Bonjour à toutes et à tous,
Je vous disais dans un post précédent qu'Enid BLYTON raffolait des jardins. Je vous invite à lire ce courrier, que j'ai traduit tout exprès pour vous, et où elle décrit à son lectorat le jardin de sa future demeure "OLD THATCH" :
Une lettre d’Enid BlytonChères lectrices, chers lecteurs,
Merci de vos gentilles lettres toujours aussi nombreuses. À ce propos, vous vous rappelez mes règles en matière de correspondance, n’est-ce pas ? Inscrivez votre nom et votre prénom en haut de la missive, suivis de ceux de votre maître ou maîtresse. Rédigez ensuite l’adresse de votre école, et non celle de votre domicile. Toutefois, vous pouvez ajouter celle-ci en bas de la page si vous y tenez. Enfin, si vous voulez être sûrs de recevoir une réponse, mettez un timbre-poste de un penny dans l’enveloppe.
Je ne pourrai sans doute pas répondre à vos courriers à toutes et à tous au cours de la semaine prochaine ou de celle d’après, parce que je vais être occupée à préparer mon déménagement. Mais rassurez-vous : les noms des enfants auxquels je n’aurai pas envoyé de réponse figureront dans ma lettre publiée dans cette rubrique. Ainsi vous ne serez pas déçus, ni les uns ni les autres.
N’est-ce pas que je vous avais promis de vous parler du jardin de l'amour de petite chaumière que j’ai déniché ? Eh bien, voilà : il est tout simplement ravissant et neuf fois plus grand que celui d’Elfin Cottage, tellement, que vous pourriez vous y perdre. Je vais avoir fort à faire pour bien l’entretenir !
On y accède en suivant un curieux porche comme on en trouve dans les cimetières et on se retrouve de profil par rapport à la maison d’habitation. De grands arbres fruitiers l’ombragent à une extrémité ; un autre, aux feuilles argentées celui-là, en fait autant à l’autre. L’herbe pousse à profusion et de vastes parterres fleuris s’offrent aux regards. Des roses s’épanouissent un peu partout, mais elles sont moins jolies que celles d’Elfin Cottage, à l’exception des rosiers grimpants qui, eux, sont de toute beauté. Ceux-ci sont au nombre d’une douzaine, et de toutes les couleurs, certains grimpant le long de poteaux et de treillis, d’autres déversant leurs flots en cascades le plus gracieusement du monde, le tout formant un tableau aux couleurs chatoyantes. On y admire une allée alignée de roses que je serais ravie de vous montrer, car elles la bordent de part et d’autre tout le long du chemin d’un bout à l’autre.
Il y a là des haies d’ifs touffues et fraîches à souhait, plantées il y a de cela très longtemps, abritant des colonies entières de petits oiseaux qui y ont construit leurs nids. Le jardin potager qui s’y trouve possède tout ce dont on pourrait avoir envie en fait de légumes. Il y a aussi un verger qui va d’ici très peu regorger de fruits. Je me propose de semer des centaines de bulbes sous les arbres fruitiers. Alors, le printemps venu, avec les fleurs qui tapiront le sol et la floraison mousseuse qui éclatera au-dessus, le spectacle sera féerique.
On y trouve une pièce d’eau on ne peut plus charmante, garnie de nénuphars, beaucoup plus grande que la mienne. Elle n’est pas ronde, mais oblongue, et est envahie par les herbes folles. Je ne serai pas fâchée de lui faire son toilettage, bien au contraire. Et les nénuphars qui flottent à sa surface ! Ils vous enchanteront, mes petits garçons et mes petites demoiselles ! Il y en a une vingtaine – ils sont de toutes les tailles et de toutes les couleurs - et des libellules brillantes voltigent au-dessus, comme autant de joyaux étincelants.
« C’est ici un endroit délicieux », fais-je remarquer en flânant dans le jardin. « Mais je me demande s’il n’y a pas un ruisselet qui coulerait quelque part dans les parages. J’ai toujours rêvé d’avoir un ruisseau minuscule dans mon jardin. »
« Mais oui, il y en a un mignon au fond du jardin, répond le propriétaire qui me fait visiter les lieux. Seulement, pour le moment, il est tari, faute de pluie. Mais au printemps, c’est une autre affaire. Venez voir. »
Sur ce, je me mets en quête du fameux ruisseau. C’est le plus joli qu’il vous ait jamais été donné à voir. Un petit pont l’enjambe. Cette rivière en miniature est presque complètement à sec, mais dès les premières pluies, elle traversera le jardin en chantonnant gaiement en direction du grand fleuve bleu qui coule au-delà. Le chiendent foisonne là-bas, mais je pourrai y remédier. Je planterai des dizaines de primeroses sur les berges. N’est-ce pas qu’alors, celles-ci prendront un air pimpant ?
Il y a encore un bosquet dont les ombrages sont frais et où poussent des arbres de toutes sortes. La dernière fois que j’ai vu ce jardin, les sureaux étaient en fleur et le chèvrefeuille exhalait son parfum exquis.
Je suppose que vous vous posez la question de savoir si j’ai acheté cette propriété pour de bon. Eh bien, oui. Me voilà donc sans le sou pendant un bon bout de temps, car tout mon argent y est passé. Mais le jeu en vaut la chandelle. N’êtes-vous pas de mon avis ?
Bobs vous envoie son meilleur souvenir sous forme de deux ou trois halètements. Voilà tout ce dont il est capable cette semaine, où il fait si chaud !
Avec toute ma « chaleureuse » affection !
Enid BLYTON
La lettre originale en anglais :
Enid BLYTON et son chien BOBS dans le jardin de OLD THATCH.
Source :
https://worldofblyton.wordpress.com/