Langelot chez le Présidentissime - T30 (1978)

Le chef de l'Etat consulta ses notes et dit au chef cuisinier :
"Vous savez que le président Ali Aman Dadi a jeté en prison un conseiller culturel de nationalité française. Nous avons négocié, et finalement les conditions suivantes ont été acceptées de part et d'autre : le conseiller sera libéré contre la fourniture de cent un fusils automatiques du dernier modèle, le prêt de la Joconde, la présentation exclusive de la collection d'un grand couturier parisien, et durant trois jours, les services du chef de l'Elysée."
Le célèbre cuisinier soupira et demanda :
"Puis-je au moins emmener un gâte-sauce ?
- Oui, il est déjà désigné. Il se nomme Langelot."
Avec un pareil assistant, le grand chef va sûrement faire une drôle de cuisine !



Encore une aventure plutôt bien ... mais sans plus.
En effet, tout est en place, comme Lieutenant X sait le faire : humour, action, suspense, idées et initiatives de notre Langelot préféré, retournements de situations, ...
Mais en même temps le trait me semble parfois un peu forcé, notamment en ce qui concerne Ali Aman Dadi ou le crédit accordé à la sorcellerie africaine.
En même temps, si Vladimir Volkov n'avait pas utilisé ces ingrédients, s'il ne les avait pas utilisés de cette façon, il n'aurait pas pu écrire son histoire telle qu'il l'a écrite. Il aurait dû en écrire une autre ... qui lui aurait (probablement) demandé un peu plus de travail. En fait c'est un peu ça le fond de la chose (je ne veux pas écrire "problème" car il ne faut ni exagérer ni dramatiser, cela reste quand même une mission très agréable à suivre). Je disais donc que l'auteur me semble avoir un peu cédé à la facilité.
Après il y a des ingrédients vraiment sympathiques : Langelot bombardé gâte-sauce, Boudinet en professeur plus qu'à cheval sur la syntaxe et la grammaire, le rôle attribué au latin (là, chapeau monsieur Volkov : accorder de façon crédible autant de place au latin dans un roman d'espionnage pour la jeunesse me semble relever du tour de force !).
Cette fois-ci, comme il le faisait d'ordinaire, Langelot ne prétend pas appartenir au SNIF et ne s'appelle surtout pas Langelot (mais Étienne-Charles Taillebourg-Fourchaume !   ). Il garde le secret sur son réel employeur, comme le SNIF le lui a appris.    

Bon, c'est pas tout ça ! Faut que j'aille lire les pages Wikipédia sur Jean-Bedel Bokassa et Idi Amin Dada, histoire de me cultiver un peu quoi   , mais aussi de voir si M. Volkov a tant forcé le trait et à quelles occasions.   Parce que si ma mémoire est bonne Bokassa s'est quand même fait couronner empereur en calquant sa cérémonie sur celle de ... Napoléon 1er...   Voyons voir s'il y a d'autres références...

Je viens de terminer cette 30ème aventure que je n'avais jamais lue et pour la première fois je suis un peu circonspect. Pas très emballé par cette histoire qui ne me semble pas à la hauteur des précédentes. 
J'ai lu quelquepart que les derniers épisodes de la série n'auraient pas été écrits par  Volkof en personne, sans qu'on sache précisément des quels il s'agit. Et bien celui-ci me parait un bon candidat pour en être le premier, si la rumeur est exacte. 
J'ai trouvé Langelot moins spirituel que d'habitude, pas de répliques bien senties pour se moquer sans avoir l'air d'y toucher comme il sait si bien le faire. Et pourtant il y avait matière à. Et aussi moins professionnel ! Dans la prison il donne son vrai nom et parle de sa mission à un inconnu. Pourtant plus loin, si je ne me trompe, il rappelle qu'un agent du SNIF ne se dévoile jamais à la légère. 
Et l'erreur de ne pas laisser la clé dans la serrure ! Jamais il ne ferait ça. 
Ensuite dans le récit plusieurs choses m'on parues légères, moins crédibles que d'habitude ou pas décrites avec le talent qu'on connaissait. 
Par exemple les passes pour remettre la clé dans la poche de Bobo sans qu'il devine l'arnaque. 
Le caractère du tyran trop exagérément ridicule. Le mécanisme qui détruit toutes les armes d'un coup comme un deus ex machina alors qu'en temps normal il me semble que l'auteur nous l'aurait présenté dès le début du livre. 
Et puis les interminables listes de plats ou de techniques de cuisine énumérées à longueur de pages c'est plus lourd qu'amusant. D'autant plus que Langelot est tellement nul en cuisine (exagérément encore ) qu'on ne peut croire que Poustafier le prenne en sympathie et surtout le garde dans sa brigade. 
C'est vraiment trop grand guignol. 
Voilà donc le premier Langelot qui me déçoit vraiment. Reste à voir s'il passera mieux une seconde lecture.

Celui-là, je le dis franchement, m'a toujours mis mal à l'aise.

D'abord, sur le plan de l'intrigue, des personnages, de la Langelot Girl, il me semble que c'est le titre le plus faible de la décennie 70.

Et ensuite je n'aime pas ce portrait complaisant du potentat africain, décalqué certes du bien réel et terrifiant Idi Amin Dada (Amin Dada/Aman Dadi), dictateur de l'Ouganda entre 71 et 79 (dont Maurice Paulin s'est aussi inspiré pour les illustrations), avec sans doute un zeste de Bokassa (président, président à vie, maréchal et finalement empereur de Centrafrique entre 1966 et 1979).

On sent que l'auteur, qui en exergue remercie un certain Jacques R. Leclercq (directeur de collection chez Hachette), le qualifiant de "père (combien spirituel) du Présidentissime", s'est bien amusé à portraiturer son autocrate pontifiant, stupide et cruel. Tout cela avec la meilleure conscience du monde, puisque, dans la réalité existaient des dictateurs africains tout aussi caricaturaux (*).

Mais moi ça m'a toujours laissé un sale goût dans la bouche.


(*) Je rappelle que le livre est sorti en 78, et que l'année suivante, Amin Dada et Bokassa ont tous les deux été chassés du pouvoir, grâce à l'intervention directe ou indirecte des mêmes ex-puissances coloniales qui avaient permis ou toléré leur accession au pouvoir.

Ah oui c'est vrai qu'il y avait cette dédicace à Jacques LECLERC. La première du genre il me semble. Et du coup je me dis que ca pourrait être le remerciement à celui qui a écrit ce roman à sa place.

Bonjour, cher koloté!

Je te dirais pour commencer que je ne crois pas du tout, mais alors pas du tout, à cette théorie selon laquelle certains "Langelot", surtout les derniers, n'auraient pas été écrits par Volkoff. En dehors du fait qu'ils sont mauvais, je ne vois rien dans le style d'écriture qui puisse indiquer qu'un ghostwriter (pardon pour l'anglais, mais je n'ose plus utiliser dans le contexte actuel le terme "nègre") soit intervenu.

Concernant les dédicaces, elles sont en effet assez rares, quatre seulement dans les 40 titres que compte la série (et une pour le second "Corinne"). La première apparaît au début de Langelot et les saboteurs (n°4). Les suivantes concernent respectivement :

Langelot mène la vie de château (n°16)
Langelot chez le Présidentissime (n°30)
Langelot garde du corps (n°32).

Pour info, il y a 8 dédicaces sur les 39 "Michel" de Georges Bayard.

Merci DCM pour tes informations encyclopédiques sur le sujet. 
Je ne me souvenais pas des autres dédicaces. 
Je ne sais pas si l'histoire du nègre est fondée ou pas mais si oui, le présidentissime m'incite à penser cela possible. D'autant plus que contrairement à toi, moi je trouve qu'il y a quelque chose de changé dans le style d'écriture. J'en parle plus haut.
En tout cas je suis rassuré pour la suite, j'ai commencé Langelot en permission et je retrouve les qualités de la série dans ce que j'en ai lu.

DCM a écrit:

Je te dirais pour commencer que je ne crois pas du tout, mais alors pas du tout, à cette théorie selon laquelle certains "Langelot", surtout les derniers, n'auraient pas été écrits par Volkoff. En dehors du fait qu'ils sont mauvais, je ne vois rien dans le style d'écriture qui puisse indiquer qu'un ghostwriter (pardon pour l'anglais, mais je n'ose plus utiliser dans le contexte actuel le terme "nègre") soit intervenu.
(...)

On en avait parlé ICI !

Je partage tout à fait l'avis de DCM.
C'était un "billet" qui était aussi lisible sur Mediapart.
Ayant lu LG13, l'auteur du billet démontrait que ce tome n'avait pas été
écrit par V. Volkoff. Un tissu d'âneries, avis perso.
Pour ceux qui ont lu LG13, c'est carrément un délire de prétendre que
l'auteur n'est pas V. Volkoff.
LG13 est un très bon Langelot, et même dans le top de la BV (avis perso).

Sans partager les idées ou la personnalité de V. Volkoff ; l'auteur avait
un minimum d'honnêteté qui ne peut être remise en cause.
Et sauf erreur, c'est le seul auteur BV/BR ayant réussi à récupérer
"ses droits d'auteurs" auprès de « la pieuvre Hachette ».

Et j'en profite, pour rappeler que j'ai découvert Langelot grâce à DCM et son
excellente : "Étude sur cette série emblématique de la BV : Langelot".
Dispos auprès de DCM avec un simple MP !

Désolé, pour ce p'tit HS

koloté a écrit:

En tout cas je suis rassuré pour la suite, j'ai commencé Langelot en permission et je retrouve les qualités de la série dans ce que j'en ai lu.

Cette aventure m'a également énormément plu !