Elsie

Bonjour à tous,

Ce sujet est dédié à Elsie, auteur pour enfant, peu connue, mais déjà évoquée dans divers sujets de ce forum.


Elle a reçu le prix Fantasia en 1955 pour "Mylord et le saltimbanque".

J'ai trouvé sur la page de garde de mon exemplaire un extrait de sa bibliographie:

Douce Adi (Ed. GP)
Trappeurs des neiges (Ed. Magnard)
La chaumière de Cécilia (Ed. GP)
La tour du mystère (Ed. Bias)
La diamant rose (Ed. de l'Amitié)
Mon grand ami Jan (E. Hachette)

Que savez vous d'elle? Je serais heureux de la connaître un peu plus, et de lire vos avis à son sujet ou des fiches de lecture de ses œuvres.

Voici la fiche de lecture de "Mylord et le saltimbanque", que j'ai eu un grand plaisir à lire. Editions Magnard, 1955, illustrations de l'auteur.



L'histoire se déroule en 1833; Rémy, petit orphelin campagnard, est recueilli après la mort de son grand père, par Fauvette, la sœur de celui-ci. Elle vit à Lyon, dans une arrière-cour, et exerce le métier de rubanière. De sa fenêtre, Rémy et elle observent les habitants du petit carré d'immeubles qui leur sert d'horizon: quelques familles bourgeoises, quelques originaux, un acteur, un amoureux transi, un mystérieux saltimbanque; toutes ces personnes semblent se côtoyer apparemment sans se connaître ni s'intéresser les uns aux autres, et pourtant...

Un jour, la tirelire en faïence dans laquelle Fauvette et Rémy gardaient les quelques sous, destinés à financer une petite semaine de vacances à la campagne dans la maison de leurs ancêtres, disparait.
Rémy enquête: le voleur ne peut être qu'un de ses voisins si discrets et mystérieux...

J'ai trouvé à ce livre beaucoup de charme et d'attraits:

Il se passe à Lyon, ce vieux Lyon que nous avons tant de plaisir à retrouver dans tant de nos livres d'enfants, avec ses traboules, ses petites gens et ses petits métiers, ses quais de Saône, ses nuits d'hiver pleines d'ombres et de brouillard humide, ses bons petits plats...

L'écriture est alerte, vive, truffée d'expressions régionales ou anciennes très originales, mais que l'auteur amène intelligemment pour qu'on les comprenne; on peut donc en jouir sans effort.

L'histoire est belle et optimiste: ces gens vont bien finir par se découvrir et se rencontrer, et il en naîtra du bonheur...

Jolies illustrations de l'auteur, gaies et colorées; je vous présente par exemple Rémy:




et la tante Fauvette:




Et pour finir, je laisse la place à Pierre Argence, qui a écrit la préface du livre; il nous parle de "sa" ville:

... Lyon est une très grande ville qui se trouve, vous le savez, au confluent du Rhône et de la Saône. C'est là que se créent et se tissent des étoffes de soie, les plus belles qu'on puisse voir.

Mais Lyon ne se borne pas à cette production de merveilleux tissus aux couleurs de fééries, et de nombreuses industries, des commerces multiples et importants, en font une des cités les plus actives du monde.

Cela, c'est le Lyon moderne, c'est la ville que vous verrez dans tout son mouvement et dans toute sa beauté, si quelque jour vous parcourez ses rues, si vous longez les quais qui suivent ses deux fleuves, au printemps, ou à la plus belle saison de la vallée, l'automne, lorsque les arbres et les paysages sont brochés d'or comme la soie des métiers.

Le Rhône, rapide et d'un bleu vert, coule à la mer de tout l'élan qu'il a pris en descendant des Alpes. La Saône, plus lente, s'attarde au long de ses rives bordées d'églises et de très vieilles maisons.

Quand vient le soir, le soleil, qui a embrasé les fleuves, se couche rouge et or, derrière la colline de Fourvières. La ville peu à peu s'apaise et plus tard s'endort dans un calme silence troublé seulement par le murmure des eaux.

Il reste, dans les vieux quartiers, des maisons anciennes dont plus d'une offre encore à nos yeux une cour toute semblable à celle qu'ELSIE a choisie pour le décor de son livre, où elle fait vivre, en 1833, les personnages de son roman.

Avec les compagnons de la belle aventure, à mon tour, amis lecteurs, je vous invite et vous dis: soyez les bienvenus dans ma ville. On dit toujours "ma ville" de celle où l'on est né et qu'on a appris à aimer toute sa vie, après y avoir joué tout enfant.

La vie commence par des jeux.

Le 1er octobre 1955.
Pierre ARGENCE

Très jolie présentation Caribou.

Je ne connais pas du tout cet auteur. Cette histoire a l'air sympathique, effectivement.

... Je n'en avais évidemment jamais entendu parler (!), mais ce que je puis dire en tout cas, c'est que je trouve ces illustrations somptueuses. Avec des couleurs aussi vives et lumineuses, c'est bien simple : on aurait presque l'impression de regarder des vitraux !

Il y a une assez longue notice dans le répertoire de Nic Diamant (que je n'ai pas sous la main). Je m'en souviens mal, hormis qu'Elsie est d'origine américaine (ou anglaise?)

J'ai lu, et relu il y a une dizaine d'années certains de ses livres. J'en ai trouvé quand même l'écriture fort convenue, et les intrigues pleines de bons sentiments (je sais, c'était l'époque.. Mais tout de même, chez PJB ou P. Berna, c'était moins mièvre). Mais bon, je n'ai pas tout lu, et c'est loin. Tentative à refaire?

D'ici là, à défaut de scan, je mettrai une photo de la notice.

J'en ai parlé dans la rubrique de la B.A .

J'ai lu "le diamant rose" et je l'ai trouvé exxxelent écrit un peu comme un conte je le recommande.

Je crois que Mouette connait bien l'auteur il me semble:lol!:

Merci Caribou d'avoir ouvert ce sujet, et merci à toi Hervé de t'être souvenu des quelques lignes élogieuses qu'il m'est arrivé de consacrer à ELSIE ! Je ne peux prétendre bien la connaître, j'ai seulement lu quelques-uns de ses livres que j'ai beaucoup aimés...

Parmi ceux-ci l'un de mes préférés Le Secret du Baladin en BV que j'ai déjà évoqué, dans le Berry de George Sand qui y apparaît d'ailleurs, une histoire tendre et un peu mélancolique. Même si les fins sont heureuses ( mais pas toujours complètement roses...) on trouve dans ses histoires la pauvreté, la solitude ou comme dans Mon Grand Ami Jan un jeu irréfléchi qui a de terribles conséquences... et aussi souvent la magie précaire du monde des baladins, des saltimbanques - je n'ai pas encore Mylord et le Saltimbanque mais il faut bien garder de fortes motivations pour les chasses aux trésors ! en tout cas les images mises par Caribou sont superbes, éclaboussantes de fraîcheur, je n'avais encore jamais vu de livre illustré par elle -. Et sans pouvoir vraiment l'analyser, je trouve à cette écrivaine un charme très personnel et attachant !

Pour compléter la citation de Nic Diament que fera Cuauhtli, je mettrai aussi une photo (à défaut de scan je vais avoir enfin à ma disposition un appareil numérique, pas le top du top, un cadeau familial de seconde main... mais faute de grives..) de la notice consacrée à ELSIE dans Romanciers choisis pour l'enfance et l'adolescence de Claude Bron. De sa vie, il dit simplement qu'elle est née en 1897, se nommait Elsie Collin-Delavaud, a vécu trois ans à New York et était "artiste décoratrice" (artiste, ses illustrations en témoignent!). Sûrement plus de détails biographiques chez Nic !

Quand même déjà ces quelques lignes, d'une langue peut-être un peu surannée, mais auxquelles je souscris totalement :

Tout y est évoqué avec un art consommé, avec gravité ou avec humour, avec tendresse et sollicitude, avec un sens de l'humain que seules donnent une grande expérience de la vie, une vaste culture et une sensibilité délicate.

Mais si, je suis objective !

Moi aussi je suis tombée récemment sous le charme de ses livres (un vrai coup de coeur pour La chaumière de Cécilia), du coup je ne résiste pas à l'envie de vous livrer la notice rédigée par Nic Diament dans son fameux dictionnaire (le seul, l'unique !). Je n'ai pas mis la photo car c'est la même que celle de Caribou (quelque peu recadrée), et j'ai un peu retouché la présentation de la bibliographie, corrigé de très légères imprécisions et rajouté les albums illustrés.




ELSIE
29 juillet 1897 (Paris) – 12 septembre 1983 (Paris)

Vie personnelle :

Elsie Denise Millon est née d’un père français et d’une mère américaine. Elle fait des études secondaires dans un pensionnat en Allemagne jusqu’en 1914, puis étudie le dessin à l’Académie Julian et est ensuite reçue à l’Ecole des beaux-arts.
 

Vie professionnelle :

Elle travaille ensuite trois ans aux Etats-Unis chez un éditeur de dessins publicitaires. De retour en France, elle collabore avec Paul Follot pour des travaux de décoration, tapis et céramiques entre autres, pendant une quinzaine d’années.
Elle épouse en 1942 Henri Collin-Delavaud, homme de lettres, traducteur, et veuf de Marie Colmont⁽¹⁾. C’est à partir de ce moment qu’elle commence à écrire des romans et des contes pour la jeunesse.
 

L’œuvre :

Elise publie de nombreux albums, seule ou en collaboration avec son mari, et aussi un certains nombre de romans, situés soit dans le passé (« Mylord et le saltimbanque », « Le secret du baladin »), soit dans des contrées lointaines, de préférence le Nord ou le Canada (« Trappeurs des neiges », « La tour du mystère », « Mon grand ami Jan »).
D’une plume rapide, elle campe des aventures d’une facture honnête et soignée, aux rebondissements nombreux et aux personnages attachants. Son style est cependant fort daté.
Elle reçoit en 1955 le prix Fantasia pour « Mylord et le saltimbanque ».
Elle illustre elle-même un grand nombre de ses ouvrages, du moins dans leur première édition.
 

Témoignages :

« Les romans d’Elsie sont de ceux que l’on aime lire au coin du feu, dans la tranquillité des soirées d’automne ou d’hiver, dans cette atmosphère paisible qui favorise l’évasion dans les terres lointaines ou dans le passé…
« … Tout y est évoqué avec un art consommé, avec gravité ou avec humour, avec tendresse et sollicitude, avec un sens de l'humain que seules donnent une grande expérience de la vie, une vaste culture et une sensibilité délicate. Elsie a, pour peindre, émouvoir ou suggérer, un style d’une richesse et d’une originalité exceptionnelles, un vocabulaire abondant, précis, des expressions provinciales pittoresques, pleines de saveur et qui frappent l’imagination. » (Cl. Bron, « Romanciers choisis pour l’enfance et l’adolescence », Rageot, 1972).
« … Ce que j’essaie de transmettre aux jeunes lecteurs : la beauté toujours fraternelle de la nature, le réconfort qu’apportent les amitiés désintéressées, le travail accompli avec conscience et les efforts pour progresser vers ce que la vie offre de plus élevé. » (Lettre d’Elsie du 5 octobre 1964, citée dans le N°11 du Bulletin d’information de l’Ecole normale cantonale de Neuchâtel).
 

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Bibliographie :



sous le nom d’Elsie Denise Millon :
(albums illustrés, sans texte, E.D.M. n'est créditée que pour les illustrations) :

1946 : « Blanche neige et les sept nains »,  ill. Elsie Denise Millon ; Presses d’Ile-de-France (Les Albums préférés des jumeaux)
1946 : « Geneviève de Brabant », ill. Elsie Denise Millon ; Presses d’Ile-de-France (Les Albums préférés des jumeaux)
1946 : « La Petite maison de sucre », ill. Elsie Denise Millon ; Presses d’Ile-de-France (Les Albums préférés des jumeaux)
1946 : « Trois petits enfants », ill. Elsie Denise Millon ; Presses d’Ile-de-France (Les Albums préférés des jumeaux)
 

Sous le nom d’Henri et Elsie :
1946 : « Bleu ou le voyage au-dessus du monde », ill. Elsie Denise Millon ; Presses d’Ile-de-France (Les Albums préférés des jumeaux)
1946 : « Le petit cœur », ill. Elsie Denise Millon ; Presses d’Ile-de-France (Les Albums préférés des jumeaux)
1947 : « Un lièvre de rien du tout », ill. Elsie Denise Millon ; Gründ (Cendrillon); retenu par le jury du prix Cendrillon
1949-1955 : Une quinzaine de contes pour enfants, publiés chez Gautier-Languereau dans l’hebdomadaire  La Semaine de Suzette (en 1948 « Une étoile avait faim » a reçu le 2^e prix donné par le Ministère de l’Education nationale, concours des journaux pour enfants)
1953 : « Rose de noël », ill. de E. Millon⁽²⁾ ; Gautier-Languereau (Bibliothèque de Suzette) ⁽³⁾

 
sous le pseudonyme de Péveril :
1949 : « La chanson des neiges » ; Daubin
1956 : « Mon amie aux primevères »⁽⁴⁾ ; Dupuis
1959 : « Voyage sur Palemon »⁽⁴⁾ ; Satellite

sous le nom d’Elsie :
1955 : « Douce Adi », ill. Claude Delaunay ; G.P. (Bibliothèque Rouge et Or)
1955 : « Mylord et le saltimbanque », ill. de l’auteur ; Magnard (Fantasia) ; Prix Fantasia 1955
1958 : « La chaumière de Cécilia », ill. Pierre Le Guen ; G.P. (Bibliothèque Rouge et Or : Souveraine)
1960 : « Trappeur des neiges », ill. de l’auteur; Magnard (Fantasia)
1961 : « La tour du mystère », ill. Justh ; Bias (Vastes horizons)
1962 : « Le diamant rose », ill. Françoise Estachy ; Éditions de l’Amitié, G.T. Rageot, Hatier  (Bibliothèque de l’Amitié)
1962 : « Rose de noël », ill. Hugues Ghiglia⁽²⁾ ; Gautier-Languereau (Nouvelle Bibliothèque de Suzette) ⁽²⁾
1963 : « Mon grand ami Jan », ill. Jacques Fromont ; Hachette (Idéal-Bibliothèque)
1964 : « Le secret du baladin », ill. Jacques Fromont ; Hachette (Bibliothèque Verte)
1968 : « Lady Bengale », ill. Mathieu Romain ; Magnard (Fantasia)







(1) Elsie est créditée dès 1936 en tant que Elsi Millon comme illustratrice du livre de Marie Colmont : « Rossignol des neiges », paru chez Bourrelier. Marie Colmont qui était à l'époque (et jusqu'à sa mort en 1938) la femme du futur mari d'Elsie !
(2) C'est à dire Elsie
(3) « Rose de noël » a paru d'abord sous le nom d'Henri-Elsie en 1953 dans la Bibliothèque de Suzette, puis sous le nom d'Elsie en 1962 dans la Nouvelle Bibliothèque de Suzette.
(4) Il n'y a aucune référence de ces livres sur le site de la BNF !

@maryland : Fameuse idée tu as eue de remonter ce sujet, qui sommeillait au fin fond du forum depuis l'année dernière, et que je parcours pour la première fois seulement aujourd'hui. De prime abord, le nom d'ELSIE ne me disait rien ; en revanche, en lisant le post de Caribou, un déclic se fait dans mon esprit lorsque j'apprends que c'est elle l'auteure du Secret du Baladin, que j'ai reçu de fraîche date et dévoré avec avidité. Un énorme merci à toi pour la notice détaillée que tu nous fais partager sur cette romancière. 

@Caribou : j'ai dégusté des yeux les deux illustrations réalisées par Elsie, aux traits à la fois subtils et poétiques, que tu as postées plus haut. Un immense merci donc à toi aussi de nous faire connaître une femme de lettres aussi extraordinaire.

Au fait, ce forum, c'est en quelque sorte un vaste grenier, où chaque message posté par nos membres, chaque trouvaille qu'ils font, constituent autant de trésors cachés dans des coffres poussiéreux recouverts de toiles d'araignée. A nous de plonger ou de replonger de temps en temps dans les profondeurs de chaque sous-forum, de remonter des sujets depuis longtemps oubliés et de les ressusciter. Et alors, que d'heureuses surprises et de belles découvertes ! 

Joli assemblage de bouquins ! Les dessins des couvertures sont charmants au possible, ils ont l'air délicieusement démodés. Ça donne bien envie de connaître ces livres, mais je ne pense pas qu'ils soient facilement trouvables à l'époque actuelle.

Tout à fait d'accord avec Sree, je ne connais pas, mais ça donne envie de les lire, je suis attirée par "La chaumière de Cécilia" que je vais chercher. 

J'aime tous les livres d'Elsie que j'ai lus et toutes ses illustrations que j'ai vues... et oui, merci à Maryland et à Caribou d'avoir réactivé ce sujet ! même si mon préféré reste Le Secret du Baladin je lui trouve chaque fois un charme inouï, personne ne sait comme elle faire danser le rêve, la fantaisie avec la réalité la plus dure... et même si les fins sont heureuses elles ne sont pas sucrées à l'excès, il y a presque toujours, et c'est particulièrement sensible dans le Baladin ou Mon grand ami Jan une fine pointe d'amertume. Qui n'enlève rien à l'atmosphère chaleureuse justement soulignée par Claude Bron.

Merci, Maryland, pour la notice de Nic Diament. Quelle étrange chose qu'elle ait épousé le veuf de Marie Colmont la conteuse de l'immortelle Marlaguette... cet homme ne manquait pas de goût !

 

Je viens de trouver sur le bon coin, une douzaine de livres, dont "Lady Bengale", je mettrai les photos quand je les aurai reçu. 

Bravo et merci Maryland pour tous ces apports!    on a maintenant une idée très complète de l’œuvre d'Elsie. Et effectivement, Sree, nous avons échangé à plusieurs récemment sur le "Secret du baladin", belle histoire qui se déroule dans la bonne ville de Bourges chère à notre ami DCM.