et le lendemain matin voilà, c’est fait, juste deux heures de perdues…. Je rêve ! aujourd’hui il faudrait déjà les faire venir de Chine, et le temps de les changer, la station aurait fait faillite…
Je reviens aux gendarmes, les enfants ont des relations amicales, voire complices avec eux, du respect, mais pas de crainte, on plaisante avec eux, et ils ont de l’humour, ils payent une " amande " en bonbons… allez voir çà aujourd’hui.
On y apprends aussi que suite à la débâcle allemande de nombreux dépôts de matériel abandonné se sont créés de ci de là, donnant sans doute naissance aux quelques premiers dépôts de matériel militaire appelés ensuite surplus de l’armée.
Pour finir, je recommande fortement ce livre, surtout à ceux qui ont aimé le cheval sans tête. Cela fait partie de mes deux trois préférés.
Spéléo