Rappel du premier message :Bonjour à tous !
Inscrite il y a quelques années (quand j'ai commencé ma thèse dont voici le titre: "modernité et archaïsme des lieux dans les romans d'enquête et d'aventure pour adolescents pendant les Trente Glorieuses en France", à vos souhaits), j'ai ensuite été très absente du forum (maman de trois garçons + prof de français en lycée + écriture d'une thèse de doctorat... dur dur
)...
Aujourd'hui, il me reste un an et demi pour finir le travail de recherches (je dois rendre la thèse en juin 2016, un mois avant mes 40 ans !
) et je me tourne vers vous pour une question pratique !
Je participe au colloque organisé à Reims les 21 et 22 novembre 2014 (oui, dans trois petites semaines!) dont le thème est "la littérature pour la jeunesse: vecteur d'une identité culturelle populaire?"
Voici le lien fabula qui vous présente le sujet du colloque: http://www.fabula.org/actualites/la-litterature-pour-la-jeunesse-vecteur-d-une-identite-culturelle-populaire_59867.php
Je vais parler de 5 séries qui étaient en vogue pendant les Trente Glorieuses: Michel, Les Six Compagnons, Alice et Fantômette.
Voici la problématique de ma communication :
Les séries doivent-elles être considérées comme un objet de consommation produit à la chaine et véhiculant des stéréotypes stériles reposant sur un principe de réitération ou au contraire peut-on considérer que derrière elles se dissimule un véritable projet didactique ? Voilà ce que je veux montrer : pour moi, ces séries si critiquées (c'est répétitif, on prend les enfants pour des imbéciles en leur servant toujours les mêmes histoires, c'est pas crédible, etc.) comportent des éléments instructifs. J'ai commencé par montrer que le périple de Michel ou des Six Compagnons s'apparentait, de manière fractionnée, au tour de la France par deux enfants, le manuel scolaire de G. Bruno paru à la fin du XIXe: en suivant les aventures des héros, on découvre la géographie. J'ai élaboré une carte de circulation des aventures de Michel et des Six Compagnons en France. Je voudrais maintenant écrire une partie sur ce que les lecteurs apprennent, donc sur la dimension pédagogique de ces romans (pensons au métier exercé par Bayard et Bonzon ! ) . Voici des exemples que j'ai déjà relevés: Dans Les Six Compagnons et l’homme des neiges, les Six Compagnons ne sont pas logés avec leurs camarades mais ils occupent un grenier présenté en ces termes :
« Sur le coup, en entendant prononcer ce mot ‘’grenier’’, nous avions pensé à quelque mansarde sous un toit. Pas du tout. En Savoie, on appelle grenier une sorte de chalet miniature, tout en bois, monté sur quatre pilotis, utilisé jadis pour conserver les grains à l’abri de l’humidité et des bêtes sauvages. Pour nous, c’était mille fois mieux que la plus confortable des mansardes.
On atteignait ce petit chalet par cinq marches. L’unique pièce était minuscule : à peine plus de trois mètres sur trois […] » (p.26).
Plus loin, les voilà prisonniers de la brume : « Regardez le pic de Nyon… Il est ‘’chapeauté !’’ » s’exclame Tidou avant que le narrateur n’explique : « Chapeauté, c’était le mot du père Papoz pour dire que le sommet d’une montagne se couvrait de nuages ; d’après lui, ce n’était pas bon signe, surtout quand le pic de Nyon se laissait coiffer le premier. » (p.124).
Cours de géologie dans Les Six Compagnons au gouffre Marzal : les Compagnons apprennent – et le lecteur par la même occasion – « la différence qui existe entre un aven et un gouffre ordinaire » (p.38), et le spéléologue décrit la grotte de façon tout à fait didactique :
« Erreur, monsieur l’apprenti ! Les stalagmites ne sont ni des ‘’trucs’’ ni des ‘’machins’’, mais des concrétions calcaires, et elles ne tombent pas du plafond, mais s’élèvent du sol. Tenez, un bon moyen pour vous le mettre dans la tête : les stalactites tombent et les stalagmites montent. » (p.39)
Dans Michel au val d’enfer, même préoccupation pédagogique :
« Il y a eu un sabotage ! Au barrage ! un canal qu’on a fait sauter ! Le canal qui passait dans la grotte du Diable !
Un canal, dans un barrage ? s’étonna Martine.
- Faut bien que l’eau du Tarn passe quelque part, en attendant qu’on lui fasse faire le grand saut ! expliqua Gustou.
- Je crois même que l’on appelle ça un canal déférent ! intervint Michel. »
Ces exemples sont liés aux lieux, et c'est ce que je cherche EN PRIORITE (vu mon sujet!), mais voilà où vous intervenez (si vous le voulez, hein !): pourrait-on utiliser ce fil de discussion pour mettre en commun les références pédagogiques et didactiques qui se trouvent présentes dans les romans destinés à la littérature de jeunesse?
Il me semble que dans le Club des Cinq on a beaucoup moins cette dimension pédagogique... Et je ne me suis pas penchée sur la famille HLM. Ce fil est ouvert à tous les romans, il n'est pas nécessaire de se cantonner aux séries que j'ai citées !
Je mentionne l'existence de ce forum dans ma thèse, ainsi que le site de Serge sur les Six Compagnons, et je tiendrai à votre disposition mon texte complet dès qu'il sera fini, cela va de soi. Ceux d'entre vous qui seront motivés pourront venir à la soutenance (et au pot qui suit, hé! hé!
)...
Il ne s'agit pas pour moi d'exploiter vos connaissances en faisant comme si elles étaient miennes, mais d'utiliser à bon escient la formidable énergie qui se dégage de ce groupe pour faire avancer la recherche, et contribuer à valoriser une littérature qui, pour moi, est celle qui donne accès à l'envie d'apprendre et à l'envie de lire et qui aide à grandir...
Merci pour vos retours !
Amitiés,
Aurélie