Saint-Marcoux : Cet été-là

Je viens juste de finir "cet été là"
Je suis bien d'accord avec toi Cuauhtli, l'intrigue est vraiment trop tirée par les cheveux et pas crédible pour un sou. Par contre j'ai aimé la naissance du sentiment amoureux chez la jeune héroïne de 14ans ,. C'est tout en petites touches et le mot n'est jamais prononcé mais il s'agit bien de ça !

Je suis surprise de vos réactions... Je dois être vraiment gâteuse, mais, à la lecture de Cet été là, le manque de vraisemblance de l'intrigue ne m'a pas particulièrement frappée... à moins que ce soit parce que l'atmosphère, les sentiments, la langue m'aient fait oublier tout le reste.

Enfin, bon, je persiste et signe... Parmi tous les Saint-Marcoux (que j'aime tous, tous, tous, on est une inconditionnelle ou on ne l'est pas), Cet été-là reste un de ceux qui m'a le plus marquée. Et toc...

Phoebé, ne te méprends pas : ce roman de Saint-Marcoux reste, pour moi aussi, l'un de ceux qui m'ont le plus marquée, précisément pour son climat émotionnel qui, comme le dit Oldpuck, rend compte de façon extrêmement juste de l'exaltation, des sentiments larvés, et des tâtonnements de l'adolescence (ceux des héros, et ceux des lecteurs/trices), dans ce qu'ils ont de meilleur.

Mais cela ne doit pas nous empêcher, surtout sur ce forum où nous pratiquons volontiers l'exégèse, de noter aussi ses points faibles, au risque, sinon, de donner aux futurs lecteurs une idée trop enthousiaste de ce qui les attend, et de provoquer des déceptions.

... Entre autres, tu as vraiment trouvé crédible cette histoire rocambolesque d'enlèvement? Utile à l'évolution des personnages? La quasi non-intervention de la police réaliste? La résolution par une "annexion" de Catherine à la famille si simple ? Je vois là plutôt un deus ex-machina spectaculaire (que St Marcoux avait bien mieux géré dans Princesse Cactus, avec une fin plus logique), et dans ce livre aimé, je déplore d'autant plus cette facilité inutile.

Les romans de St-Marcoux veulent justement s'inscrire naturellement dans une époque, une région, un milieu, etc. d'où son grand soin de documentation, et de fines analyses psychologiques (v+ haut). Pourquoi alors y mêler une affaire irréaliste de bandits digne d'Alice?

Je viens de redécouvrir ce fil datant de 2011... alors que je viens de relire ce livre et de l'évoquer avec Cuauthli ! je suis tout à fait en accord avec les commentatrices précédentes; à la fois sur la manière délicate et légère d'esquisser les premiers sentiments amoureux, et sur le grand n'importe quoi de l'irruption des bandits et de l'enlèvement du bébé... on dirait un gros pâté sur une jolie aquarelle ! cela m'a gâché toute la deuxième partie, avec de plus je trouve un dénouement un peu sommaire : on aurait aimé mieux connaître le "repris de justice" pour rester dans un vocabulaire vintage... découvrir davantage son caractère, ses sentiments et réactions au moment de sa libération, ses nouvelles relations avec son fils*... et qu'en est-il en effet du statut de Catherine, adoptée mais le mot n'est pas évoqué, ou laissée à la famille "en attendant", quatre ans après ? rien n'est clair et tout est confus...

En revanche j'ai bien aimé le début, même si c'est un artifice, la jeune fille provisoirement immobilisée qui revit ses souvenirs de cet été si particulier et les écrit... le lent apprivoisement de Renaud le sauvage et la défiance qui cède peu à peu le pas à la confiance et plus puisque affinités...  cet attachement est suggéré par petites touches "sans rien en lui qui pèse ou qui pose". Bien aimé aussi l'atmosphère de l'île, la justesse quant à la vie des vacanciers au contact des habitants et des pêcheurs tout en restant un peu en dehors... et les illustrations de Daniel Dupuy, le style de ce dessinateur me semble particulièrement en harmonie avec les histoires "marines" de Saint-Marcoux, qu'il s'agisse de ce titre, de Le Jardin sous la Mer ou peut-être plus encore Le Château d'Algues...

J'ai aimé aussi, mais je ne veux pas trop divulgâcher, le stratagème tendre et malicieux des toutes dernières lignes...

Oui, dommage d'avoir un peu gâté cette belle histoire toute en nuances par une intrigue "gendarmes et voleurs" bas de gamme... mais il reste la sensibilité et la générosité qui font toutefois de cette lecture un joli souvenir !

* Sur le même sujet des retrouvailles d'un fils et de son père prisonnier, en plus étoffé et humainement plus fouillé je me permets de recommander l'ouvrage d'un autre auteur de notre jeunesse (en tous cas de la mienne ! ) bien oublié mais ce n'est pas grave, L'Epée de Justice d'A.J. Cronin. C'est vrai qu'il y a aussi dans ce livre un aspect tout différent, l'enquête menée par le fils pour innocenter son père, et la critique de la justice britannique, mais la difficulté des relations entre eux est montrée de façon très juste, rude et émouvante.

J'ai fini la relecture de Cet été là hier soir, et je ne changerais rien à tout ce que j'avais écrit antérieurement.

Je suis absolument en phase avec toi, Mouette, sur ce que tu y as aimé, et ce qui t'a manqué.

Et aussi, tiens, je vais suivre ton conseil, et lire l'Epée de Justice : Cronin est aussi l'un des auteurs de ma jeunesse, avec notamment Les Années valeureuses (traduit ailleurs par: Les Années d'illusion) et Les Clefs du royaume, tous les deux en BV. Mais je n'ai jamais lu celui -là.

Et quant à Saint Marcoux, je vais peut-être faire une pause: je viens d'en enquiller 5 à la suite, c'est peut-être un peu trop ?